B. Fatima Le nombre de femmes chefs d'entreprise représente 3,2% du total des femmes actives en Algérie, a indiqué, hier à Alger, la directrice du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), Nouria Remaoune. Lors d'une analyse des résultats d'une enquête sur les atouts et difficultés de l'entreprenariat féminin en Algérie, présentés à l'occasion de la 1ère conférence consacrée à ce thème, Mme Remaoune a souligné que le taux d'activité des femmes a, certes, connu une évolution «importante» ces dernières années en passant de 625.000 en 1996 à plus de 1,4 million en 2004. Cependant, a-t-elle constaté, le nombre de femmes qui optent pour l'entreprenariat reste «négligeable», ajoutant que de nombreux obstacles entravent l'émergence de cette catégorie d'activité pour la gente féminine dans le pays. Pour cette sociologue et maître de recherches, outre les difficultés rencontrées par les opérateurs économiques en général, les femmes font face particulièrement à «la faiblesse du soutien et de la qualité de l'accueil et de la prise en charge de la petite enfance en Algérie, les empêchant de se consacrer pleinement à leur activité professionnelle, préférant assumer le rôle de mère que la société et les traditions leur ont confié». Dans le même contexte, la directrice a cité aussi le problème du marché des appels d'offres qu'elle considère comme «insuffisamment structuré» pour favoriser l'entreprenariat féminin. A ce propos, elle a fait savoir que sur un échantillon composé d'une centaine de femmes entrepreneurs dont 72% sont issues de zones urbaines, l'enquête montre que 44,7% sont mariées. En outre, 81,2% sont diplômées dont 24,7% ont un niveau d'instruction supérieur. L'apport de l'Ansej et l'Andi S'agissant de l'origine de la conception d'une entreprise, 51,8% des femmes ont affirmé que l'idée du projet est venue de la spécialité de leur formation et l'expérience acquise au cours de leur vie professionnelle, et 28,2% ont confié que le montage financier de l'entreprise est une affaire de famille dans la mesure où elles n'ont utilisé que leur fonds personnel et de famille alors que 16,5% ont bénéficié d'un crédit bancaire en plus de leur fonds propre. Plus de 67% d'entre elles ont affirmé ne pas avoir bénéficié des services de l'Agence nationale de soutien à l'emploi (Ansej) et 98% déclarent ne pas avoir été aidées par l'Agence nationale de développement de l'investissement. En revanche, pour les secteurs d'activités investis par les femmes entrepreneurs, Mme Remaoune a souligné que 57% d'entre elles ont choisi le secteur des services dont 90% gèrent elles-mêmes leurs entreprises alors que 83% ont avoué préférer continuer à gérer personnellement leurs entreprises. Evoquant le temps consacré par les femmes entrepreneurs à l'activité de leur entreprise, la sociologue a indiqué que 52,9% y consacrent 8 à 10 heures de travail. Interrogées sur les secrets de réussite du projet de l'entreprise, 50,6% ont affirmé que la compétence du promoteur est l'un des principaux atouts de réussite, alors que 48,2% ont estimé que le succès du projet dépend du réseau relationnel dont elle dispose. Cependant, elles sont 92% à souhaiter développer leurs entreprises en dépit des problèmes auxquels elles font face, notamment les impôts (34%), le problème de l'accès aux crédits (22,3%) et les responsabilités familiales (17,6%). L'appui du ministère des PME De son côté, le représentant du ministère de la PME et de l'Artisanat, Ammouri Brahiti, a promis que «la femme continuera à bénéficier des stratégies d'appui et des dispositifs de financement adaptées aux PME» développés par son département ministériel. Il a déclaré, à ce titre, que plusieurs mesures concrètes pour faciliter l'accès au financement ont été identifiées afin d'améliorer la création et le développement des PME par les femmes en Algérie. Il a fait savoir également que le ministère œuvre pour la consolidation des acquis sur le plan institutionnel et pour la réalisation de centres de facilitation, rappelant que le programme de coopération avec l'Union européenne pour la mise à niveau des PME reste ouvert aux femmes. D'un autre coté, Marita Reidel, la directrice du programme de développement économique durable de la GTZ (coopération technique allemande), a considéré que le soutien à la croissance de l'entreprenariat féminin passe par la facilitation de l'accès à la formation des femmes, le développement de l'esprit d'entreprise et l'encouragement de leur adhésion à des réseaux professionnels. Intervenant à son tour, la présidente de l'Association des femmes cadres algériennes, Aïcha Kouadri Boudjelthia, a plaidé pour la mise en place d'une stratégie soutenue par des mesures concrètes visant à encourager et à libérer les initiatives féminines pour la création de PME.