Doukha : «Il n'est pas certain qu'on fasse le déplacement à Oran.» «Si on a patienté, c'est par respect aux supporters.» «S'il n'y avait pas de président, on accepterait de jouer gratuitement.» Plus de deux semaines après avoir été rassurés par Bouslimani, quant à leur avenir et leur dû, les joueurs de l'USMH ont décidé de recourir à la grève pour mettre pression sur les dirigeants pour les pousser à se comporter en tant que responsable face à tous les problèmes qu'ils endurent depuis plusieurs mois déjà. Tous les joueurs ont boycotté la séance d'hier ainsi que la rencontre amicale qui était programmée par le staff technique au stade Lavigerie. Contacté hier après-midi, un cadre de l'USMH, qui a préféré garder l'anonymat, n'a pas écarté la possibilité de voir les joueurs poursuivre leur mouvement de protestation : «Franchement, les joueurs sont furieux contre la direction qui dans les moments difficiles se dérobent. Hier, des supporters nous ont empêchés de nous entraîner. Normalement, l'annulation de la séance par les supporters devrait inquiéter les dirigeants. On a donc pensé que les dirigeants allaient être les premiers au stade ce matin pour s'enquérir de la situation. Les joueurs ne réclament rien que d'être rassurés quant à leur avenir et leur dû.» Voilà un malheureux épisode qui risque d'ébranler fortement la sérénité des joueurs en cette période de préparation ô combien importante. Charef très en colère Les membres du staff technique, à leur tête Boualem Charef, sont quelque peu exaspérés par la situation que vit leur équipe. En effet, les joueurs refusent de s'entraîner tant que la direction continue à faire la sourde oreille à leurs revendications. C'est décevant pour un club qui vient de défier les grosses cylindrées. Face à cette situation, Charef ne savait pas trop quoi faire. Il paraissait très embarrassé, mais aussi très en colère, car cette situation a trop duré sans que la direction du club trouve une solution. Le coach harrachi ne supporte plus cette situation, il en a marre, selon ses proches. Il a alors convoqué les joueurs présents pour en discuter dans le vestiaire. Joint hier par téléphone, un membre du staff technique nous met au parfum : «Après le match contre le MCEE et le comportement de certains supporters vis-à-vis des joueurs dont Belkaroui, beaucoup parmi ses coéquipiers avaient juré de ne pas reprendre les entraînements tant que les dirigeants continuent à se dérober à chaque fois qui y a des problèmes avec les supporters. Selon mes informations, ils refusent de s'entraîner et j'ai peur qu'ils tiennent à leur décision de boycotter le match contre le MCO. Si vous voulez connaître mon avis, je dirai que je suis un employé du club et je me trouve par voie de conséquence au service de l'USMH, mais je soutiens les joueurs. Ils ne font que demander leur droit et ils ont réalisé jusque-là de bons résultats en championnat. Leurs revendications est tout à fait légitime.» Des actionnaires lui avaient donné des garanties, mais... Ce membre du staff qui a eu une discussion avec Boualem Charef nous confie : «Avant qu'il reprenne son poste à la tête de la barre technique du club, Charef avait reçu des garanties de la part de certains responsables qui lui avaient promis qu'il trouverait tous les moyens à sa disposition et que les problèmes rencontrés la saison dernière ne se reproduiront plus. On lui avait tenu un langage rassurant, avant qu'il ne s'engage avec l'USMH pour une autre saison. Mais rien n'a changé. A l'image du problème des salaires des joueurs.» Où sont les autres dirigeants ? Au moment où Bouslimani subit de vives critiques de la part de certains joueurs, du staff technique et des supporters de l'USMH, qui laissent entendre que le premier responsable de l'USMH n'est plus en mesure d'assurer les moyens pour diriger le club, d'autres proches parmi ses proches prennent sa défense et déclarent qu'il ne peut pas être au four et au moulin : « Bouslimani a sans doute rassuré les joueurs quant à leur argent. Mais les gens doivent savoir qu'à l'heure actuelle, Bouslimani n'est pas encore le président de manière officielle. Il est vrai que les actionnaires ont tous voté en sa faveur pour qu'il soit le président du conseil d'administration. Mais son nom doit être mentionné sur les nouveaux statuts. Or, cela n'a pas été fait encore. Les statuts doivent donc être modifiés rapidement et que les actionnaires doivent passer tous chez le notaire pour les signer. Je pense que Bouslimani ne peut pas s'engager à payer tous les joueurs et prendre en charge tous les problèmes du club alors qu'officiellement il n'est encore le président. Cette transition doit être gérée par tous les dirigeants. Donc la question qui se pose est de savoir où sont les autres dirigeants.» Les joueurs veulent être protégés et payés... C'était prévisible, les joueurs de l'USMH, plus particulièrement les cadres et les anciens, sont passés une nouvelle fois à l'acte après avoir trop patienté sans que la direction du club puisse tenir ses promesses d'être toujours prêts aux besoins des joueurs, du staff technique et régulariser leur situation financière. Déjà dimanche soir, ils étaient déçus de ne voir aucun dirigeant présent au stade Lavigerie pour discuter avec les supporters qui faisaient la loi empêchant l'équipe de s'entraîner en faisant barrage devant l'accès au tunnel menant aux vestiaires. Hier matin au moment où tous les regards étaient braqués sur le stade Lavigerie, où l'on s'attendait à ce que les supporters aillent au bout de leur menace, en empêchant encore une fois les joueurs de s'entraîner, finalement ce sont les joueurs eux-mêmes qui ont pris la décision de faire grève surtout après l'engagement non tenu des dirigeants d'être présents au stade Lavigerie pour faire face à la horde sauvage. Il est à rappeler que c'est la nième fois cette saison que les joueurs ont eu recours à ce genre de protestation. La dernière grève qu'ils ont observée remonte à la fin du mois de janvier dernier. ... et Mana tente d'éteindre le feu Alerter par un des proches du club qui étaient sur place du mouvement de grève enclenchée par les joueurs, le vice-président et porte-parole officiel du club Abdelkader Mana devait vite rallier le stade du 1er-Novembre pour s'enquérir de la situation. Il savait néanmoins qu'il s'agissait d'une grève que les joueurs avaient déclenchée, et c'est pour cela qu'il s'est précipité à appeler le secrétaire général du club qui était sur place pour le charger de dire aux joueurs de patienter quelques minutes. En fait, Mana en tant que vice-président et doyen de la maison USMH, voulait venir pour expliquer aux joueurs la situation actuelle. Son intention était d'éteindre le feu. Mais il a eu vite la réponse des joueurs : «Non, on veut voir président !» ------------- Doukha : «Il n'est pas certain qu'on fasse le déplacement à Oran» On vient d'apprendre l'annulation de la séance d'entraînement sur décision des joueurs qui ont refusé de s'entraîner, qu'en est-il exactement ? En effet, cette décision est collective et a été prise pour protester contre l'indifférence des dirigeants. Tous les joueurs étaient présents, y compris les membres du staff technique. On s'est retrouvés avec les supporters qui nous ont demandé de boycotter les entraînements en guise de contestation contre l'absence des responsables. Peut-on savoir quelles sont vos revendications ? D'abord, je dois préciser que tous les joueurs sont déçus contre Bouslimani, le président, avec qui nous avons rendez-vous ce matin à 10 heures. Tous les joueurs étaient là pour le rencontrer, mais il ne s'est pas présenté. On a ainsi décidé de ne pas reprendre les entraînements avant d'avoir rencontré le président Bouslimani. Bouslimani affirme qu'officiellement, il n'est pas encore le président de l'USMH... On a entendu ce genre de déclarations, mais il faut savoir que si ce n'est pas Bouslimani le président alors qui dirige l'USMH ? Pourtant dans ses différentes sorties médiatiques, il a bien précisé qu'il allait prendre des sanctions contre certains joueurs pour manquement à la discipline. Mais après tout il y a un match important qui vous attend face au MCO à Oran. Avez-vous pensé aux conséquences que pourrait engendrer cette décision de boycott ? Pour être sincère, je ne peux vous dire si les joueurs feront le déplacement à Oran pour jouer ce match. En plus, nos supporters ne nous pardonneront jamais cela. C'est avec leur consentement qu'on a décidé de boycotter les entraînements. N'oubliez pas qu'on a failli ne pas faire le déplacement à Constantine pour le match du CSC. Ils nous avaient empêchés de partir et c'est Charef et les joueurs qui ont tout fait pour les convaincre de se calmer. Apparemment, les supporters sont très en colère contre la direction... Certainement et puis s'ils sont en colère, c'est parce qu'ils sont maintenant convaincus que la direction est seule responsable de la situation actuelle. En plus, si les supporters ont manifesté leur colère alors que peut-on dire des joueurs qui n'ont pas perçu leur dû depuis des trois derniers mois ? Et là, je voudrais rajouter une chose si vous le permettez. Allez-y. Je tiens à préciser que la plupart des joueurs ont à un moment donné penser déposer leur contrat à la CRL et s'ils ne l'ont pas fait, c'est par respect aux supporters. Croyez-moi, s'il n'y avait pas un président, tous les joueurs seraient prêts à terminer la saison sans toucher le moindre centime. Est-il vrai que la plupart des joueurs veulent quitter l'USMH à la fin de saison ? Jamais ! Je vous assure que tous les joueurs et moi-même sommes déterminés à rester à El Harrach car on se sent comme c'est nous. Cependant il y a des conditions. Si la situation ne change et reste telle quelle, il est certain que beaucoup d'entre eux quitteront le club.