On ne fait confiance qu'à ceux qui croient à «Yes we can !» Un ami, que Dieu lui pardonne, m'a assené de bon matin un coup au moral en m'éructant : «On va perdre !» Yarrrab ! Pas besoin de vous expliquer qu'il parlait du match du 14 contre l'Egypte. Je l'ai regardé droit dans les yeux, de mon regard taciturne, avant de me détourner de lui, sans broncher. Que voulait-il dire par cette phrase pourrie ? Baisser les bras et me préparer à la défaite comme lui ? Il m'a fallu trois bonnes heures avant de cerner son problème. En fait, ce sentiment défaitiste est propre à l'Algérien résidant en Algérie. Il est inévitable, fatal même. Il a été cultivé par des années de misère en tous genres, vécues dans le désespoir total au sein de notre société. Ce pessimisme systématique s'est installé profondément dans le cœur de certains Algériens qui semblent avoir perdu le goût de la victoire et ne croient plus au rêve. C'est comme si on leur avait brisé les ailes et crevé les yeux. Ces gens-là sont les déçus de l'Algérie qui ont tellement souffert, tellement enduré depuis des années, qu'ils n'ont plus la force mentale de croire ne serait-ce qu'à une victoire d'une équipe de football. C'est ce qui leur fait dire qu'on va encore perdre, comme ils ont perdu leurs espoirs dans ce pays qui les a tant déçus. Heureusement que Dieu nous a donné ces enfants nés à l'étranger qui sont revenus à la maison avec des idées plus claires et une volonté inébranlable. Franchement, Saâdane a énormément de chance de ne pas avoir une majorité de joueurs locaux. Car les Ziani, Meghni, Yahia, Bougherra, Matmour, Ghezzal et les autres enfants d'émigrés ne doutent absolument de rien. Ils ont grandi dans des pays qui cultivent la gagne et qui ont pour devise d'autre slogans que ce fichu «On va perdre !» qui nous sape le moral et qui nous fait perdre la bataille, avant même d'avoir affronté l'adversaire. Dieu merci, Yebda et ses camarades ont d'autres repères, d'autres devises qui leur font croire que la qualification est très possible. Car ailleurs, on ne fait confiance qu'à ceux qui croient à «Yes we can !» Nacym Djender