Il fut un temps où Ramadhan passait pratiquement inaperçu à Montréal. Les musulmans ne se comptaient que par dizaines. Comme étaient rares, si ce n'est inexistants, les magasins qui affichaient le label halel. Et encore plus rares encore les restaurants qui affichaient le « special » du Ramadhan avec h'rira ou frik, ou encore beghrir ou zlabia. Quant à aller à la mosquée pour ettarawih, il ne fallait même pas y penser tant les salles de prières étaient rares. C'était il y a à peine une vingtaine d'années, époque où les musulmans se cherchaient pour quelques échanges de routine. Mais depuis, bien de l'eau a coulé sous les ponts du Saint Laurent, qu'ils s'appellent pont Champlain ou pont Jacques Cartier. Aujourd'hui, bien qu'il n'y ait aucun « accommodement raisonnable » pour les jeûneurs, Ramadhan s'affiche de lui-même un peu partout dans la métropole la plus multi ethnique du pays le plus proche de l'Alaska. Sur la principale artère de Montréal, la rue Sainte Catherine, il est de plus en plus fréquent de se retrouver nez à nez avec la devanture de restaurants affichant le label halel ou le menu très varié avec des plats bien de chez nous incluant zlabia et autres douceurs typiquement orientales. Les dattes, Deglet Nour par exemple, brillent par leur absence parce que, pour la troisième année au moins, la datte tunisienne a tout simplement remplacé l'algérienne faute d'importateur. Un autre marché que notre pays vient de perdre. Les épiceries algériennes se taillent de plus en plus des places de choix. Au marché Jean Talon, très fréquenté par la communauté maghrébine, les marchands algériens s'installent de plus en plus d'année en année. On y trouve du pain maison à base de semoule, bien tendre et tout chaud, merguez tout frais préparé en présence du client. En période normal, les midis des fins de semaines, pendant que les Québécois de Montréal dégustent les épis de mais, les algériens habitués du coin s'attardent pour déguster un bon morceau de méchoui cuit en plein air, dans l'aire extérieure du marché. Inutile de vous parler des bonnes odeurs… Je vous laisse imaginer. Un peu plus à l'est, pas très de loin de ce marché bien connu et lieu de rencontres des samedis et dimanches, le Petit Maghreb qui rappelle étrangement la Petite Italie, rassemble le plus grand nombre de commerçants la plupart Algériens, Tunisiens et Marocains. Ici, rien ne manque cçoté ingrédients pour une h'rira algérienne ou un tadjine marocain incluant le plat traditionnel pour le service ou encore les verres à thé argentés, dorés, etc. La gamme complète pour une meida bien garnie à la mode de chez nous pour un bon repas arrosé de Sélecto, un autre produit typiquement algérien. Seules les soirées diffèrent. Elles sont, certes, algériennes, tunisiennes et marocaines mais pas aussi longues qu'au pays. Pas aussi animées par les interminables parties de domino. Les lendemains pourraient être bien difficiles avec des nuits bien courtes, le ventre creux et le gosier à sec. Les horaires de travail ne connaissent aucun aménagement. De 9h à 17h. Cinq jours semaine. Un mois durant. Les seuls « quartiers libres » que l'on peut se permettre, c'est la fin de semaine, veille du congé hebdomadaire. Avec des hauts et des bas côté ambiance, il fait, néanmoins, bon vivre Ramadhan à Montréal. Saha f'torkoum.