«Je ne pense pas que les choses aient évolué au Cairo-Stadium en 20 ans» Qui mieux que l'ancien gardien de l'EN, El Hadi Larbi, pour nous parler de la pression du Cairo-Stadium qui accueillera les Verts le 14 novembre prochain à l'occasion de leur match face à l'Egypte ? L'ancien gardien du CRB et de la JSK avait été victime d'une agression caractérisée lors du fameux match de 1989 au Caire (1-0) comptant pour les éliminatoires pour le Mondial 90. El Hadi Larbi nous livre dans l'entretien qui suit ses impressions à quatre semaines du big match face à l'Egypte. Un certain scepticisme était perceptible dans les propos de l'ancien entraîneur des gardiens de but de la JSK et de l'USMAn. Il nous en expose les raisons. * On ne vous voit plus à Annaba ces derniers temps, quelles sont vos nouvelles ? Je vais bien merci ! En effet, ma présence à Annaba n'est pas régulière ces derniers temps. Le président Menadi m'a confié de nouvelles tâches. Je m'occupe aujourd'hui des affaires administratives du club à Alger. Je compte néanmoins rallier Annaba en fin de semaine pour faire le point avec le président sur ce qui a été entrepris. * A l'instar de tous les Algériens, vous avez, certainement, suivi le match Algérie-Rwanda de dimanche dernier. Quelle analyse en faites-vous ? Je vais peut-être vous surprendre. Je suis quelque peu resté sur ma faim. Ma joie n'était pas complète, car je crains que ce score de trois buts à un ne soit pas suffisant pour nous qualifier face à l'Egypte au Caire dans un mois. * On vous sent un peu sceptique… Je suis plutôt réaliste. Par expérience, je sais que ce match face à l'Egypte ne va pas être une partie de plaisir. Il m'était arrivé en 1989 de jouer un match décisif au Caire et je peux vous dire que l'ambiance qui y règne là-bas est vraiment terrible. J'aurais eu une autre réaction si, par bonheur, nous avions battu le Rwanda par cinq buts ; mais là, ce n'est pas tout à fait le cas. * Comment cela ? Je ne vais pas vous raconter la mésaventure que j'avais vécue en 1989 ou l'agression dont j'étais victime. Je suis resté des heures durant à lutter entre la vie et la mort. Je parlerai plutôt du contexte dans lequel va se jouer le match. Les Egyptiens sont connus pour être les maîtres en matière de provocation et de polémique. Ils vont tout faire pour déstabiliser nos joueurs. * Mais vous en doutez que les choses ont évolué depuis 20 ans au Cairo-Stadium ? Je ne pense pas que les choses aient changé en 20 ans. Les procédés restent les mêmes. Nos joueurs font l'objet de différentes provocations. On fera tout pour les déstabiliser. Les ennuis vont commencer à l'aéroport. On va tout faire pour retarder au maximum le règlement des formalités douanières de manière à faire poiroter nos joueurs. Il n'est pas à écarter aussi que des gens viennent prendre d'assaut le lieu de résidence de l'EN, comme on cela fut le cas en 1989. Pour tout dire, il faudra s'attendre à tout avec ces Egyptiens. * La question de faire appel à un arbitrage européen pour ce match est lancée ; qu'en pensez-vous ? Ce sera une bonne chose. Il n'y a aucun doute que le rôle de l'arbitrage jouera un rôle prépondérant lors de ce dernier match. L'on a eu à le vérifier avec cet arbitre guinéen face au Rwanda. Les Egyptiens ont le bras long et je crains fort l'arbitrage, je ne vous le cache pas. Cela dit, la FIFA n'est pas obligée d'accéder à cette demande. C'est très rare que cela se produise. De toute façon, l'Egypte va tout faire pour valoir sa position. On les connaît pour leur bras long et leur jeu de coulisses. Il n'y a qu'à voir le programme de nos deux pays dans ces qualifications pour s'en rendre compte. Eux, ils jouent le premier et le dernier matche à domicile, alors que nous, on s'était déplacés d'abord deux fois lors des deux premières journées et lors de cette dernière. Ça veut tout dire, non ! * Saâdane, lui, dit qu'il ira en Egypte pour gagner… Que voulez-vous qu'il dise ? Qu'il ira perdre peut-être ! C'est tout à fait normal qu'il tienne un discours optimisme. * Pensez-vous que organiser un stage en France est la meilleure façon de préparer cette rencontre ? Le lieu du stage ne compte pas. L'essentiel est que l'équipe s'entraîne dans de bonnes conditions pour ce match. Le choix de la France est certainement réfléchi. Il y aura moins de pression, ce qui permettra aux joueurs de s'entraîner sereinement. * Que pensez-vous des critiques essuyées par le sélectionneur Rabah Saâdane après le match face au Rwanda, notamment sur le choix de certains joueurs ? Honnêtement, ce n'est pas le moment de critiquer. L'EN a besoin plutôt de sérénité. On pourra toujours polémiquer à la fin d'un match, mais il ne faut pas oublier que Saâdane a un rôle méritoire dans le parcours de l'EN. * Vous entretenez certainement un brin d'optimisme pour une qualification en Egypte au fond de vous… C'est certain. Pour moi, une qualification au Caire serait une vengeance sur l'Egypte après ce qui m'était arrivé en 1989. Ce serait aussi le meilleur cadeau que cette équipe puisse offrir à l'Algérie. Je suis de tout cœur avec les joueurs. Entretien réalisé par Mehdi T.