Pour la quatrième fois, les Irlandais doivent se serrer un peu plus la ceinture, pour faire face au déficit qui ne cesse de s'alourdir. Un nouveau plan de rigueur et d'austérité a été dévoilé en fin de semaine, en conformité avec le préalable imposé pour l'octroi du plan de sauvetage. Mais l'accouchement ne semble pas avoir été fait sans douleur. La grogne commence à germer au sein de la population qui ne cesse d'endosser et d'assumer les restrictions budgétaires depuis trois années consécutives. Le gouvernement a annoncé pour 15 milliards d'euros de mesures de rigueur d'ici à 2014, ce qui représente près de 10% du Produit intérieur brut (PIB). Dix milliards proviennent d'économies budgétaires et cinq des hausses d'impôts. Le plan, plus sévère que ce que prévoyait la presse, risque d'alimenter le mécontentement de la population, déjà furieuse de voir l'île s'abaisser à lancer un appel «humiliant» à l'aide internationale. Les 4,3 millions d'Irlandais ont subi trois budgets d'austérité depuis le début de l'effondrement de l'ancien «tigre celtique», en 2008, avec 14,5 milliards d'euros de réductions budgétaires et de hausses de taxes à la clé. Le nouveau plan est «une feuille de route vers l'âge de pierre et une déclaration de guerre contre les bas salaires», a dénoncé l'un des principaux syndicats de l'île qui promettait une manifestation «massive» pour aujourd'hui. Les syndicats comptent sur un mouvement du type de celui qui secoue le Portugal, paralysé mercredi par une grève générale contre des réductions de salaires et hausses d'impôts. Le plan de rigueur est présenté comme un préalable incontournable à l'octroi d'une aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), en cours de mise au point et qui devrait tourner autour de 85 milliards d'euros. Une nécessité qui ne convainc pas toujours la population. «On ne va pas se laisser intimider par le FMI». «Taxez les riches, pas les pauvres», autant d'hostilités qui risquent de faire sauter le couvercle de la marmite déjà chauffée à bloc par la faiblesse des revenus. À cela, le nouveau plan de rigueur ne va pas de main morte dans les coupes. Il est de plus en plus question de réduction de l'assurance sociale de 14% (et notamment des allocations chômage et familiales); hausse du quart des frais d'inscription à l'Université; suppression de près de 8% des emplois publics (soit 25.000); réduction de 10% du salaire des nouveaux fonctionnaires, et de 6 à 12% des retraites des anciens. Plus spectaculaire encore, le salaire horaire minimum sera abaissé de 12%, passant de 8,65 à 7,65 euros. En revanche, le gouvernement maintient à 12,5% le taux d'imposition des sociétés, en dépit des pressions de pays comme la France ou l'Allemagne qui souhaitaient son relèvement. Evidemment, les marchés restaient très fébriles en fin de semaine, en raison des risques de contagion à l'ensemble de la zone euro.