Alors que le gouvernement n'a cessé depuis plusieurs mois de marteler que l'inflation était restée stable dans le pays, le premier responsable de la Banque d'Algérie vient de démontrer chiffres à l'appui, que le phénomène a bien évolué dans le sens de la hausse. Présentant devant les députés le rapport de conjoncture, le Gouverneur de la banque, Mohamed Laksaci, a annoncé que l'inflation, calculée à partir de la moyenne annuelle de l'évolution des prix des produits de consommation, a été de 5,7 % en 2009, le taux le plus élevé depuis 1999. Nous sommes donc tout de même loin du chiffre défendu par certains membres du gouvernement et qui tournait autour de 4%. Et si l'on compare le taux enregistré en 2009 à celui de 2008 qui était de 3,5 %, l'on se rendra facilement compte que l'inflation a réellement pris les chemins ascendants comme le soupçonnaient tous les observateurs. Cette envolée de l'inflation est notamment poussée par l'augmentation des prix des produits agricoles frais et de certains produits importés, comme l'ont constaté à la base les citoyens. D'après le rapport de la BA, l'inexistence de gardes fous pour l'activité commerciale est à l'origine de cette situation. Selon plusieurs rapports conjoncturels de l'Office national des Statistiques (ONS) publiés en 2009 et début 2010, la hausse de l'inflation était également liée à l'augmentation sensible du prix des biens manufacturés et des prestations de service. Durant toute l'année 2009, tous les produits alimentaires, particulièrement le sucre, le poisson frais, les volailles et les légumes secs, ont connu une durable flambée des prix. Durant la même période, la variation mensuelle de la hausse des prix tournait autour de 2 %. Côté officiel, l'importance de l'inflation est, entre autres, expliquée par la forte injection monétaire liée aux programmes d'équipements publics. La banque d'Algérie craint que l'absence de régulation menace à terme la stabilité de l'économie globale du pays. Les indicateurs macro-financiers consolidés au premier semestre 2010 Lors de son intervention devant les députés, le Gouverneur de la Banque d'Algérie a assuré que les indicateurs macro-financiers de l'Algérie se sont relativement consolidés au premier semestre 2010 en dépit des incidences du choc externe de la crise économique mondiale sur les ressources publiques, ce qui dénote, selon lui, « une résilience » face à la recrudescence des risques financiers dans la zone euro. M. Laksaci a estimé que cette stabilité financière permettra de « poursuivre le programme d'investissements publics à la faveur de la consolidation des réserves du Trésor ». Les réserves du Trésor ont atteint au cours de la même période 292,3 milliards de DA au titre des dépôts auprès de la Banque d'Algérie, Ce qui a permis de réduire son déficit à 61,6 milliards de DA contre 228,7 milliards de DA au premier semestre 2009. Les réserves de change officielles ont atteint 146,23 milliards de dollars à fin juin alors que la dette extérieure a été évaluée à 4 milliards de dollars, ce qui prouve, selon M Laksaci « la solidité de la situation financière extérieure de l'Algérie ». Par ailleurs, la balance des paiements a enregistré un solde positif de 7,1 milliards de dollars à la faveur de l'accroissement des exportations d'hydrocarbures qui sont passés à 27,6 milliards de dollars soit une hausse de 38,3 % par rapport à la même période de l'année précédente. Les exportations d'hydrocarbures ont été notamment boostées par la hausse des cours du pétrole dont la moyenne est passée de 52,23 dollars au premier semestre 2009 à 77,5 dollars au premier semestre 2010, a ajouté M. Laksaci qui a indiqué que les exportations pétrolières ont également enregistré une légère hausse de 1,65 % durant la même période. Forte croissance hors hydrocarbures, mais… L'économie nationale hors hydrocarbures a enregistré une forte croissance en 2009 en dépit de la baisse de la demande pétrolière mondiale et ce qu'elle a induit comme baisse de la valeur des exportations et de la fiscalité pétrolière, selon Mohamed Laksaci. « La croissance économique enregistrée en 2008 s'est poursuivie au même rythme en 2009 (...) avec une croissance de 2,4% du PIB global estimé à 10017,5 milliard de DA », a-t-il indiqué. En dépit de la récession dans le secteur des hydrocarbures pour la quatrième année consécutive, l'économie nationale est restée stable durant l'année écoulée grâce notamment à la vitalité d'autres secteurs comme l'agriculture, les services, le bâtiment et les travaux publics, selon l'exposé du Gouverneur. Les secteurs hors hydrocarbures ont réalisé de meilleures performances en 2009 avec une croissance de 9,3% du PIB soit la meilleure performance depuis la dernière décennie (une hausse de 3 points par rapport à l'année précédente). Cette croissance a été favorisée notamment, selon le même responsable, par la vitalité des secteurs de l'agriculture (20%), des services (8,8%), du bâtiment et des travaux publics (8,7%) dans une conjoncture marquée par la relance de l'activité industrielle et la baisse du taux de chômage (10,2%). Cependant, ajoute M. Laksaci, ces performances hors hydrocarbures « restent tributaires des programmes d'investissements publics alors que l'économie nationale demeure dépendante des ressources en hydrocarbures et des importations ». Les importations stagnent Les importations ont accusé une légère baisse de 1,5% en raison du recul de l'importation des produits alimentaires (11%), les autres produits de consommation (30, 4%), les produits semi-finis (7,2%) et les biens d'équipement industriels (6,5%). S'agissant de la situation monétaire, le responsable de la Banque d'Algérie a indiqué que le flux des dépôts dans les banques en dehors de la Banque centrale est estimé à 180 milliards de DA dont 88 milliards de DA appartiennent à Sonatrach. Les crédits bancaires accordés jusqu'à fin juin dernier ont augmenté de 9,35%. Cette hausse est due au rachat des « créances douteuses » des banques par le trésor pour un montant de 208,5 milliards de DA. Le secteur public a bénéficié, a indiqué M. Laksaci, de 55,7% de ces crédits. La Banque centrale a poursuivi l'absorption de l'excès des liquidités bancaires qui se sont stabilisées à 1.100 milliards de DA par rapport au premier semestre 2009.