“La branche pharmacie apparaît sujette à de grandes difficultés.” C'est le constat d'une analyse publiée dans la dernière lettre du Forum des chefs d'entreprises. Malgré les efforts déployés, les capacités de la production nationale, nous dit-on, apparaissent encore très limitées. L'exonération sur les importations d'intrants, de même que les restrictions appliquées aux importations ne semblent pas avoir entraîné un élan décisif de la part des producteurs nationaux. Les investisseurs étrangers ne semblent pas, non plus, avoir été particulièrement intéressés par le marché algérien. L'élargissement constant de la consommation de médicaments sur le marché national semble profiter essentiellement aux importations. il ressort de l'analyse de l'évolution des principaux agrégats financiers de la branche de 1999 à 2003 que la production brute enregistre une légère croissance sur la période considérée, mais néanmoins avec une évolution en dents de scie. La valeur ajoutée affiche une diminution nette au cours des deux dernières années, conséquence d'une augmentation du coût des consommations intermédiaires, due sans doute aux fluctuations du taux de change sur les importations de matières premières. Les profits de la branche connaissent une baisse plus sensible que celle des rémunérations salariales. Le poids du capital fixe est relativement stable au cours des cinq années considérées. En d'autres termes, l'investissement dans la branche stagne. La part du secteur privé dans la production brute, après avoir baissé fortement entre 1999 et 2001 remonte au cours des deux dernières années. “Globalement, on peut estimer que le secteur privé connaît, en termes financiers, des résultats plus efficients que le secteur public”, note l'analyse du forum des chefs d'entreprises. a contrario, les importations de médicaments sont en très forte hausse (57% sur les cinq années considérées) ; en 2002 et 2003, leur augmentation a été nettement plus rapide que celle des autres marchandises prises globalement, et profite largement de l'élargissement de la taille du marché. La part de la production locale enregistre un recul par rapport à l'importation. De 17% en 1999, elle ne représente plus que 12 % en 2003, la facture des importations passe de 457 millions se dollars US en 2000 à 716 millions de dollars US en 2003 ; cette tendance générale est nettement confirmée au cours du premier semestre 2004. La sous-position 30-03 (médicaments non conditionnés pour la vente au détail, donc destinés à être conditionnés localement), bien que ne représentant pour le moment qu'une part très faible de l'ensemble des importations de médicaments, enregistre néanmoins l'augmentation la plus significative (385% en 2003). Les vaccins et sérums enregistrent également une hausse de 119%. L'évolution des importations de médicaments conditionnés et revendus en l'état (position 30-04) est plus lente et semble moins importante (54% en 2003). Mais ce poste, précise-t-on, est pour le moment le plus lourd dans la structure des médicaments importés. Les médicaments importés directement pour la revente en l'état représentent près de 92%. Par contre, celle des médicaments importés en vue de subir un conditionnement est jugée tout à fait modeste, bien que celle-ci passe de 0,34% en 2000 à 1,06% en 2003. L'Algérie est, de loin, l'importateur de médicaments le plus important dans la région. Les données fournies par la base de données “Trademap” du centre du commerce international (CCI), cité dans la lettre au Forum des chefs d'entreprises permet de constater la position dominante de la France (73%) dans les importations algériennes de médicaments conditionnés pour la vente au détail. La Belgique, qui est le premier exportateur mondial et qui représente 15% du commerce mondial de médicaments, ne réalise que 5% de part de marché en Algérie. L'Algérie occupe la 33e place dans le classement des importateurs de médicaments finis. Par comparaison, l'Egypte, le Maroc et la Tunisie occupent respectivement la 46e, la 131e et la 77e place. L'Algérie est donc à considérer comme un importateur relativement important sur le marché mondial, ce qui contraste avec la faiblesse de ses capacités internes de production. La place particulière qu'occupe la Jordanie comme fournisseur en médicaments destinés à être conditionnés localement semble correspondre à un choix de coopération des autorités nationales avec ce pays, plutôt qu'elle ne découle d'une position de compétitivité du pays exportateur, l'Algérie est au 44e rang mondial des importateurs de ces produits destinés à être conditionnés localement. À titre de comparaison, le Maroc occupe la 60e place ; l'Egypte et la Tunisie sont respectivement à la 20e et à la 18e place, grâce à des politiques plus actives de conditionnement local de leurs médicaments importés. L'Algérie est, de loin, l'importateur de médicaments le plus important dans la région : ses importations de médicaments représentent près de deux fois les importations de l'Egypte, pays deux fois plus peuplé ; les importations algériennes de médicaments sont, d'autre part, trois fois plus importantes que les importations de la Tunisie et quatre fois plus importantes que celles du Maroc. M. R.