Mardi, le président Obama était loin de crier victoire en mettant officiellement fin à la mission de combat des troupes américaines en Irak. Il n'y avait pas non plus de quoi pavoiser si l'on venait à faire un bilan qui ne peut être que triste après sept années de guerre décidée par George W. Bush. Ce fut la « busherie ». Plus de 100 000 morts parmi les civils irakiens. Près de 5000 américains dans une guerre qui n'a servi qu'à destituer Saddam Hussein. Et plonger le pays dans le chaos. Les Etats-Unis sont donc loin du triomphe. Mais pour Obama, c'est « promesse tenue ». Pour les Irakiens, c'est le début du soulagement dans la douleur. L'Irak, ce n'est nullement une guerre gagnée. Plutôt, un massacre. Quant à affirmer que l'Irak « s'est dit prêt à assurer la relève, ce n'est ni plus ni moins qu'utopique face à la situation économique qui y prévaut avec, entre autres, un chômage au plus haut niveau. Sept ans après l'invasion de l'Irak, à laquelle il s'était opposé, M. Obama s'est donc adressé dans la soirée à ses compatriotes depuis le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison-Blanche. Il a téléphoné dans la journée à son prédécesseur George W. Bush, qui avait lancé son pays dans la guerre en 2003. «Je vais prononcer un discours à la nation ce soir. Ce ne sera pas un tour d'honneur, ce ne sera pas de l'autocongratulation. Nous avons encore beaucoup de travail pour faire en sorte que l'Irak soit un vrai partenaire», a prévenu M. Obama, en rencontrant dans la journée des anciens d'Irak à la base militaire de Fort Bliss (Texas). Les effectifs de l'armée américaine en Irak sont passés sous la barre symbolique des 50.000 soldats. Depuis hier, ils sont chargés «de conseiller et d'aider» l'armée irakienne. Selon le calendrier énoncé par M. Obama après sa prise de fonctions, ils devront être partis à la fin 2011. À Bagdad, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant» et a assuré que son armée était capable d'assurer la sécurité, dans un Etat qui reste cependant en proie à la violence et à l'instabilité politique. La déclaration du premier ministre irakien est, elle aussi, très signaficative. Lui-même semble reconnaître l'évidence d'une occupation américaine si l'on en juge par ses propres propos en soulignant que « l'Irak était désormais indépendant ». L'optimisme de M. Maliki a été quelque peu entamé par son ministre de la Défense, Abdel Qader al-Obeidi, qui a estimé à la télévision qu'en 2012, soit après le retrait complet des Américains, les forces irakiennes ne seraient capables d'assurer la sécurité qu'à «95%». Alors que l'Irak n'a toujours pas de gouvernement près de six mois après des législatives, le conseiller adjoint de M. Obama pour la sécurité nationale, Ben Rhodes, a appelé les dirigeants irakiens à «progresser avec un sentiment d'urgence pour former un gouvernement». Le vice-président américain Joe Biden, qui s'est entretenu à Bagdad avec M. Maliki, a tenu de son côté à minorer la gravité de la situation sur le terrain: «Nonobstant ce que la presse nationale dit sur la hausse des violences, les choses sont très différentes», a-t-il estimé, jugeant la situation «beaucoup plus sûre». Après plusieurs mois de retrait graduel, le contingent américain en Irak est actuellement de 49.700 hommes, contre 170.000 au plus fort des violences confessionnelles de 2007. Un peu plus de 4.400 militaires américains ont péri en Irak depuis 2003. Aucune manifestation de joie n'était visible dans les rues irakiennes. Le peuple est bien loin de « l'indépendance » évoquée par les dirigeants du pays. Ce nouveau silence des armes américaines et des Irakiens entre eux, ne fait que confirmer ce que Giap, le général vietnamien avait dit de l'ex Amérique de George W. Bush : « C'est un mauvais élève ». La guerre d'Irak est la seconde guerre après celle d'Afghanistan caractérisée par la doctrine Bush de guerre préventive et concernant ce que certains appellent le nouvel empire américain.