«Pour moi, le meilleur joueur de tous les temps est l'équipe de 82» Encore un ministre qui a accepté d'accorder un entretien au Buteur et El Heddaf et qui a confirmé que les politiques s'intéressent de très près au sport, surtout quand c'est le pays qui est représenté. * On connaît M. Amar Tou, le ministre, mais pas encore le sportif. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? * Comme tout Algérien qui se respecte, j'ai joué au foot dans la rue, mais au moment de choisir entre le sport et les études, j'ai opté pour les études. Mon frère, par contre, était très doué et aurait pu faire carrière en football. Cela n'a pas été le cas malheureusement. J'allais également au stade lorsqu'il y avait de grands matchs. * Vous étiez supporter de quelle équipe ? * Le grand MCO des années 70, même si j'avais de la sympathie pour l'USMBA notamment l'équipe qui a battu la JSK en finale de la Coupe d'Algérie en 1991. J'aimais ces deux équipes parce qu'elles privilégiaient le football spectacle et le fair-play. * Comment avez-vous vécu la rétrogradation du MCO, la première depuis l'indépendance ? * Cela devait arriver un jour, mais contrairement à ce que beaucoup pensent j'ai pris cela avec beaucoup de philosophie. Lorsqu'une équipe joue le maintien pendant plusieurs saisons, elle finit par rétrograder, mais il ne faut pas voir cela comme la fin du monde, au contraire le MCO doit reculer pour mieux sauter. Le MCO doit redevenir cette équipe porte-flambeau du football. Regardez le MCA, l'USMA, l'USMB, elles ont toutes rétrogradé, mais elles sont revenues plus fortes en D1. J'espère seulement que le MCO ne connaîtra pas le même sort que certaines équipes historiques comme l'USMO, l'ES Guelma et autres qui se morfondent dans les petites divisions. * De par votre poste, avez-vous été sollicité un jour pour être dirigeant d'un club ? * J'ai été sollicité par l'USMBA pour être le président d'honneur, mais justement, de par mon poste et mes fonctions je ne pouvais pas être président d'un club. J'aime bien la ville de Bel-Abbès et comme je viens de vous dire, j'ai de la sympathie pour l'USMBA, mais j'ai d'autres priorités. Je peux vous apprendre toutefois que c'est moi qui ai eu l'idée de construire un nouveau stade à Bel-Abbès, cela prouve que j'ai de l'estime pour cette ville qui méritait un grand stade. * Quels sont, selon vous, les grands moments du sport algérien ? * Je dirais sans aucune hésitation, les championnats du monde d'athlétisme de Tokyo avec les médailles d'or de Morceli et Boumerka et la médaille de bronze de Brahmi, c'est cette année-là que l'athlétisme algérien a vraiment décollé. Il y a eu par la suite beaucoup de victoires qui nous ont comblé de fierté à l'instar de la médaille d'or de Benida Merah à Sydney. * Ce n'est plus le cas malheureusement... * Les résultats sportifs des années 80 et 90 sont le fruit de la réforme sportive qui a révolutionné le sport en Algérie. * Avec notamment la victoire sur l'Allemagne en 82. * Ah cette équipe de 82 qui nous a tous fait rêver ! Si vous me demandez quel est le meilleur joueur algérien de tous les temps, je vous répondrai l'équipe 82. Ils étaient tellement forts ensemble qu'il serait injuste de les dissocier. Madjer, Assad, Belloumi, Merzekane et tous les autres étaient des géants. * Supportez-vous une équipe en particulier à l'étranger ? * Sincèrement non, sauf quand il y a un joueur algérien dedans. * Justement que pensez-vous de Zidane ? * J'ai eu l'occasion de discuter avec lui et le sentiment que j'ai eu c'est qu'il est fier d'être algérien. * Certains disent que la meilleure preuve c'est son coup de tête en finale de Coupe du monde ? * C'est vrai qu'il faut condamner ce geste, mais en tant qu'Algérien on comprend parfaitement la réaction de Zidane. Le président de la République l'a dit. Vous savez, on a beau s'intégrer dans la société où on est né, mais on ne peut pas oublier nos racines. Voyez ce qui s'est passé lors du match France-Algérie (il rit). * Il vous arrive d'aller au stade ? * Je ne peux pas aller au stade parce que les habitudes et les murs ont changé. Je connais un joueur qui a dû quitter une équipe parce qu'il y avait son frère dans le même effectif. Avant, on pouvait aller au stade en famille sans aucun problème. Il faut une analyse sociologique profonde pour comprendre pourquoi les supporters vont au stade pour déverser leur colère et leur frustration... * Etes-vous de ceux qui pensent qu'il faut encourager le sport d'élite pour réaliser de bons résultats et pensez-vous qu'il faut toujours miser sur le sport de masse ? * Je crois que l'un n'empêche pas l'autre. Il faut toujours encourager le sport de masse pour permettre à un grand nombre de jeunes de pratiquer le sport, puis choisir les meilleurs pour constituer l'élite. C'est comme les inscriptions à l'université : les meilleurs iront aux meilleures universités en Algérie et à l'étranger et choisiront les meilleures spécialités, les autres choisiront d'autres spécialités. On ne peut pas choisir l'une ou l'autre stratégie, il faut les deux stratégies à la fois. Il faut donner la chance à tout le monde, mais les meilleurs seulement feront du sport leur métier. Entretien réalisé par R. B.