Saidal, en leader de l'industrie pharmaceutique nationale, vise un chiffre d'affaires en progression de 38% pour 2009. Durant l'exercice 2008, l'entreprise publique a réalisé un chiffre d'affaires de 10 milliards de dinars, en progression de 23% par rapport à 2007. Mais il faudra suivre l'évolution du marché pharmaceutique qui évolue de 30% par an. Il existe pourtant un problème en Algérie, par rapport aux pays voisins du Maghreb, ou même ceux du Golfe, une surconsommation liée au gaspillage, ou à la contrebande, étant donné que le paiement des médicaments est largement pris en charge par l'Etat, surtout lorsqu'il s'agit de maladies chroniques. Mais “si l'Institut de pharmacie d'Alger a été fondé en 1948, avant celui de Paris, le taux de couverture en produits pharmaceutiques demeure faible comparé à celui de nos voisins. Nous visons un taux de couverture de 60% pour les quelques années à venir. À titre d'exemple, un taux de couverture absolu, de 100%, n'existe nulle part au monde. Le Japon seul dispose d'un taux de couverture de 80%, alors que l'Allemagne et les USA, jouissent respectivement d'un taux de 49 et 60%”, affirme le P-DG du groupe. Le marché du médicament évolue en même temps que la population algérienne qui vieillit. Le changement de mode de vie dans tous ses aspects, alimentaire, activité physique, etc., a engendré d'autres types de maladies, qui étaient propres aux pays riches occidentaux, hypertension artérielle, maladies cardiaques, diabète… Le P-DG de Saidal annonce que son entreprise vise les locaux de Digromed, afin de réaliser son business plan tout en conservant 50% du personnel de l'entreprise en liquidation. Les locaux se trouvent sur l'ensemble du territoire national, à Tizi Ouzou, Alger, Annaba, Oran et Constantine et vont servir les ambitions de développement du groupe qui compte atteindre en 2015, grâce à la mise en route de nouvelles usines, le chiffre de 10 milliards de dinars de CA, de parts du marché des médicaments. Dès 2009, le groupe Saidal, en collaboration avec l'Institut Pasteur, compte produire le vaccin destiné à la prévention de l'hépatite B. Le business plan envisage un programme d'investissement de 250 millions de dinars destiné à restructurer les entreprises du groupe, grâce à des crédits à contracter avec les banques, en prévision d'un CA de 2 milliards de dollars à terme. Ce sont les pouvoirs publics qui ont demandé cette étude au groupe Saidal, qui, rappelons-le est présent à la Bourse d'Alger depuis sa mise en place. “Car, si nous n'arrivions pas à produire nos médicaments au moindre prix, nous devrions diminuer la part des importations des 2/3, pour garder l'actuel niveau d'importation qui risque d'exploser dans un proche avenir et atteindre des sommets”. Il est vrai que même les USA ne possèdent pas le privilège du remboursement intégral des frais médicaux, lorsqu'il s'agit d'affections chroniques, mais d'un autre côté, il peut toujours exister des effets pervers, comme la surconsommation ou le gaspillage qui touchent gravement le système de sécurité sociale. La crise économique actuelle a été, en quelque sorte, un bienfait pour l'industrie pharmaceutique nationale, puisqu'elle a vu la baisse de certaines matières premières sur les marchés internationaux, couplée à la décroissance de l'agressivité coutumière des grandes multinationales des médicaments, plus préoccupées à rechercher des solutions à leurs propres problèmes financiers que de livrer bataille à l'industrie pharmaceutique algérienne. Même si, par ailleurs, le marché algérien est porteur et en constante croissance, pour les années à venir. Il faut savoir que les multinationales du médicament présentes au Maroc et en Tunisie, exportent vers l'Algérie, alors que ces deux pays protègent leur industrie pharmaceutique. Tous les importateurs ne sont pas des tricheurs : ils fournissent un service honorable à la société en important des produits sensibles. Mais certains ne jouent pas le jeu et recourent à des méthodes inavouables comme le dumping ou l'offre de 50% d'échantillons gratuits, pour une ordonnance, ce qui pénalise aussi bien Saidal que les labos producteurs. Ainsi, curieusement, après la mise en place des tarifs de référence, certains labos ont diminué de moitié leurs prix de vente, ce qui n'a pas manqué de gêner aussi bien Saidal que les labos producteurs. Un rapport d'enquête réalisé par des entreprises étrangères de fabrication de médicaments, affirme que “certaines entreprises algériennes (Saidal est visée) sont arrivées à produire des molécules très complexes, identiques à celles que produisent les labos de multinationales huppées”. Et c'est tout à l'honneur de nos labos, lorsqu'il s'agit du galénique. Avec l'arrêté ministériel de novembre 2008 qui interdit l'importation d'une longue liste de médicaments produits en Algérie, on peut raisonnablement espérer une croissance du secteur. À lui seul, le groupe Saidal représente 800 millions de dollars d'économie à l'import. Il faut savoir que l'ensemble des médicaments interdits à l'importation sont produits par Saidal ou d'autres laboratoires. Il existe 50 labos en Algérie. Mais la première liste de référence de 120 médicaments, ne représente qu'une goutte d'eau. Les investisseurs qui ont commencé à construire puis à produire des médicaments ont été torpillés par l'importation des médicaments qu'ils fabriquaient. Mais après la mise en œuvre de l'arrêté ministériel, beaucoup de monde a commencé à jaser, à propos de pénurie ou de rupture de stocks de certains médicaments essentiels. “Ceux-là veulent jeter le trouble dans l'unique but de gêner la mise en œuvre de cette décision”, affirme le P-DG du groupe pharmaceutique qui ajoute que “à l'ère de l'informatique et d'Internet, même s'il pouvait apparaître un manque dans un ou plusieurs produits, il serait toujours facile de corriger cela, en le signalant à la tutelle, qui prendrait, via la direction de la pharmacie, les décisions adéquates”. Il est vrai que des multinationales qui brassent plus de 100 milliards de dollars de CA, dédient 20% de ce chiffre à la promotion de leurs produits, chose que ne peut se permettre Saidal si elle souhaitait s'engager dans l'export. Mais le chemin est encore long, d'après M. Zaouani : “Il faudra commencer par conquérir le marché domestique avant d'envisager d'affronter des marchés pas toujours loyaux question concurrence.” Djamel Zidane