A l'orée de ce mois de Ramadhan, le prix du poulet a atteint des prix presque jamais enregistrés. Malgré les efforts consentis en matière de stockage pour régulation et malgré toutes les assurances des autorités publiques, le poulet nargue le consommateur du haut de ses 350 DA le kg. Tous les efforts consentis en matière de régulation et tous les discours apaisants n'ont donc servi à rien. C'est que le marché des viandes blanches, à l'instar de beaucoup d'autres produits de consommation, échappe totalement au contrôle de l'Etat. On ne peut réguler un produit que si on maîtrise les processus d'approvisionnement en amont, de production et de distribution. Or, ces paramètres échappent totalement aux institutions prétendant opérer la régulation. Ceci d'autant que la conception de régulation, chez nous, est synonyme soit de mesures coercitives, soit à l'opposé, des attitudes permissives à toutes les dérives et spéculations. En l'absence donc de mécanismes solides qui permettent une régulation du marché sans attenter à la liberté d'entreprendre et sans aller à contre-courant d'une politique économique de marché, les prix à la consommation du poulet restent à la merci des spéculateurs à tous les niveaux du processus de production. Depuis le démantèlement de la quasi-totalité des unités de production, d'élevage et d'abattage des offices régionaux de l'aviculture et la libéralisation totale du secteur avicole, les prix n'obéissent qu'à la loi du marché. Dans une énième tentative « don quichotienne » d'agir sur les prix, l'Etat exprime sa volonté de reprendre la main sur le marché de la viande blanche. La solution est toute trouvée : créer un office étatique qui se charge de la régulation du marché. Un peu à l'image de tous ces offices qui pullulaient dans les sphères agro économiques des années 1970 et 1980. La création par le ministère de l'Agriculture d'un Office interprofessionnel de la filière avicole viserait à asseoir la stabilité sur le marché de la viande blanche qui connaît de fortes tensions depuis plusieurs mois. C'est ce que nous apprend avant hier l'Office national de l'aliment de bétail (ONAB). Une réunion préparatoire a eu lieu la semaine dernière au niveau du ministère de l'Agriculture. Elle a regroupé les autorités publiques en charge de la filière, ses professionnels et des opérateurs spécialisés dans la production et la commercialisation. «L'objectif de mettre sur pied cet office est celui de rechercher des mécanismes capables d'asseoir une stabilité des prix des produits de la filière avicole », ont expliqué des responsables de l'ONAB. Les prix de la viande blanche ont flambé ces derniers mois, atteignant 350 dinars le kilogramme, malgré la décision du ministère de l'Agriculture de mettre sur le marché des quantités du poulet congelé stockées en prévision du mois de Ramadhan. Seulement pour réguler un marché régi uniquement par l'offre et la demande, il faudrait augmenter l'offre. Depuis la fameuse crise liée à la grippe aviaire, la filière continue de manger son pain noir. C'est pour cette raison que les professionnels de la filière avicole estiment qu'il faudrait s'attaquer aux vrais problèmes du secteur. L'indice le plus édifiant et, en même temps le plus alarmant est que, selon l'association nationale des aviculteurs, la production avicole a connu une chute de 40% ces dernières années,. Un volume de 90% de l'aliment (maïs et soja) destiné au cheptel de la filière avicole est importé, a ajouté l'association. La filière produit annuellement entre 340.000 et 400.000 tonnes de poulet, soit une moyenne annuelle de 10 à 11 kg/habitant, et cinq 5 milliards d'œufs, soit une moyenne annuelle de 150 œufs par habitant