Ancien joueur d'Al Ahly et de la sélection d'Egypte, Mostefa Younès n'a pas une haute estime du football algérien. Ancien joueur d'Al Ahly et de la sélection d'Egypte, Mostefa Younès n'a pas une haute estime du football algérien. Pour lui, les Algériens n'aiment pas les Egyptiens à tel point qu'ils leur créent systématiquement des problèmes. Actuellement consultant à MBC, il a consenti à répondre à nos questions… pour étaler la supériorité supposée de l'Egypte. * Tout d'abord, peut-on connaître vos souvenirs avec le football algérien ? Ils sont nombreux, que ce soit avec les clubs ou avec la sélection. Avec le Ahly, j'avais affronté le MC Alger et le MC Oran, ainsi que d'autres clubs. Même chose avec la sélection. Malheureusement, il ne s'agit pas de bons souvenirs car tous ces matchs étaient chauds et tendus. Le problème est que l'Algérie était le seul pays où nous vivions tous les problèmes. J'ai eu à affronter des clubs et sélections marocaines et tunisiennes et les choses s'étaient toujours bien déroulées, mais les Algériens ne se sont jamais comportés à notre égard comme les autres peuples de l'Afrique du Nord. C'est votre nature depuis longtemps. La dernière preuve est l'amende que vous a infligée la FIFA après les dépassements du match aller entre l'Algérie et l'Egypte. * Y a-t-il eu des dépassements durant le match où le Ahly s'était incliné face au MCA en 1976 ? Non. La défaite était tout ce qu'il y a de plus normal, comme cela se passe dans le football. A l'époque, nous venions seulement de renouer avec les compétitions africaines, avec de jeunes joueurs, et c'est ce qui explique notre défaite à Alger face au MCA par ce score. Cependant, tous les autres matchs ont vu les Algériens sortir du droit chemin. Beaucoup voient dans la confrontation entre les deux sélections lors des Jeux africains d'Alger en 1978 le début des tensions entre les deux pays en matière de football… Je le confirme. J'étais présent dans ce match et j'ai bien vu comment des policiers algériens nous avaient frappés, ce qui nous avait poussés à nous retirer du tournoi et à rentrer précipitamment en Egypte par un avion spécial que nous avait envoyé le président Sadate. On nous avait malheureusement agressés alors que nous étions vos invités à Alger. * Vous avez été de ceux qui avaient prédit la défaite de l'Egypte à Blida contre l'Algérie à cause de ce qu'avait fait l'ancien entraîneur du Ahly, José Manuel, avec les joueurs après l'élimination au deuxième tour de la Ligue des champions africaine… Je n'ai jamais prédit une défaite. Au contraire, j'avais une très grande confiance en notre sélection et je n'avais même pas 1 % de crainte que l'Egypte soit battue par l'Algérie car les Egyptiens sont bien les meilleurs pour plusieurs raisons, telles la différence de niveau entre les deux sélections ainsi que la différence d'expérience. Il s'agissait d'un match entre le tenant des deux dernières Coupes d'Afrique des nations et une sélection qui était carrément absente de ces deux tournois. A la fin de la première mi-temps, j'ai eu la conviction que nous ne pouvions pas perdre. Cependant, le cours du match a changé en deuxième mi-temps à cause d'une défaillance au sein de l'équipe égyptienne que les Algériens ont su exploiter en inscrivant trois buts. Je pense que si le but d'Aboutrika avait été inscrit plus tôt, le match aurait pris une toute autre tournure. * Vous dites que la sélection égyptienne est la meilleure. Pourtant, la sélection algérienne est leader de la poule et a battu tous ses adversaires… Je ne nie pas que la sélection algérienne est d'un niveau appréciable. Son atout est ses jeunes joueurs qui jouent dans des clubs européens et qui sont vifs et enthousiastes, à l'inverse des joueurs égyptiens qui sont âgés, mais qui ont l'expérience des grands rendez-vous. Les nôtres ont joué deux finales de la CAN alors que les vôtres n'en ont disputé aucune depuis vingt ans. La différence entre les deux sélections est que la nôtre joue collectivement alors que la vôtre se base sur les exploits individuels de joueurs bien préparés dans les clubs européens. C'est l'avantage de l'Algérie qui renferme désormais des joueurs de haut niveau. * Votre pronostic pour le match du 14 novembre ? Mon pronostic est que vous n'irez pas en Coupe du monde quoi que vous fassiez, même si vous ramenez Madjer, Belloumi et Assad. Je plaisante, bien sûr. Je reconnais que le match sera dur pour les deux équipes. L'Algérie a de plus grandes chances, alors que l'Egypte n'a pas beaucoup de choix, mais elle trouvera à ses côtés 120 000 supporters au Cairo Stadium et 80 millions à l'extérieur. A la fin, vous nous direz félicitations et nous vous dirons bonne chance. * Pensez-vous que la rencontre se déroulera dans de bonnes conditions et que la Fédération égyptienne de football et les services de sécurité maîtriseront la situation ? Vous êtes là en Egypte et vous pouvez mesurer toute l'hospitalité du peuple égyptien généreux. C'est propre au peuple égyptien. Nous sommes grands en tout et nous savons pardonner lorsque notre petit frère commet une faute. * C'est justement c'est ce genre de réflexion qui provoque les Algériens, car ils n'aiment pas ce discours paternaliste… Vous voulez que je vous dise autre chose pour vous faire plaisir ? Notre équipe n'est-elle pas la meilleure ? Ne sommes-nous pas plus expérimentés ? Nous regorgeons de titres, dont deux remportés lors des trois dernières années, alors que, dans le meilleur des cas, vous espériez seulement vous qualifier pour la CAN, comme l'avait déclaré votre sélectionneur Rabah Saâdane. * Saâdane avait déclaré cela juste pour endormir les Egyptiens… Peut-être que c'est vrai. C'était sans doute de la poudre aux yeux. * Quel est le joueur algérien qui vous a le plus impressionné ? Peut-être est-ce un défenseur puisque vous avez joué comme défenseur ? Bien au contraire, j'estime que votre compartiment défensif est le maillon faible de votre équipe, surtout Anthar Yahia à propos duquel je vous fais une révélation : les joueurs égyptiens et le sélectionneur Hassan Shehata concentrent leur préparation sur ce joueur dont nous espérons la participation dans le match, car il est faible en tous points de vue et commet de nombreuses fautes et c'est ce que nous avons remarqué en l'observant. * Y a-t-il des points forts au sein de la sélection algérienne ? Oui. L'attaque est percutante et les joueurs sont très efficaces sur les balles arrêtés et les longues transversales. * Justement, nous axerons notre plan de jeu sur les transversales comme vous-mêmes vous axerez sur Anthar Yahia… (Rire.) Cependant, je peux vous assurer que vous ne vous qualifierez pas. Entretien réalisé par Chouaïb Kahoul