L'intransigeance observée dans la position du gouvernement algérien à propos du dossier Djezzy, va-t-elle s'avérer finalement payante, malgré le scepticisme affiché au début par beaucoup d'experts en la matière ? En tout cas, les derniers développements enregistrés sur la scène ne sont pas en faveur de l'opérateur égyptien qui, selon toute vraisemblance, avait crié trop tôt victoire après la signature de l'accord avec le russe Vimplecom portant sur un échange d'actions et de propriété sur des filiales dont Djezzy. Il faut dire qu'Orascom n'est apparemment pas au bout de ses déceptions dans cette affaire. Ainsi, après les doutes exprimés par les principaux actionnaires du géant russe des Télécoms sur cet accord et la baisse enregistrée dans l'action du groupe Orascom à la Bourse du Caire, c'est le ministre de la Poste, des Technologies de l'information et de la Communication, Moussa Benhamadi, qui s'est chargé d'enfoncer le clou dans le dossier en annonçant ce lundi, que l'opération de reprise de Djezzy par l'Algérie allait durer plus longtemps que prévu. En effet, le ministre a annoncé à l'APN que le gouvernement entamera, pendant le premier semestre de 2011, des discussions avec Orascom Télécom Holding (OTH), sur la nationalisation de sa filiale, insistant dans le même temps sur le fait que le gouvernement ne compte pas engager des négociations avec Vimpelcom. Voila qui a le mérite d'être clair. «Les négociations pour l'acquisition de Djezzy auront lieu dans la première partie de 2011», a-t-il précisé, indiquant que la Banque d'investissement qui évaluera Djezzy «doit être sélectionnée en janvier». M. Benhamadi a justifié le report de l'opération au 1er trimestre 2011 par le temps pris pour le retrait du cahier de charges et l'évaluation des offres, et puis la désignation du Bureau d'études qui accompagnera l'Etat dans le processus de nationalisation. Mais, il a laissé entendre que le processus pourrait même aller au-delà. «L'opérateur égyptien est un opérateur télécom qui a des actifs, un portefeuille clients, un management, un réseau et un savoir-faire», a expliqué le ministre. M. Benhamadi a confirmé que l'Algérie ne considère pas VimpelCom comme interlocuteur dans le processus de nationalisation de Djezzy. «Nous négocierons avec OTH (Orascom Télécom Holding) parce que c'est notre partenaire et l'unique propriétaire de la licence». La ligne réaffirmée par le ministre des Finances, Karim Djoudi, jeudi dernier. L'Algérie négocie avec la «maison-mère», OTH, et seulement avec elle. «Nous avons une relation avec OTH qui est le détenteur de la licence GSM et qui est détenteur des actions de Djezzy. OTH a émis son intention de vendre à l'Algérie OTA. Nous avons engagé une opération de rachat OTA. OTH a marqué sa disponibilité à nous la vendre...», avait-il martelé. Vraisemblablement, le gouvernement algérien a compris que le temps joue pour lui et cela ne fera qu'accentuer le doute sur la concrétisation de l'accord passé entre le groupe OTH et Vimplecom. Ce dernier pourrait être amené, sous la pression de ses actionnaires, à abandonner l'idée de racheter le groupe OTH. Une éventualité que craindraient fortement les Egyptiens qui se retrouveront dans la case départ du conflit avec l'Algérie. Une sorte de retour de bâton pour quelqu'un qui s'était cru complètement sorti d'affaire…En annonçant que le processus durera plus longtemps que prévu, le ministre de la PTIC contribue à fragiliser davantage la position de Naguib Sawiris. Les problèmes liés au sort de Djezzy ont d'ailleurs amené les dirigeants du norvégien Telenor, détenteur de 36% de parts dans VimpleCom, à émettre des réserves sur le fond de l'accord conclu avec Sawiris et sur le prix de la transaction. Le DG de Telenor a estimé que l'absence de Djezzy dans le lot cédé par Sawiris implique une reconsidération du contrat ou de sa valeur. «Si vous achetez une maison avec un jardin et que vous découvrez tout à coup que le jardin appartient au voisin. Je suppose que cela a une conséquence sur votre façon de voir l'accord », a déclaré au Financial Time, Jon Fredrik Baksaas, Directeur Général de Telenor. Le président de Telenor, Ole Bjorn Sjulstad, a indiqué de son coté qu'il allait y avoir un réexamen exhaustif du projet de fusion avec Weather Investments et Orascom Télécom Holding avant toute décision finale. Et comme un malheur ne vient jamais seul, l'évolution de l'action du groupe au niveau de la Bourse du Caire est venue confirmer cette tendance à l'essoufflement de l'opérateur égyptien. La Bourse égyptienne a, en effet, accueilli avec pessimisme les propos des actionnaires norvégiens du groupe Telenor. L'action d'OTH a baissé entraînant dans son sillage l'indice de la Bourse égyptienne. La fusion entre le russo-norvégien VimpelCom est ainsi suspendue au sort de Djezzy. Le feuilleton n'est pas près de connaître son épilogue.