La reprise de l'économie mondiale à partir de mi-2009 s'est accompagnée d'une augmentation de la demande pétrolière qui se poursuit en 2010 (+2,2%), stimulée par les pays émergents, souligne l'IFP Energies nouvelles, dans une étude sur l'évolution des investissements mondiaux en 2010 dans le secteur de l'exploration-production et du raffinage. L'essoufflement de l'économie américaine à partir de mi-2010 et la perspective d'une croissance molle, à laquelle l'Europe ne semble pas échapper, laissent présager une stabilisation voire une diminution de la demande pétrolière dans ces pays. Pour 2011, face aux incertitudes croissantes planant sur la reprise économique mondiale, notamment dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit un ralentissement de l'évolution de la demande (+1,3 Mb/j soit 1,3% de croissance) qui se concentre de plus en plus dans les pays émergents. Le repli dans les pays OCDE peut être interprété comme «un signe avant coureur d'un déclin structurel en 2011". Pour le gaz, la demande mondiale continue de baisser en 2009 (-2,8%), mais à un rythme moins élevé. Cette baisse se concentre surtout dans les pays de la CEI et dans une moindre mesure en Europe et en Amérique Latine. Pour 2010, l'AIE a récemment annoncé une baisse importante au deuxième trimestre dans les pays OCDE, notamment en Europe. Après la crise économique majeure de 2009, le retour de la croissance économique soutenue dans les pays émergents et plus modestes pour les pays OCDE, a contribué à soutenir les cours du pétrole qui évoluent dans la zone des 70 à 80 dollars le baril depuis octobre 2009. Le pétrole a été comme l'année passée, largement influencé par les mouvements boursiers reflet des anticipations économiques. Il a ainsi alterné les mouvements baissiers et haussiers au gré de la perception du contexte : chute significative de 80 à 70 dollars le baril en début d'année 2010 liée aux craintes pour la zone euro, forte remontée des cours en avril et en juillet à plus de 80 dollars le baril en raison de l'annonce des résultats positifs des sociétés. Depuis septembre, la vision d'une croissance moins solide que prévu pour ce qui est des Etats-Unis explique un certain attentisme des marchés sur la base d'un prix du Brent autour de 75 dollars le baril. C'est un niveau proche de ce qui est attendu en moyenne sur l'année, autour de 77 dollars le baril soit 17 dollars le baril au dessus du prix 2009. Un relais de croissance plus marquée aux Etats-Unis en 2011 pourrait aboutir à une légère pression (plus de 80 dollars le baril), mais à priori sans emballement excessif compte tenu des marges de production disponibles sur le marché. Sur le front gazier, les écarts de prix entre marchés spots, anglais et américain en particulier, par rapport aux contrats indexés de long terme du marché continental européen restent très importants. En léger repli toutefois par rapport aux records de 2009, le prix long terme se situe encore à des niveaux élevés de l'ordre de 40 % au dessus du prix anglais et du double du prix américain. La prise en compte dans certains contrats d'une part spot de l'ordre de 15 % atténue légèrement ces écarts, mais la pression reste forte de la part des acheteurs pour modifier plus profondément ces contrats indexés sur les produits pétroliers. La reprise de la demande a permis de résorber une partie des surcapacités de production de l'OPEP qui sont passées de 6.6 Mb/j en aout 2009 à 6.1 Mb/j à l'automne 2010. Dans le domaine du gaz, l'essor des gaz non conventionnels aux Etats-Unis contribue toujours à mettre le marché en surcapacité. Dans le raffinage, les surcapacités continuent de s'alourdir, entraînant un maintien des marges détériorées et plongeant dans le rouge les comptes des compagnies pétrolières. Des restructurations pour équilibrer l'offre et la demande ont déjà commencé dans les pays de l'OCDE – fermetures, transformation des équipements…-, et devraient s'accélérer dans les années à venir. Les projets, quant à eux, devraient continuer sur leur lancée notamment dans les pays émergeants, accentuant à moyen terme les surcapacités mondiales. Pour 2010, les investissements mondiaux en exploration et production (E&P) bénéficient de la reprise de la demande. Ils devraient afficher une hausse de 5 à 10% et atteindre 450 milliards de dollars en moyenne. Ceci représente 20 à 40 dollars de dépenses supplémentaires par rapport à 2009. L'Amérique du Nord, zone la plus touchée par la crise en 2009 est, comme attendu, celle qui profite le plus de la reprise avec une hausse de 15 à 20% des dépenses. Dans le reste du monde, les investissements sont en hausse nettement plus modeste, de 5 à 9%. Pour 2011, on peut s'attendre à une nouvelle progression des investissements, de l'ordre de 10 à 12%. D'importants projets sont en cours en Irak et au Brésil. Par ailleurs l'exploitation des gaz de schistes devrait soutenir les dépenses en Amérique du Nord, en Australie et en Chine notamment. Enfin, les nouvelles thématiques d'exploration, telles que les zones antésalifères ou arctiques offrent de nouvelles opportunités pour le moyen et long termes. Le récent accord frontalier entre la Norvège et la Russie dans la zone arctique ouvre de nouvelles perspectives quant à l'exploration dans cette zone. Alors qu'elles étaient les seules à avoir continué à investir pendant la crise, les 5 majors affichent une croissance modeste des investissements pour 2010. Les indépendants internationaux, qui avaient le plus réduit leurs investissements. en 2009, tirent ceux-ci à la hausse en 2010 avec une augmentation des dépenses supérieures à 10%. Enfin, les compagnies nationales, qui avaient dans l'ensemble réduit fortement leurs investissements en 2009, affichent pour 2010 une reprise de 5 à 10 % environ, atteignant même parfois 20% pour certaines compagnies asiatiques.