Déterminante pour la souveraineté même des états et leur stabilité sociale, la sécurité alimentaire est , sans doute, le tout prochain défi à relever pour les pays arabes. Leur facture alimentaire ne cessant de croître, que ce soit au Maghreb ou au Machrek. En cause, une productivité en rase motte et une dépendance dangereuse à l'importation massive de denrées alimentaires. A coup de fortes devises, et autres pétrodollars, les arabes achètent au détriment de leur balance commerciale. Le contentement alimentaire se fait également au détriment du développement d'autres secteurs. A l'occasion de la journée arabe de l'agronome, une conférence débat a été organisée hier au centre de presse d'El Moudjahid au sujet de la sécurité alimentaire dans les pays arabes. Selon l'union nationale des agronomes, partie prenante lors de cette rencontre, la facture alimentaire, dans les pays arabes comme en Algérie, reste faramineuse, et la cadence à la hausse, inchangée depuis 20 ans. Ceci, malgré la prise de conscience de la plupart des gouvernements. La réunion interarabe de ces derniers mois le prouve. D'après M.Zane Yahia, président de l'union, il y va de la sécurité de nos pays et ça, les gouvernements l'ont enfin compris. Le premier semestre de l'année 2008, a été entaché de grande crise de produits alimentaires, qui a touché de plein fouet les pays arabes. Des émeutes de la faim auraient même éclaté dans certains coins de la région. Après la fracture numérique, nos pays ont connu une fracture alimentaire. Selon l'expert, le déficit a atteint 22,5 Milliards de Dollars en denrée alimentaire, à cette époque. Une situation qui a poussé nos pays à réviser leur politique en la matière. Situation dans les pays arabes En 2008, la forte hausse des prix des produits alimentaires a fortement perturbé les marchés locaux arabes. Très vulnérables, les pays du Maghreb et du proche orient importent de tout temps au mois 50% des calories qu'ils consomment. Pire, leurs habitudes alimentaires, basées essentiellement sur les céréales et le lait, n'arrange en rien les choses. Les prix de ces produits étant des plus volatiles sur les marchés mondiaux. Premiers importateurs de céréales dans le monde, les pays arabes dépendent entièrement des fluctuations des prix de produits de base sur les marchés mondiaux. Plus délicat encore, selon les experts, unanimes a ce sujet, la vulnérabilité de nos pays risque probablement de s'aggraver à l'avenir. La forte croissance démographique attendue dans ces pays, et la faible productivité de l'agriculture dans ces régions, y sont pour beaucoup. Comment peut-on atteindre la sécurité alimentaire? Selon le président de l'Union nationale des agronomes, 3 stratégies se présentent devant nous pour parvenir à la sécurité alimentaire dans les pays arabes. D'abord un filet de protection social au bénéfice des familles, pour atténuer, l'influence de la flambée des prix, si il en est. Cette stratégie passe également par l'éducation des populations arabes. Ces derniers doivent apprendre à diversifier leur consommations par des denrées de substitution afin de minimiser leur dépendance aux marchés internationaux. La réorientation des habitudes alimentaires des populations arabes en général et des algériens en particulier, est par ailleurs une nécessité. Seconde stratégie à entreprendre selon l'intervenant, l'amélioration des conditions de vie en milieu rural, et la promotion de la productivité. Il faut investir en l'homme. L'investissement dans la recherche et surtout dans la ressource humaine, constitue selon tous les intervenants, le principal moteur de croissance dans ce domaine. La veille sur les marchés mondiaux en cas d'achat, les prévisions à long et a moyens termes, constituent par ailleurs le type d'instruments qui gagneraient a être exploités chez nous. Enfin, la réduction de la vulnérabilité du marché national, notamment grâce à l'amélioration de la chaine d'approvisionnement, la mise en place de stocks de sécurité et la révision des passations de marchés est dorénavant de mise. L'autosuffisance n'est pas tout, faut il encore que les populations aient accès aux denrées alimentaires, bien qu'existantes. Le Soudan s'offre aux Arabes Voila que le Soudan refait surface. Ses 80 millions d'hectares arables et ses réserves exceptionnelles en eau, ainsi que ces 150 millions de têtes de bovins, font de ce pays le grenier potentiel de tout le monde arabe en matière de denrées alimentaires. Selon un représentant de l'ambassade du Soudan, invité à la conférence débat, son pays se dit prêt a accueillir les investisseurs arabes publics et privés, les algériens en tête. Le pays recèle de potentialités immense mais a des difficultés financières à les exploiter. Il fait à ce titre appel à une solidarité arabe. Si ces investissements venaient a se confirmer, les capacités du Soudan, pourraient a elles seules contenter entièrement le déficit alimentaires des pays arabes selon les intervenants. Malheureusement aucune campagne d'information n'a été mise en place pour le moment par les soudanais à ce sujet, mais leur représentant a tout de même confirmé des pourparlers avec des responsables algériens.