La guerre des monnaies pourrait avoir de graves répercussions sur l'Algérie, dans la mesure où une fraction des réserves de change algériennes, estimées à 150 milliards de dollars, dont, selon le ministre des Finances devant l'APN en novembre 2009, 80% sont placés à l'étranger. 45% de ce taux sont en euros, 45% en dollars, 5% en yens et 5% en livres sterling. La banque d'Algérie, pour ces placements, a agi intelligemment, il faut le reconnaître, sur la loi des grands nombres. Dans une contribution sur les ondes de la radio internationale, en marge de la réunion du G20 à Séoul, sous le thème «face à la guerre des monnaies : quel impact sur l'économie algérienne ?», l'expert international et économiste, Abderrahmane Mebtoul, estime que le taux d'intérêt de la FED américaine et la banque centrale européenne, variant entre 0,25% et 1,5%, pondéré par le taux d'inflation mondial, donne un taux négatif pour le rendement réel. Pour le Dr Mebtoul , certes le système financier algérien est déconnecté des réseaux internationaux et les banques algériennes étant actuellement des guichets administratifs, la bourse d'Alger n'étant pas une véritable bourse des valeurs, Sonatrach qui représente la véritable richesse du pays n'étant pas cotée en bourse où souvent des entreprises publiques structurellement déficitaires, représentant plus de 98% des cotations, achètent des entreprises déficitaires ayant été renflouées grâce au trésor via la rente des hydrocarbures et les banques publiques représentant plus de 90% des crédits octroyés à l'économie. L'économiste Mebtoul pose trois visions pour les réserves de change algériennes : la première est de les garder dans les banques centrales occidentales, la deuxième option est de les injecter dans les circuits de développement, et enfin la troisième option est d'investir à travers la création de fonds souverains du fait de la faiblesse des capacités internes d'absorption. Selon lui, les importations algériennes sont libellées à environ 60% en euros et 98% des exportations représentées essentiellement par les hydrocarbures (la part hors hydrocarbures étant presque nulle 2 à 3% dont 60% de déchets ferreux et semi-ferreux), malgré une forte dévaluation du dinar montrant une économie foncièrement rentière et que le blocage est d'ordre systémique. A ce titre, il recommande l'urgence d'un débat national ouvert concernant tant la gestion de la rente des hydrocarbures, afin de préparer l'après hydrocarbures, qui vont à l'épuisement dans 16 ans pour le pétrole et 25 ans dans le cas le plus optimiste. Et pour le gaz, cela sera en fonction des vecteurs coûts/prix (14 à 15 dollars pour le GNL et 10 à 11 dollars pour les canalisations (GN), alors que le prix du gaz non conventionnel fluctue depuis plus d'une année entre 4 et 5 dollars), ainsi que de la forte consommation intérieure qui représenterait environ 75% des exportations entre 2016/2020 et des possibilités d'autres énergies substituables, ainsi que la gestion des réserves de change. Enfin, il appelle les autorités algériennes à être très attentives tant aux nouvelles mutations énergétiques mondiales qu'à la guerre des monnaies, vu l'impact qu'elles pourraient avoir sur l'économie algérienne.