1er partie Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International (1) Des avis sur ce sujet, sont parus récemment, mais selon mon point de vue fortement biaisés avec un certain chauvinisme et une euphorie déconnectée de la réalité tant interne de Sonatrach qu'internationale du fait de la forte concurrence au niveau mondial. Lors de l'audience qu'a accordée le président Abdelaziz Bouteflika au ministre de l'Energie et des Mines le 18 aout 2010, la seule indication de cette audience est que la production nationale d'hydrocarbures connaîtra un rythme de croissance, reflétant l'effort d'optimisation de l'exploitation des gisements. L'objet de cette analyse produit d'une synthèse d'une longue contribution à paraitre au sein d'un ouvrage collectif au niveau international , qui verra les apports de plus de 25 professeurs d'Université et experts , étrangers et en majorité algériens répartis à travers le monde, soucieux avant tout des intérêts supérieurs du pays , « sur les perspectives de développement de l'Algérie horizon 2020 face aux mutations mondiales », est de se poser cette question relevant de la sécurité nationale : quelles sont les perspectives des réserves rentables financièrement du gaz en Algérie ? I- Sonatrach face aux mutations du marché mondial énergétique Les perspectives des réserves de Sonatrach ne peuvent se comprendre sans analyser les coûts internes, le vecteur prix international et les énergies substituables. Concernant les coûts Sonatrach n'a jamais véritablement donné officiellement de véritables indicateurs et se pose cette question : possède t-elle une comptabilité analytique selon les normes internationales pour chaque section évitant que les comptes de transfert voilent le déficit d'une section que l'on compense par l'excédent d'une autre, un compte global consolidé pouvant voiler d'importantes disparités dans la gestion opérationnelle ? Car ces coûts qui dépendent certes des investissements réalisés et de la durée de vie de chaque gisement, Hassi R'mel allant logiquement à l'épuisement (la maintenance devenant de plus en plus élevé) et pour les autres sites, il s'agit de réaliser le retour de l'investissement nouveau fortement capitalistique. Toujours est-il que selon certaines estimations internationales, le coût en Algérie est beaucoup plus élevé que dans des pays directement concurrent. Il ne faut pas comparer l'Algérie pour le gaz avec seulement moins de 3% de réserves mondiales prouvées fin 2008 (4500 milliards de mètres cubes gazeux ) contre moins de 1% pour le pétrole , (épuisement inévitable dans environ 16 ans) à la Russie ( 33% des réserves, l'Iran ( plus 15% ) ou le Qatar 10% avec une population inférieure à une wilaya moyenne algérienne . Comme il y a lieu d'éviter l'euphorie, l'Algérie en invoquant un territoire vaste. La Chine, d'autres pays ont des territoires vastes mais la nature est ce qu'elle est, on peut découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement. Chaque Algérien a sous sa maison du pétrole et du gaz mais non rentables étant à des milliers de mètres de profondeur. Pour le prix international , ce dernier dépend d'un bon nombre de facteurs fluctuants : évolution de la croissance de l'économies mondiale , concurrence d'autres énergies et le futur modèle de consommation énergétique , évolution du cours du dollar , les phénomènes spéculatifs et la concurrence d'anciens et de nouveaux producteurs ayant besoin de financement pour attirer l'investissement car nous sommes à l'ère de la mondialisation. Qu'en sera t –il du prix du gaz avec la révolution gazière du gaz non conventionnel, du recyclage du CO2 du charbon (environ 200 années de réserves mondiales contre 40/50 ans pour le pétrole ) du nucléaire, des énergies renouvelables dont le solaire qui produit à grande échelle ne feront que réduire leurs coûts et entreront forcément en concurrence avec le gaz conventionnel ? Concernant les énergies renouvelables, il est utile de préciser que certains pays font des efforts dans ce domaine. Sans compter sur le futur projet Désertic, dont le coût est évalué à plus de 500 milliards de dollars, selon une étude qu'a publié l'Office fédéral de l'environnement (UBA) sur la production publiée en juillet 2010, l'Allemagne serait à même d'assurer 100 % de son approvisionnement en électricité grâce aux seules énergies renouvelables d'ici à 2050. On estime en 2009, 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l'Allemagne proviennent de la production d'électricité, la part des renouvelables dans le bouquet énergétique du pays étant de l'ordre de 17 %. Et le plus inquiétant est la Chine qui a consommé en 2009, 2.252 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit 4 % de plus que les Etats-Unis (2.170 millions de tep). Ces chiffres, révélés selon le site du « Wall Street Journal », données qui seront publiés en novembre 2010 dans le rapport annuel de l'AIE, le World Energy Outlook, alors que selon les précédents rapports de l'AIE, ce dépassement était prévu en 2015, cela étant due à la crise, (récession de l'économie américaine, la Chine étant devenue la deuxième puissance économique du monde avant le Japon depuis juillet 2010 , la Chine activant dans la recherche pour le gaz non conventionnel et les énergies renouvelables dont selon certaines prospectives elle deviendrait leader, devant pour assurer son développement investir pour ses besoins énergétiques 4.000 milliards de dollars pour la prochaine décennie. Pour les USA, le programme du président Barack Obama prévoit 200 milliards de dollars dans les énergies renouvelables et pour l'Europe, dans une étude intéressante parue dans le quotidien les Echos en date du 17 août 2010, Jean Marc OLLAGNIER directeur général du secteur Energie et ressources naturelles en Europe souligne que depuis des années, l'Europe concentre son action sur la production et soutient massivement l'éolien, le solaire et le captage- stockage du carbone et pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 et de la consommation d'énergie fixés par l'Union européenne pour 2020, l'Europe aura besoin de près de 890 milliards d'euros en plus des investissements habituels. Par exemple, les aides pour la filière solaire et éolienne devraient atteindre respectivement 85 milliards et 67 milliards d'euros au cours de la prochaine décennie, tandis que les coûts en crédits carbones pour la production d'électricité seront supérieurs à 200 milliards d'euros. Les nouvelles capacités de production représenteront 40 % des 890 milliards d'euros estimés, dont les deux tiers consacrés à l'éolien, au solaire à la biomasse et à l'hydraulique - la part des énergies renouvelables sera ainsi portée à 30 % en 2020. Dans ce cadre, de par sa situation géographique, l'Algérie dispose d'un des gisements solaires les plus élevés au monde. La durée d'insolation sur la quasi totalité du territoire national dépasse les 2000 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures (hauts plateaux et Sahara). L'énergie reçue quotidiennement sur une surface horizontale de 1m2 est de l'ordre de 5 KWh sur la majeure partie du territoire national, soit prés de 1700KWh/m2/an au Nord et 2263 kwh/m2/an au Sud du pays. Si toute cette énergie est mise en valeur, cela constituerait une source d'énergie très importante et un revenu inestimable pour l'Algérie. Récemment, le nouveau ministre de l'Energie a affirmé à propos du projet Desertec que « l'Algérie va faire plus, et compte réaliser une nouvelle ville, dont l'électricité est entièrement solaire ». Mail- ademmebtoul @gmail.com NB- je tiens à remercier vivement certains collègues professeurs d'université et des amis cadres du secteur hydrocarbures d'avoir bien voulu relire ce texte. Cependant, je suis le seul responsable de la teneur. Toute reproduction sans citer le nom de l'auteur est interdite. Docteur Abderrahmane MEBTOUL ayant effectué la majorité de ses études en France ( Lille) est docteur d'Etat en sciences économiques ( 1974) Professeur d'Université en management stratégique –Algérie - conseiller et directeur d'études des Ministères industries énergie 1974/1980- 1990/1996-2000/2006 –Ayant dirigé plusieurs audits sur Sonatrach et auteur de nombreux ouvrages et contributions au niveau de revues internationales spécialisées sur le secteur des hydrocarbures en Algérie face aux mutations mondiales.Mail- [email protected]