Alors qu'ils espéraient leur association au plan d'effacement des dettes décidé par le président de la République en faveur des professionnels de l'agriculture, les propriétaires des huileries, de chambres froides et aviculteurs ont eu droit hier à un niet catégorique de la part du premier responsable du secteur, Rachid Benaissa. Les démarches effectuées depuis plusieurs mois par les membres de ces filières qui se sont plaints de leur marginalisation dans la gestion de ce dossier ont apparemment été vaines, si l'on se réfère au verdict rendu par le ministre de l'Agriculture qui, dans son intervention hier, en marge de la tenue à Zéralda d'une rencontre organisée par l'Union nationale de paysans algériens (UNPA), a opposé une fin de non recevoir à la revendication. Il a cependant, proposé, en lieu de l'effacement des dettes un plan de rééchelonnement. Rachid Benaissa n'a d'ailleurs même pas laissé de place à l'espoir chez les agriculteurs affiliés à ces branches. «Le dossier est clos», a-t-il rétorqué, à cette occasion. En 2009, le président de la République s'était engagé à effacer la totalité des dettes et ordonné aux banques de cesser les opérations de recouvrement. C'est donc la promesse présidentielle qui se retrouve amputée du fait d'une décision sélective qui finalement bénéfice à certains mais pas à d'autres. Depuis plusieurs années, propriétaires de huileries, de chambres froides et des aviculteurs n'ont jamais cessé de se plaindre auprès de leur ministère de tutelle, qui, aujourd'hui leur a livré une réponse qui décevra plus d'un. Et même par rapport à cette histoire de rééchelonnement, le ministre préfère prendre ses distances et dégage même sa responsabilité de ce dossier qui attend un dénouement depuis très longtemps. «C'est une affaire entre les opérateurs et leurs banques. Les directeurs généraux de la BADR et CNMA ont exprimé leur volonté de pouvoir étudier la possibilité de rééchelonner les dettes à ces opérateurs», a-t-il souligné. Reste à savoir maintenant si ces investisseurs vont-t-ils ou non accepter ce «cadeau empoisonné». En revanche, le ministre n'a pas révélé le nombre d'agriculteurs qui seront concernés par cette mesure, encore moins le montant global de la dette à rééchelonner. Les dettes en question seraient évaluées à 700 milliards de centimes. Décidée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika en février 2009, l'opération d'effacement de la dette contractée par les agriculteurs auprès des banques a déjà permis d'effacer près 37 milliards de DA sur les 41 milliards représentant le montant global de la dette, a rappelé Benaissa. Plus de 77 000 agriculteurs en étaient concernés. En février 2009, le président s'était engagé à effacer l'ensemble de la dette des agriculteurs et des éleveurs qui seraient ainsi rachetées par le trésor public. Le chef d'Etat avait ordonné aux banques de cesser les opérations de recouvrement. Les critères pris en considération par le ministère des Finances qui chapeaute ce dossier ont touché uniquement les agriculteurs et les éleveurs ayant subi des pertes financières dues à la sécheresse. La disposition exclut ainsi les investisseurs, dont les aviculteurs et les propriétaires de chambres froides et d'huileries, parce que «ces activités ont bénéficié de subventions de l'Etat à hauteur de 40% par exemple, pour les opérateurs ayant installé des huileries», a argué le ministre. Ce n'est pas le seul point d'achoppement. En mars 2009, les divergences sur le nombre d'agriculteurs bénéficiaires de l'effacement ont éclaté au grand jour. Si les services du ministère de l'Agriculture ont avancé le chiffre de 110 000 agricultures, l'UNPA avait donné le chiffre de 175 000, soit plus de 65 000 de plus par rapport aux statistiques du département de Rachid Benaïssa.