Il s'avère donc que la patrie des Droits de l'homme est bel et bien raciste, dans ses structures sociales et administratives. Sous l'intitulé «Trajectoires et origines : enquête sur la diversité des populations en France», cette enquête tord le cou à bien des idées reçues sur l'immigration en France. En effet, il existe de fortes disparités entre les immigrés et la population «majoritaire», c'est-à-dire les Français de souche et les autres d'autres origines naturalisés français. Cette enquête discrédite les thèses communautaires affirmant que les Maghrébins préfèrent le repli identitaire. Le volet économique de l'enquête apporte dans ce sens un argument de poids pour combattre le stéréotype du «renfermement communautaire». L'autre idée reçue et souvent avancée par certains, des politiques est celle portant sur les quotas pour ne faire venir que les immigrés les plus qualifiés. Foutaise. Une aberration, selon les résultats de cette enquête. D'après le chercheur de l'Ined, Cris Beauchemin qui est aussi co-auteur du rapport de l'enquête, «naturellement déjà, ce sont les personnes les plus qualifiées qui immigrent». Mieux : les hommes Maghrébins et Subsahariens sont même plus qualifiés, en moyenne, que leurs homologues issus du groupe «majoritaire»... Les «Beurettes» réussissent mieux que leurs frères Nonobstant les efforts importants prodigués par les immigrés maghrébins, l'aliénation sociale de ces derniers, opérée par un ordre social discriminatoire, est en perpétuel essor. En effet, selon la même enquête, les enfants d'immigrés réussissent moins bien que leurs parents. Le taux de chômage des enfants d'immigrés, notamment originaires du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, dépasse les 20 %, tandis que celui de leurs parents variait entre 10 % et 15 %. D'après Cris Beauchemin, «on ne compare pas ici les descendants à leurs parents, mais à des immigrés du même âge qui ont souvent un niveau d'éducation supérieur». Autrement dit, le fils d'un ouvrier maghrébin sera indubitablement un ouvrier, étant l'ascenseur social en panne. Quant aux filles d'immigrés, elles réussissent fort bien que leurs frères. En effet, selon le rapport d'enquête, les filles d'immigrés décrochent bien plus souvent un diplôme d'éducation supérieur (33 % contre 25 %). Pour Cris Beauchemin, les «beurettes» font même mieux que les Français d'origine. «Ce qu'il faut souligner ici, c'est que les filles d'immigrés font même mieux que les filles du groupe «majoritaire», affirme-t-il. Sur le marché du travail également, elles sont également mieux considérées. «Le taux de chômage des femmes nées de parents issus de l'immigration est souvent inférieur à celui de leurs homologues masculins», relève-t-on du rapport. Le salaire le plus important facture discriminatoire Les salaires en France suivent une logique raciste. Pour la même fonction et le même grade dans l'entreprise, les salaires sont octroyés suivant l'appartenance ethnique. «Il n'y a pas de doute là-dessus : après le chômage, le salaire est un important facteur de discrimination», relève Cris Beauchemin. Ainsi, les immigrés originaires du Maghreb et d'Afrique subsaharienne gagnent, en moyenne, 13% à 15% de moins que les Français «majoritaire», ou les autres immigrés d'autres origines, à des postes similaires.