Les forages offshores en exploitation peuvent poursuivre leur activité après la marée noire. Certes, un moratoire de six mois a été décidé après le drame, mais il est partiel. Il ne s'applique qu'aux opérations d'exploration. La leçon à tirer ? La marée noire sur les côtes de la Louisiane a démontré que la politique énergétique de Washington sera un échec… L'exploration pétrolière offshore a montré ses limites. «Les yeux rivés sur ce que font les Russes» Barak Obama avait décidé en mars dernier de mettre fin au moratoire sur l'offshore. Il rouvrait ainsi des zones d'exploration notamment dans le Golfe du Mexique et en Alaska. Pour expliquer la situation, Michel Rocard, Premier ministre français entre 1988 à 1991, remonte à la chute du mur de Berlin et à l'explosion de l'ex-URSS. «Lorsque face au silence des Européen, les Etats-Unis ont parlé en leur nom pour élargir l'Otan à certains ex-pays membres du pacte de Varsovie, la Russie s'est sentie humiliée. La doctrine de Vladimir Poutine devenu président a été de laver l'humiliation, en fondant la puissance nouvelle sur les hydrocarbures. Et il n'abandonnera pas», commente-t-il. Mais aujourd'hui après le drame de la plate forme offshore Deepwater Horizon, la mise en application de cette décision a été reportée. Mais une chose est sûre : le retour à l'offshore profond interviendra. Quoi qu'il en coûte. Les USA sont confrontés plus qu'auparavant à : une extrême dépendance énergétique. Dépendance énergétique L'énergie est un moteur pour la croissance, et les Etats-Unis à eux seuls consomment le quart de ce qui est produit dans le monde. La sécurité des approvisionnements est, à ce titre, hautement stratégique. La politique de Washington consistait à s'appuyer sur l'Arabie Saoudite, Riyad relayant sa politique au Moyen Orient et contribuant à approvisionner le marché américain. La nouvelle stratégie de la Maison Blanche prévoyait une relance du nucléaire alors qu'aucune nouvelle tranche n'a vu le jour sur le territoire américain depuis l'accident de la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie) en 1979. Elle relançait aussi la production pétrolière dans une réserve naturelle de l'Alaska, l'Arctic National Wildlife Refuge, et ouvrait de nouveaux champs de prospection offshore. Et elle mettait l'accent sur les énergies renouvelables (les Etats-Unis devenant le pays le plus en pointe dans l'éolien) et le gaz. La diplomatie du pipe-line Pendant ce temps, la Russie a trouvé sa place parmi les leaders sur le marché mondial des hydrocarbures. Et elle assoit sa puissance. Elle s'appuie pour cela sur la plus grosse production mondiale (environ 20% du total). Au point que l'entreprise Gazprom est aujourd'hui devenue le premier acteur de sa diplomatie à l'étranger. Dans le bras de fer récurrent avec l'Ukraine, la Russie a montré qu'elle ne reculait pas pour utiliser ses livraisons de gaz comme des armes de persuasion redoutables. Prochaine étape: l'Arctique Moscou vise maintenant les réserves du sous-sol de l'Arctique, devenues accessibles avec la fonte de la banquise. Des forages offshores devront être réalisés. Ainsi si Moscou persiste dans sa quête de puissance assise sur la diplomatie du pipe-line et du tanker, il ne restera à Washington que de reconduire les forages offshores pour ne pas voir son économie s'effondrer complètement ? Le moment de vérité pour les USA est il venu ?