Le Capital de Sonatrach s'est encore grossi. En effet, le groupe national des hydrocarbures a doublé son capital social pour atteindre 1.000 milliards de dinars (près de 10 milliards d'euros). Cette augmentation peut sauver les grands projets du groupe, inscrits dans le quinquennal 2010/14. Selon un communiqué du groupe paru avant-hier, c'est grâce à un prélèvement d'un montant de 500 milliards de dinars sur les réserves facultatives de Sonatrach, que son capital a été augmenté. C'est lors d'une Assemblée générale extraordinaire du groupe, organisée le 27 juin dernier à Alger, que la décision d'augmentation du capital a été prise, indique le même communiqué. Pour rappel, Sonatrach avait augmenté fin 2007 son capital social de 350 milliards de dinars à 500 milliards de dinars. La Sonatrach a réalisé en 2008 un bénéfice net de près de 9,2 milliards de dollars, en baisse de 8% par rapport à 2008. Le chiffre d'affaires annuel s'est élevé à 80,8 milliards de dollars contre 62,6 milliards de dollars. D'après les experts, cette augmentation du Capital de Sonatrach, aura un impact positif sur ses investissements dans le cadre du plan quinquennal 2009/2014. Dans ce plan quinquennal, le montant des investissements s'élève à la bagatelle de 71 milliards de dollars. Le mastodonte africain devrait investir durant ce lustre à aval pétroliers et gaziers, c'est-à-dire la construction de gazoducs, acquisition de gros méthaniers, réalisation d'usines de liquéfaction de gaz naturel, construction de nouvelles raffineries… Les tracas judicaires qui ont subitement écimé le noyau dirigeant de Sonatrach, composé d'une dizaine de ses plus hauts cadres dirigeants, a hypothéqué la viabilité économique de plusieurs grands projets, à l'instar des deux gazoducs en construction, vers l'Europe (Espagne et Italie) et celle des deux complexes GNL de Skikda et d'Arzew, en phase de finition. Pour un autre…nouveau départ ! D'après les experts, «il y a fort à craindre que les découvertes et exploitation de nouveaux gisements n'atteignent pas le niveau escompté, que les gros contrats commerciaux et la forte augmentation des besoins locaux, ne manqueront pas de faire exploser à cette échéance». Mais, d'après les prévisions du groupe Sonatrach, le gaz naturel, acheminé par gazoducs, et celui auparavant liquéfié, transporté par des méthaniers, augmenteront sensiblement, pour atteindre les 85 milliards de mètres cubes à l'horizon très proche de 2014. En fait, la stratégie de Sonatrach consiste à augmenter les quantités de gaz naturel livrées à l'Europe via les 4 gazoducs -qui seront opérationnels- à l'horizon 2014 et à promouvoir l'industrie du gaz naturel liquéfié, avec à la clé, la construction de deux complexes GNL à Skikda et Arzew, ce qui portera, à l'échéance 2014, la capacité globale de production du groupe à 40 milliards de m3. Selon Noreddine Grim, qui se réclame spécialiste du domaine, «on se pose alors avec acuité, la question de la rentabilité des nouveaux investissements programmés et, notamment, celle des équipements de transport (gazoducs et méthaniers) acquis à grands frais, sans qu'ils n'aient la garantie d'une utilisation optimale, les quantités de gaz à transporter n'étant pas suffisantes au regard des réserves disponibles et des maigres découvertes (en volume) tirées de la centaine de découvertes enregistrées durant la dernière décennie». Et d'ajouter : «pour qu'il puisse satisfaire ses engagements commerciaux, il est à espérer que le groupe Sonatrach fasse un effort gigantesque, durant le prochain quinquennat, à l'amont du secteur, en tentant de mettre en évidence des découvertes potentielles et en accélérant l'entrée en production des gisements en développement, seuls gages possibles pour honorer les ambitieux engagements économiques et commerciaux pris avec de nombreux partenaires». Un vrai challenge auquel devra faire face Sonatrach, car ce groupe connaît un chamboulement interne inédit. A cet effet, l'augmentation du capital pourrait être salvatrice pour ses lourds investissements et…ambitions.