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Médicament : Un marché «malade» de sa distribution
Publié dans Le Financier le 21 - 11 - 2010

Le marché du médicament apparaît comme un secteur économique d'une grande importance dans l'ensemble des pays du monde.
Le marché du médicament apparaît comme un secteur économique d'une grande importance dans l'ensemble des pays du monde. Quelle que soit l'organisation qu'il emprunte, ce marché est, partout, d'une sensibilité particulière pour les pouvoirs publics, souvent pour son poids économique et financier, mais plus généralement encore pour son caractère social éminent.
Si, dans les pays les plus développés, la préoccupation majeure des autorités semble être celle de la maîtrise des dépenses publiques de santé et la sauvegarde des systèmes de sécurité et de solidarité sociales, dans les pays en développement, en revanche, elle est surtout liée à la disponibilité des produits et, de manière plus générale, à l'accès des citoyens aux médicaments et aux services de soins. Le médicament offre, à ce titre, la grande particularité d'être, en même temps, un bien de consommation courant, par conséquent soumis comme tous les biens à une logique de marché et à de banales contraintes économiques et financières, et, par ailleurs, le vecteur essentiel des services de soins prodigués à des personnes malades, avec donc une finalité sociale et humaine très spécifique. Du coup les pressions pour une transformation de l'organisation actuelle du marché du médicament sont nombreuses. Des mesures pour la réduction du nombre des grossistes des produits pharmaceutiques seront bientôt adoptées, avait annoncé, récemment le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès. « Le nombre est effectivement excessif et nous allons prendre des mesures pour le réduire», avait souligné M. Ould Abbès réagissant à un exposé sur la situation du commerce de gros de médicaments, présenté par le professeur Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), au cours d'une journée parlementaire sur le médicament. Le professeur Benhamdine avait expliqué qu'il suffisait de redéfinir le cahier des charges pour que «le terrain se nettoie de lui même». Selon lui, le cahier des charges doit être conforme aux normes appliquées partout ailleurs, soit un stock de 15 jours, la détention de 90% de la nomenclature médicale et la livraison dans un délai maximal de 48 heures. 590 grossistes ont été recensés en Algérie. « En France, la population est deux fois plus importante et il y a quatre fois plus de pharmacies alors que ce sont trois grossistes seulement qui détiennent 90% du marché», a constaté M. Benhamdine jugeant «inadmissible» le nombre de grossistes en Algérie qui rend difficile le contrôle du marché du médicament. Il ne faut pas grand-chose en Algérie pour devenir grossiste en médicament. Un registre de commerce (Sarl ou Spa), une autorisation de la direction de la santé de la Wilaya conditionnée par la présence d'un pharmacien en tant que directeur technique, une aire de stockage couverte de 400 m⊃2; et une chambre froide pour les conditions les plus difficiles. Les «obstacles» sont vite résolus, expliquent des connaisseurs du secteur, cités par le journal online émergent. « On offre un salaire à des pharmaciens diplômés qui deviennent virtuellement des directeurs techniques. Mais leur présence dans l'entreprise n'est pas toujours souhaitée ». Bref, on donne un salaire à un pharmacien diplômé que l'on puisse le citer comme étant le « Directeur technique ». Pour l'aire de stockage, il n'est pas rare qu'elle ne soit louée que le temps d'obtenir l'autorisation de la direction de la santé. « Avec un cahier de charge minimaliste, explique un professionnel du secteur, créer une grossisterie est un jeu d'enfant… » Rapporte le journal, pour qui, avec 590 grossistes répartiteurs de médicaments, l'Algérie n'est pas loin d'avoir un anormal record mondial. Au Maroc, le nombre de grossistes répartiteurs ne dépasse pas la trentaine. La loi marocaine impose qu'au moins 51% du capital de l'entreprise soit détenus par des pharmaciens. En Tunisie, le nombre des grossistes répartiteurs est de 46 dont trois sont des filiales de la Pharmacie Centrale Tunisienne. Les trois filiales de la Pharmacie centrale tunisienne (PCT) ont une fonction d'alerte en cas de rupture ou de perturbation dans l'approvisionnement. Le nombre actuel des grossistes est tel que les contrôles s'avèrent impossibles. Or, expliquent des professionnels à «Maghreb Emergent», on spécule beaucoup. « Des grossistes achètent toute la production d'un produit et en contrôlent à leur aise les flux à coup de vente concomitante». Des situations de monopoles sont ainsi créées et des ruptures de stocks inexplicables en apparence touchent des produits locaux. Des pharmaciens sont harcelés par des opérateurs de sociétés de distribution qui proposent leurs produits en annonçant d'emblée, qu'il est possible de «faire un paiement en cash et sans facture». Les grossistes sont chargés de l'approvisionnement des différentes officines à travers le territoire national. Leur activité est régie par les dispositions de l'arrêté N° 59/MSP du 20 juillet 1995 fixant les conditions d'exercice de l'activité de distribution en gros des produits pharmaceutiques. Ces grossistes répartiteurs assurent une fonction régulatrice essentielle et constituent des vecteurs importants pour l'information économique sur le marché, les produits et les habitudes de consommation. Il n'existe pas d'informations précises et publiquement accessibles sur ce réseau de grossistes répartiteurs, sur sa structuration et sur les tendances de son évolution. On peut estimer cependant que le nombre d'intervenants à ce niveau parait trop important au regard de la taille du marché national, ce qui laisse supposer que de nombreux grossistes sont en réalité peu présents sur le terrain et qu'un mouvement de concentration doit certainement y avoir cours à l'heure actuelle. Il faudra observer cette évolution du réseau grossiste, à l'avenir, en liaison notamment avec une possible intrusion de grandes sociétés étrangères de distribution connectées aux sociétés multinationales de production pharmaceutique.


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