Lausanne contre Zurich, un autre «match» en Suisse Alors que les joueurs algériens ont fait l'objet d'un guet-apens à leur arrivée au Caire et que la FIFA les a obligés à jouer le match à la date prévue contre l'Egypte en dépit des blessures dont souffraient trois d'entre eux, le président de l'instance internationale de football, Joseph Blatter, avait un autre souci : la finale de la Coupe du monde U17 qui a eu lieu dimanche passé au Nigeria. Non pas seulement parce que sa fonction exige de lui d'être présent à toutes les finales des compétitions de la FIFA, mais surtout parce que la finale a été remportée par la Suisse, son pays. Blatter dansait dimanche après le sacre de la Suisse U17 Oui, ce n'est pas une blague ! Blatter a remis le trophée à ses compatriotes en dansant presqu'avec eux, oubliant, dans l'euphorie, ses obligations de président de tous les footballeurs dans le monde. A la limite, c'est tout à fait humain que Blatter vibre au succès de son pays. Cependant, il aurait gagné à rester professionnel dans l'application des dispositions réglementaires de la FIFA. C'est clair : une équipe dont les joueurs ont été blessés délibérément avant le match a le droit de se retirer et l'équipe hôte doit être sanctionnée. Cela ne s'est pas fait. Pourquoi ? Seul souci de la FIFA : terminer les qualifications Plusieurs hypothèses sont émises. La première est que, pour la FIFA, les incidents en Afrique sont monnaie courante et les agressions peuvent passer pour des faits anecdotiques, ce qui fait que l'instance dirigeante du football internationale n'est pas aussi regardante sur la question que lorsqu'il s'agit des autres continents. La deuxième est que Blatter préfère la qualification de l'Egypte plutôt que celle de l'Algérie. En effet, à l'issue de la Coupe des Confédérations organisée au mois de juin dernier en Afrique du Sud, Blatter avait déclaré dans une conférence de presse qu'il souhaitait que les sept sélections (l'Irak mis à part, déjà éliminé à l'époque), ayant participé à ce tournoi soient présentes au Mondial en 2010. De plus, comme dans l'esprit de certains dirigeants de la FIFA, le nombre est important pour les questions de merchandising, il est plus intéressant, pour la commercialisation des espaces publicitaires et pour remplir les hôtels, que ce soit un pays de 80 millions d'habitants qui se qualifie plutôt qu'un de 36 millions. La troisième hypothèse est que la FIFA, dont le souci primordial est de terminer les qualifications dans les délais qu'elles s'étaient donnés, ne voulait pas reporter le match au risque de bousculer le calendrier, sachant que l'hypothèse d'un match d'appui était toujours plausible et que, auquel cas, il aurait fallu lui trouver une autre date. Maradona sanctionné pour avoir insulté des Argentins, mais pas l'Egypte Il ne s'agit là que d'hypothèses, mais elles sont toutes plausibles, vu que la «logique» de la FIFA ne rejoint pas toujours le bon sens. Ce dont il faudrait s'étonner, c'est que pour beaucoup moins que ça, la FIFA s'est montrée prompte à dégainer son arsenal juridique pour infliger des sanctions. La dernière en date est la suspension de deux mois infligée à Diego Maradona pour avoir proféré des insultes contre des journalistes… argentins. Pour une affaire argentino-argentine d'échange verbal, Blatter a sévi. Pourquoi ne le fait-il pas pour une affaire égypto-algérienne d'agression ? Le TAS pourrait invalider le match de samedi Aujourd'hui, l'Algérie est qualifiée après sa victoire d'hier à Khartoum en match d'appui. Cependant, elle ne compte pas se taire et va défendre ses intérêts et son honneur jusqu'au bout. Si des sanctions n'ont pas été prises à Zurich, siège de la FIFA, elles risquent d'être prises à Lausanne, siège du Tribunal arbitral de sport (TAS). Cette instance juridique, composée d'avocats et de juristes internationaux spécialisés dans les litiges sportifs et qui maîtrisent tous les règlements sur le bout des doigts, a été saisie par la FAF pour trancher quant à l'opportunité de faire jouer ce match alors que des joueurs algériens avaient été blessés en terre égyptienne avant même le début de la rencontre. Le TAS pourrait invalider le résultat du match de samedi passé entre l'Egypte et l'Algérie s'il constate que des points du règlement n'ont pas été respectés, notamment celui relatif au déplacement d'un match vers un autre pays lorsque les conditions de sécurité ne sont pas réunies dans le pays hôte. Dans ses statuts, la FIFA reconnaît les décisions du TAS. De là à dire qu'elle le suivra dans son verdict, il y a un pas qu'il n'est pas évident qu'elle franchira. Problème : les Algériens ont accepté de jouer En effet, il est rare que le TAS annule le résultat d'un match qui a déjà eu lieu. Il aurait pu examiner une demande de l'Algérie de reporter le match ou de le déplacer sur un autre terrain, à condition qu'il soit saisi avant le déroulement dudit match, mais puisque les Algériens ont accepté de jouer, le TAS n'a pas le pouvoir d'annuler le résultat. Il pourrait ressortir les litiges ayant entouré son organisation et, peut-être, conclure à la nécessité de le faire rejouer. En attendant, l'Algérie et l'Egypte devaient jouer le match d'appui pour répondre à la logique réglementaire de la FIFA, mais il n'est pas sûr que le «match» entre les deux pays soit encore terminé. F. A-S.