Le congrès raciste intitulé «Assises contre l'islamisation de l'Europe» a été autorisé par la préfecture de Paris. Nul n'est vraiment surpris de voir encore une fois invoquer le sacro-saint principe de «liberté de réunion» qui, précise la préfecture parisienne, fait partie des «libertés fondamentales». L'argument est systématique quand il s'agit de manifestations antimusulmanes. Et il est très spécieux. Il suffit pourtant d'imaginer - et cela n'a rien de farfelu dans une Europe civilisée où s'est déroulée la solution finale - que l'intitulé de la rencontre parisienne soit «assises contre la judaïsation de l'Europe» pour que le préfet auteur de cette assertion change d'avis. Jamais, en effet, une autorité française - et elle aurait absolument raison de le faire - n'aurait accepté que des groupes politiques organisent dans un espace public une réunion avec un intitulé ouvertement raciste. On a de la peine à comprendre pourquoi le préfet de Paris ne comprend pas que des «assises contre l'islamisation de l'Europe» n'auraient rien de différent avec des «assises contre la judaïsation de l'Europe». Le racisme antimusulman est-il considéré comme légitime ? Il n'y a aucun doute - et les organisations de droits de l'homme en France mettent à juste titre en garde contre les miasmes odieux de la bête immonde qui continue à bouger - sur le caractère raciste et vindicatif des organisateurs de ces assises. Ces organisations relèvent de la grande tradition fasciste européenne, celle qui hait les étrangers, les métèques, les colorés, les «impurs» et appelle à les bannir avant de les exterminer. Le préfet de Paris est bien sourd. L'un des acteurs de cette rencontre raciste autorisée estime qu'il y a trop de musulmans en France. Rien de moins. Comme une partie de ces musulmans est constituée de Français et qu'ils peuvent en toute logique ne pas accepter que des factieux viennent mettre en doute leurs droits élémentaires, le laisser-faire de l'Etat s'apparente tout simplement à un encouragement à la mise du pays dans une situation de confrontation, voire de guerre civile. Les Français de religion musulmane peuvent constater que la parole raciste est libre mais que pour quelques femmes qui mettent le niqab, l'Etat français se mobilise et légifère. La logique de stigmatisation est générale, des «petits philosophes» racistes écumant dans les médias publics ayant lancé le starter de la diversion antimusulmane. Dans la France laïque anti-communautaire, un copieux discours raciste ordinaire se met en place pour pousser justement les musulmans au réflexe communautaire. La laïcité est en train d'être pervertie et devient l'argument «républicain» de l'extrême droite et des fascistes. Le fait que la préfecture de Paris - donc l'Etat français - ne voie rien d'attentatoire à la loi dans un congrès ouvertement raciste est très inquiétant.