«Feghouli est un très bon joueur, mais ce serait une erreur de ne compter que sur lui» Après Eniesta, Xavi, Del Bosque, Lippi, Rivaldo, Zidane... et la liste est longue, c'est au tour de Sergio Agüero, l'attaquant argentin de Manchester City, de nous recevoir à Londres. Une manière pour nous de rester dans la lignée des stars planétaires, défilant l'une après l'autre au Buteur. D'autant qu'El Kun, joueur argentin, ex-beau-fils de Diego Maradona et joueur «star» de City, apporte ici son grain de fantaisie à un face-à-face qui ne peut qu'être passionnant. C'est dire toute l'excitation qu'on pouvait ressentir à l'idée d'interviewer l'un des joueurs les plus doués de sa génération, sacré trois fois avec Manchester City. L'entretien délocalisé à l'Ittihad Stadium Prévue initialement au centre d'entraînement de Manchester City, au Carrington, la rencontre avec Sergio Agüero a été finalement délocalisée à l'Ittihad Stadium, après que l'entraîneur Manuel Pelligrini eut décidé que la séance d'entraînement du jour se déroule dans le mythique stade. Ce qui ne contrarie en rien nos plans, puisque El Kun avait promis de nous recevoir, quel que soit l'endroit. Sa disponibilité étant un gage d'assurance, on n'avait plus qu'à l'attendre. City s'entraîne, il ne nous restait qu'à attendre patiemment Le monde appartient à ceux qui «se lèvent» tôt, dit-on. Poussé par l'excitation de rencontrer El Kun et l'anxiété de louper le rendez-vous, nous nous sommes présentés à l'Ittihad Stadium, une heure avant le rendez-vous. Manchester City s'entraînait, lorsque nous avons été admis par le service de sécurité, après avoir montré patte blanche. A ce moment-là, il ne nous restait qu'à attendre que l'entraînement se termine. Pour tout dire, le spectacle qui s'offrait à nous ne laissait guère place à l'ennui. Le service de sécurité informé, l'accès à l'Ittihad Stadium devient une simple formalité De l'extérieur, accéder à l'Ittihad Stadium un jour d'entraînement des Citizens relève presque de l'impossible, car il fallait franchir le portail d'entrée, et devant le service de sécurité impressionnant, faut pas trop s'aventurer, sous peine d'être refoulé manu-militari. Mais comme notre arrivée était prévue et que le service d'ordre était déjà informé, nous eûmes droit à un accueil presque chaleureux en ce jour de janvier frisquet. Comme l'entraînement a été retardé d'une demi-heure, nous avons profité de notre «temps libre» pour visiter la boutique du club et la cafétéria qui s'ouvre aux visiteurs. Un café chaud n'est pas de refus ! Une petite douche, et le voilà ! Sergio Agüero ne s'est pas fait désirer. L'attaquant de City a juste eu le temps de prendre une petite douche et se changer, avant de venir nous rejoindre dans la salle de conférences, tout sourire. L'Argentin était resté, en tout et pour tout, quinze petites minutes, car sans doute ne voulait-il pas nous laisser trop poireauter, d'autant que le rendez-vous a été retardé d'une demi-heure, comme on le disait, car l'entraînement du jour avait commencé en retard. Salutations amicales, avec lui pas de protocole qui tienne ! La presse british le traitait souvent de diva, pour ses caprices de star. Mais au fond, El Kun est d'une simplicité admirable. Le joueur était gentil et relaxe. Le genre à vous mettre à l'aise dès le premier contact. Avec lui, pas de place au protocole. L'homme arrive tout sourire, nous serre chaleureusement la main et nous donne un petit coup d'épaule amical, comme le font souvent les joueurs d'habitude entre eux, avant ou après un match. Avec un ton aussi décontracté, il ne subsistait plus aucune appréhension chez nous. On savait à qui on avait affaire. El Kun, un surnom de son grand-père On l'appelle tous El Kun, un surnom qui lui colle à la peau. Mais jusqu'ici, on ne connaissait pas réellement l'origine de ce sobriquet assez original. L'Argentin nous a révélé, au fil de la discussion, que c'est son grand-père qui lui a donné ce nom d'un célèbre manga japonais qu'on connaît ici sous le nom de Tam Tam. Un surnom qui lui colle à la peau, au point où il occulte carrément son deuxième prénom Lionel qu'on ne croise que dans sa biographie. --------------------------------------------- Les photos du match face aux Queens Park Rangers comme toile de fond A l'Ittihad Stadium, les photos du fameux Manchester City-Queens Park Rangers de la saison 2011-2012, au cours duquel les Citizens ont entériné leur titre de champion, quarante-quatre ans après le dernier, font office désormais de décor. On ne peut pas aller à l'Ittihad Stadium et ne pas voir ces «fameuses» photos qui font aujourd'hui la légende de City. Les grandes «stations» du titre de 2012 en photos Aussi d'autres photos du parcours de Manchester City lors de la saison 2011-2012 sont exposées un peu partout sur les murs de l'Itthihad Stadium. Ces «souvenirs» marquent le renouveau de l'autre club de Manchester qui a réussi l'exploit de ravir le titre à son frère ennemi, Man United. --------------------------------- Le croquis du «Stade du futur» bien en évidence Les propriétaires de Manchester City voient grand. Le projet d'une Masia, une réplique du fameux centre de formation du FC Barcelone, étant en construction, le projet d'un nouveau stade est déjà lancé. Le croquis de ce qu'on appelle déjà en Angleterre «le Stade du futur» est exposé à l'intérieur même de l'Ittihad Stadium. Cet «empire» devrait contenir près de 62 000 places, contre 51 000 actuellement. Un vrai bijou dont se targuent déjà les proprios de City. On loue les places avant même qu'il soit construit ! A City, il n'y pas que les dirigeants qui ont une vision «futuriste». Même les supporters adhèrent à cette politique en se mettant d'ores et déjà à réserver les places qui seront construites. Une sorte de VSP, si l'on veut faire le parallèle, qui traduit le degré d'attachement des supporters de City à leur club. --------------------------------------- Les supporters font barrage dans le parking Comme cela se passe dans tous les grands clubs du monde, les supporters font le guet, parfois pendant des heures, pour avoir un autographe ou une photo souvenir d'un joueur. A City, les supporters ont dressé carrément un barrage à l'intérieur du parking de l'Ittihad Stadium où les joueurs s'arrêtent l'un après l'autre pour se soumettre au «protocole» d'usage. Photos, tout sourire s'il vous plaît, et séance dédicaces ! L'avocat d'Agüero était aussi là ! Sergio Agüero avait de la visite. En plus de nous, il y avait aussi son avocat qui a attendu patiemment avec nous, le temps que l'entraînement se termine, pour s'entretenir avec son client, visiblement sur des affaires inhérentes à sa vie privée. Agüero et son avocat se sont entretenus dès que l'interview a pris fin. Les deux hommes avaient visiblement des choses à se dire. Le Buteur a eu deux des 4 Fantastiques ! Sergio Agüero est le deuxième joueur des 4 fantastiques à s'exprimer sur les colonnes de notre journal. Avant l'attaquant vedette de Manchester City, ce fut Angel Di Maria qui nous recevait à Madrid, il y a quelques semaines à peine, pour une interview. Gonzalo Huguain et Lionel Messi complètent la confrérie des 4 Fantastiques, comme aime à les surnommer la presse argentine. -------------------------------------------- «Feghouli est un très bon joueur, mais ce serait une erreur de ne compter que sur lui» Vous avez inscrit plusieurs buts depuis le début de la saison. Pensez-vous terminer meilleur buteur de la Premier League ? Sincèrement, je n'y pense pas. C'est vrai que je suis très content de marquer des buts, parce que cela aide l'équipe à remporter des matchs, mais terminer meilleur buteur n'est pas une obsession pour moi. Depuis que vous avez inscrit le fameux but dans le temps additionnel qui avait offert le titre à City, la moitié de la ville de Manchester vous adore, alors que l'autre moitié vous déteste. Comment vivez-vous cela ? Déjà, je suis fier d'avoir offert le titre de champion à City. Ensuite, à chaque fois que je sors en ville, tout le monde me traite formidablement bien. Ce qui m'importe le plus, c'est que j'ai contribué à offrir un titre aux supporters de City, le reste ne m'intéresse pas. Lors du dernier Argentine-Pérou, vous avez porté le numéro 10, celui de Maradona et Messi. Ce moment a-t-il été spécial pour vous ? Je savais que pour les Argentins, ce maillot veut dire beaucoup de choses. Ce n'est pas n'importe qui qui peut prendre ce numéro. Je sais toutefois que le maillot numéro 10 de l'Argentine a un propriétaire et il s'appelle Leo Messi. J'ai donc profité au maximum du peu de temps que je l'ai porté. Ce fut une fierté pour moi. Etes-vous d'accord avec ceux qui pensent qu'il sera impossible à l'Argentine de remporter la Coupe du monde. Non pas parce que la sélection argentine n'a pas une bonne équipe, mais surtout parce que la Coupe du monde se déroulera au Brésil ? Bien sûr que je ne suis pas d'accord. C'est vrai que le Brésil aura plus de chance que toutes les autres sélections en jouant chez lui, mais l'Argentine aura aussi ses atouts. Pour nous, c'est clair, on va prendre les matchs les uns après les autres en luttant à chaque fois pour avancer dans la compétition. J'espère qu'on sera encore présents au Brésil jusqu'à la fin de la compétition. Que savez-vous du football algérien ? Les rares échos qui nous viennent d'Algérie et du continent africain sont très positifs. C'est un football en progrès constant. Pensez-vous que l'Algérie sera capable de réaliser de bonnes choses dans un groupe composé de la Belgique, la Russie et la Corée du Sud ? Le fait d'être en Coupe du monde est une chance extraordinaire. Il faut donc la jouer à fond. La Coupe du monde se joue aussi au mental et si l'Algérie a un mental fort et si elle croit en elle-même, elle fera de bons résultats, quels que soient ses adversaires du groupe. Connaissez-vous le joueur algérien de Valence, Sofiane Feghouli ? Oui, je l'ai vu jouer deux ou trois fois et j'avoue que c'est un très bon joueur. Toutefois, il ne faut pas compter que sur lui en Coupe du monde, il faut que toute l'équipe soit en forme au Brésil. C'est ce que je souhaite à l'Algérie. Savez-vous que Javier Zanetti a récemment visité notre pays pour remettre le Ballon d'Or ? Oui, je l'ai su et j'imagine que le fait que Pupi (Ndlr, surnom de Zanetti) se déplace jusqu'en Algérie pour remettre le Ballon d'Or est une belle chose pour votre pays. Même si je ne connais pas le vainqueur, je lui souhaite une grande carrière. Quand viendrez-vous un jour en Algérie ? J'ai envie de visiter beaucoup de pays et l'Algérie en fait partie. Mais il faut d'abord m'inviter (rires). Si vous devez jouer contre une équipe africaine, choisiriez-vous une équipe technique comme l'Algérie ou le Ghana ou une équipe tactique comme la Côte d'Ivoire ou le Cameroun ? J'ai toujours aimé des adversaires qui jouent au foot parce que l'Argentine est une équipe joueuse. Entre deux équipes techniques qui aiment le ballon, le spectacle est assuré. Après, tout dépend du tirages au sort. Donc, quel que soit l'adversaire, l'Argentine essaye toujours de jouer son football. Quels souvenirs gardez-vous des rencontres contre le Barça lorsque vous jouiez à l'Atlético ? Le Barça me réussit généralement bien. C'était le cas lorsque je jouais en Espagne. J'espère que ce sera le cas lors du prochain match de Ligue des champions face à Barcelone (Ndlr, Aguero était absent au match aller). Quel serait, selon vous, le favori pour remporter la Champions League cette saison ? Il y a beaucoup de clubs capables de remporter la Ligue des champions, une compétition très dure où il est très difficile d'émettre un quelconque pronostic à ce stade de la compétition. L'histoire nous a appris qu'il y a toujours eu au dernier carré des équipes qu'on n'attendait pas forcément au début de la compétition. Pour moi, il n'y pas encore de candidat pour l'instant.
