L'Algérie peut-elle se permettre d'interdire indéfiniment le crédit à la consommation ? Pas si sûr que ça, même si pour le moment les autorités se montrent intransigeantes sur la question comme l'a fait à plusieurs reprises le ministre des Finances, Karim Djoudi. Lors de sa dernière sortie jeudi à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du Parlement, le premier argentier du pays s'est même montré catégorique. «Le gouvernement n'a pas changé d'opinion à ce sujet. Il ne compte pas rétablir le crédit à la consommation, notamment celui relatif à l'achat de véhicules à tempérament par les citoyens auprès des concessionnaires étrangers établis en Algérie», a affirmé M. Djoudi dans ses réponses aux questions de la presse. Voila donc une réponse qui à le mérite d'être claire, surtout à un moment où la rumeur donnait le retour du crédit à la consommation, comme imminent. Les autorités, malgré donc les pressions de l'opinion, des opérateurs et même du Fonds monétaire international, ne sont pas près de céder sur ce dossier. Au FMI qui demandait, dans une lettre adressée au gouvernement algérien, la levée de l'interdiction, le ministre des Finances avait délivré une réponse pour le moins cinglante. «Nous sommes souverains dans notre politique économique», avait-il lâché. Et si on analyse de près les propos du ministre, on peut se rendre compte facilement qu'il faudra encore longtemps pour que l'exécutif révise sa position à l'égard du crédit à la consommation. Le ministre qui a démenti formellement les rumeurs a souligné que le gouvernement reste intransigeant sur cette question en excluant toute mesure en ce sens, que ce soit dans le court ou le moyen termes. Karim Djoudi a justifié l'attitude du gouvernement algérien à l'égard du crédit à la consommation par le fait que ce genre de crédit est caractérisé par trois éléments majeurs. Premièrement, «il est orienté vers l'acquisition de véhicules importés au bénéfice exclusif d'une industrie qui n'existe pas en Algérie», deuxièmement, «il est développé par des banques privées, particulièrement étrangères» et troisièmement, «il y a un emballement démesuré de la demande qui s'opère auprès des ménages et qui crée des situations très difficiles, voire de surendettement». Les autorités se sont donc montrées complètement sourdes aux appels d'un certain nombre d'opérateurs économiques, dont les secteurs étaient boostés par le système des crédits à la consommation. Il est vrai que dans l'absolu ce système contribue à impulser la dynamique de la consommation des ménages et par conséquent, elle constitue un vrai propulseur pour la production nationale. L'économie a ainsi besoin de ce type d'instruments qui participe à la dynamisation de la chaîne production-consommation. Certes, les premiers secteurs à tirer profits de ces systèmes demeurent les banques et les compagnies d'assurances qui avaient d'ailleurs connu une progression importante de leurs chiffres d'affaires. Il permettait aux établissements bancaires de faire fructifier les surliquidités qu'ils traînent comme des boulets, bien que les crédits aux particuliers ne représentaient que 8 à 10 % du portefeuille des banques, soit environ 210 milliards de dinars sur les 2.100 milliards de dinars qui constituent le montant total des crédits alloués par les banques.