«Si on se qualifie au Caire, on l'aura vraiment mérité» Quelques minutes après la fin de la rencontre Zambie- Egypte, nous avons joint Rafik Saïfi au téléphone pour qu'il nous parle de la situation actuelle des Verts et de la rencontre face au Rwanda qui devient subitement difficile. Surprise ! Le double buteur face à la Zambie, qui traîne plus de dix années en sélection, n'est pas inquiet. Il nous l'explique dans cet entretien. * L'Egypte vient de s'imposer en Zambie. Cela change-t-il complètement la donne ? Franchement non et je vais vous expliquer pourquoi : quel que soit le résultat Zambie– Egypte, nous devons nous imposer face au Rwanda pour aller en Coupe du monde. Avec la victoire de l'Egypte, nous allons devoir nous imposer demain, c'est tout. Après, si on doit aller chercher la qualification, on le fera. * Ne craignez-vous pas l'ambiance surchauffée du Caire ? Ecoutez, si vous prenez un spécialiste neutre et vous lui dites : «Voici le groupe C, quel est votre favori ?» Il vous dira sans doute que ça va se jouer entre l'Egypte et l'Algérie. C'est le cas aujourd'hui et si on doit jouer une finale pour la qualification en Coupe du monde, on le fera, car pour mériter d'aller en Coupe du monde, on doit les accrocher au Caire. * Mais avouez que vous êtes un peu déçu du résultat du match ? Oui un peu, mais je le suis beaucoup plus par la tournure prise par les évènements. Les Zambiens ont dominé presque tout le match, ont raté des buts pour se faire surprendre à la fin. L'Egypte a prouvé encore une fois qu'elle reste une équipe chevronnée en gérant bien le match. * Avez-vous suivi tout le match ? Oui, je l'ai suivi avec Abdoun. * En tant que plus ancien joueur des Verts, qu'est-ce qu'il ne faudrait pas faire face au Rwanda ? La première chose à éviter dans ce genre de match, c'est de se précipiter pour marquer. On doit être calmes et ne pas penser au goal-average avant la victoire. Même si on ne marque pas dès le départ, on doit garder notre calme jusqu'au bout. * Les supporters parlent déjà d'une large victoire. Est-ce le cas des joueurs ? Non, même si on comprend que les supporters veulent toujours voir l'équipe nationale faire le spectacle, gagner et marquer des buts. C'est vrai que notre souhait à tous, c'est de gagner par le score le plus large, mais on ne peut pas gagner un match avant de l'avoir joué surtout qu'à la lumière de la défaite de la Zambie, le Rwanda espère plus que jamais accrocher une place à la CAN. * Face à la Zambie, vous avez marqué à l'aller et au retour. Etes-vous conscient que les supporters attendront beaucoup de vous ? J'en suis conscient, mais je sais aussi que je ne serai pas seul sur le terrain. Le plus important, ce n'est pas le nom de celui qui va marquer, mais la victoire finale et la qualification en Coupe du monde. Les gens attendront peut-être beaucoup de moi, mais ils attendent surtout de voir l'Algérie en Coupe du monde après 24 ans d'absence. * Tout le monde était inquiet d'apprendre votre absence à la séance d'entraînement de jeudi dernier. Qu'en est-il au juste ? Je tiens à rassurer les supporters de l'équipe nationale en leur disant que je suis prêt à 100% pour la rencontre. Il se trouve que le staff médical a décidé de me ménager à cause d'un tout petit bobo, d'ailleurs je suis présent aux entraînements depuis et je m'entraîne normalement avec le groupe. * Vous qui êtes en équipe nationale depuis dix ans. Comment expliquez-vous la force de cette équipe ? Les deux dernières éliminations en Coupe d'Afrique nous ont servi de leçon et ont permis à ceux qui étaient jeunes il y a quelques années à acquérir de l'expérience. Il y a eu également des renforts de qualité entre-temps qui donnent aujourd'hui un grand choix au sélectionneur. Enfin, au jour d'aujourd'hui, beaucoup d'internationaux jouent dans les meilleurs clubs européens et cela se répercute forcément sur le niveau de la sélection. * En parlant de renfort justement, comment s'adaptent Yebda et Aboun que vous connaissez bien ? Tout nouvel arrivant dans ce groupe ne trouve aucun problème d'adaptation. Encore moins Yebda et Abdoun qui connaissaient déjà la majorité des joueurs. Je vous l'ai déjà dit, nous avons un groupe composé de fils de bonne famille qui facilitent la tâche à tous ceux qui arrivent en sélection et qui apportent un plus à l'Algérie. * Et que pensez-vous d'eux en tant que footballeurs ? Leur parcours plaide pour eux et comme je l'ai déjà dit, tout joueur susceptible d'apporter un plus à l'équipe nationale est le bienvenu et je pense sincèrement que Yebda et Abdoun vont apporter beaucoup à la sélection. * Sincèrement, vous attendiez-vous à vivre de tels moments en sélection à 35 ans ? Je me suis toujours dit que je n'avais pas tout donné à la sélection de mon pays, surtout lorsque j'avais été écarté du groupe. Mais grâce à mon entêtement et aux prières de mes parents, je suis en train d'écrire l'une des plus belles pages du football algérien. J'espère que ces prières me suivront jusqu'en Afrique du Sud inch'Allah. * Avez-vous un message à lancer aux supporters ? Ce n'est même pas la peine de leur demander de soutenir l'équipe, car ils le font merveilleusement bien depuis le début des éliminatoires. Je leur demande seulement d'être patients et de rester derrière l'équipe de la première à la dernière minute, de ne pas utiliser les fumigènes et de respecter l'hymne national de l'équipe adverse. Au nom de toute l'équipe, je leur promets qu'on va faire l'impossible pour gagner et si possible avec le score le plus large possible. Entretien réalisé par M. S.
