L'opérateur émirati embourbé dans des difficultés financières : L'avenir de l'opérateur portuaire Emirati DP World en Algérie serait-il compromis, suite à la multiplication des ennuis pour la filiale, mais aussi pour la maison mère, complètement embourbée dans des difficultés financières inextricables ? Il faut dire que tout n'est pas rose pour cet énorme groupe, un des premiers opérateurs dans le monde. Au-delà des difficultés auxquelles est confrontée l'entreprise en Algérie, c'est surtout un horizon assombri qui pointe pour la société mère, malgré les assurances de ses responsables. En effet, selon le célèbre quotidien économique français les Echos, le groupe Dubaï World, le fonds souverain de l'Emirat de Dubaï, aux prises avec de graves difficultés financières (40 milliards de dollars de dettes), s'apprête à céder pour 19,4 milliards de dollars d'actifs, dont sa filiale DP World. Il devient évident que la société Djazaïr Port World, joint-venture détenue à parts égales par l'Algérie et les Emirats ne peut échapper aux conséquences d'un tel délestage. Et c'est donc la question de l'avenir même du partenariat mis en place en Algérie à travers les accords signés avec les entreprises portuaires d'Alger et de Djendjen, qui risquent d'être remis en cause, surtout que le bilan de la présence Emiratie dans ces périmètres, est loin de plaider en faveur d'une association à long terme. Pourtant en décembre dernier, c'est le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui était monté au créneau pour tenter de rassurer l'opinion sur ce dossier. Il affirmait ainsi que la crise financière de DP World n'aurait pas de conséquences sur les investissements de sa filiale portuaire en Algérie. Même l'expert en finances, Hachemi Siagh avait abondé dans le même sens pour expliquer que les activités de DP World en Algérie, ne seront pas affectées par la crise financière que traverse la maison mère à Dubaï. «Ce sont surtout les activités immobilières de Dubaï World qui sont touchées. DP World est l'une des filiales de Dubaï World, mais elle ne semble pas touchée par la restructuration», a-t-il indiqué en réponse à une question sur une éventuelle répercussion de la crise de Dubaï sur les activités de DP World en Algérie, où il compte investir dans un premier temps 108 millions de dollars sur une durée allant de trois à quatre années. L'Emirat de Dubai, rappelle-t-on, avait demandé un moratoire de six mois sur le remboursement en décembre des 59 milliards de dollars, dus par l'entreprise publique Dubai World qui comprend l'opérateur portuaire DP World et le géant de l'immobilier Nakheel. Mais, cela n'a pas empêché les problèmes du groupe Emirati de s'amplifier. La joint-venture, fruit de l'accord entre les deux parties depuis le 17 mars dernier, est dotée d'un capital de 20 millions d'euros et elle dispose d'une concession de 30 années du terminal à conteneur du port d'Alger. Sera-t-elle en mesure en 2010 d'investir, comme elle s'y était engagée, pour doter le port des équipements et infrastructures nécessaires à son fonctionnement et pour informatiser la gestion du port ? La question reste posée. Et comme un malheur ne vient jamais seul, DP World est confrontée ces jours-ci à d'autres difficultés qui ne font que compliquer sa tâche. A commencer par le conflit social qui a failli paralyser complètement l'activité au niveau du port d'Alger. En effet, la direction générale de l'entreprise a pu sauver les meubles en évitant la grève à laquelle avait appelé le syndicat. Elle a appelé les représentants des travailleurs à la reprise des négociations avant que le débrayage ne prenne effet. En sus des horaires de travail et le système de récupération, les revendications des travailleurs de DPW tournent autour de l'augmentation salariale, ainsi que les bénéfices annuels, non versés jusqu'ici. Pour ce qui est de la rémunération, les fonctionnaires réclament une revalorisation à hauteur de 30% de leurs salaires actuels. Le syndicat plaide également pour l'instauration au niveau de DPW du système des conventions de branches. Sur ce point précis, la direction ne veut pas entendre parler d'un tel système justifiant que «l'entreprise exerce selon sa propre réglementation, conforme aux conventions internationales appliquées dans différentes sections de DPW de part le monde». Certes, les négociations sont ouvertes, mais rien n'assure que les travailleurs ne reprendraient pas le chemin de la contestation si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Mais, l'opérateur n'est pas pour autant au bout de ses peines, puisque des lenteurs ont été enregistrées dans le traitement du trafic au niveau du port de la Capitale. Ce qui n'est pas du goût des autorités qui ont réagi il y'a quelques jours par le biais du ministre du Commerce, qui avait carrément sommé la société qatarie d'accélérer la cadence de travail. Le département de Mustapha Benbada, qui avait tracé tout un programme pour l'approvisionnement du marché national pour le mois de Ramadhan, avait adressé dans ce sens une correspondance à la direction de l'entreprise qatarie. La direction de DPW s'est empressée, en réaction, d'annoncer l'acquisition de 2 grues mobiles portuaires (MHC) à même, selon son communiqué, de «contribuer à l'efficacité du port, l'amélioration de la chaîne d'approvisionnement et les flux de marchandises pour les importateurs et les exportateurs». Cette politique de replâtrage suivie par l'opérateur qu'on présentait comme la solution miracle à l'engorgement du port de la Capitale ne saurait porter ses fruits. Et jusqu'ici la situation ne plaide pas forcément pour la poursuite de la présence de l'opérateur en Algérie.