Pour pallier les pénuries du lait, le ministère de l'Agriculture a instruit l'Office national interprofessionnel de lait (ONIL) de constituer un stock stratégique de poudre de lait. Cette option pourrait satisfaire les besoins nationaux à court terme mais, elle reste un procédé palliatif, révèle un ex cadre de l'agriculture. A l'exemple, de la pomme de terre, des viandes ou même du ciment, cette stratégie est un coup de pouce donné à l'anarchie sur le marché et aux spéculateurs, magnats de l'informel. Sur les ondes de la Chaîne III, le secrétaire général au ministère de l'Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi, a déclaré que «l'importation du lait en poudre se fait normalement, c'est-à-dire les arrivages sont ponctuellement acheminés sur le marché. Pas comme auparavant où l'Algérie était sur des flux tendus. Désormais, il y a une stabilité des approvisionnements de ce produit». Mais, mettre en aval un système de régulation du marché basé sur la constitution d'un stock pour inonder le marché en cas de pénuries a un air de déjà vu. En effet, les systèmes similaires, installés en vue d'obvier aux pénuries des produits alimentaires et les pratiques spéculatives ont tous échoué. Pour preuve, la hausse intempestive des prix qui a touché à la fois les viandes (rouges et blanches) pendant le Ramadhan, en dépit de l'importation et le stockage de quantités importantes de ces produits. Idem pour la pomme de terre et même pour des produits comme le ciment. En fait, les services des ministères de l'agriculture et du commerce ne peuvent suivre traçabilité de la commercialisation du lait et encore moins les autres produits agroalimentaires. D'après le propre aveu des responsables de l'agriculture, environ 90% de la production du lait cru est écoulé dans le circuit informel ! En d'autres termes, les instances étatiques n'ont toujours pas identifié les protagonistes dans le secteur du lait, tout comme le marché des fruits et légumes et de la viande. Alors que le ministre Rachid Benaïssa a toujours démenti l'existence de pénuries du lait, Sid Ahmed Ferroukhi a reconnu que le marché a en effet été perturbé à cause de l'incapacité des laiteries à approvisionner le marché. « Désormais, cette situation est révolue. Toutes les régions sont approvisionnées régulièrement en lait (sachet pasteurisé). Et tout le monde peut constater, que les approvisionnements se sont rétablis», a-t-il indiqué. Sur un autre registre, le secrétaire général au ministère de l'Agriculture est revenu sur les mesures incitatives prévues en 2011 pour avantager sérieusement les transformateurs qui intégrèrent le lait cru dans leurs productions. « Les laitiers volontaires auront une prime pour les encourager à collecter plus de lait cru. Une part importante de la production nationale n'est pas collectée », a-t-il noté. En 2008, la collecte de lait cru avait atteint les 150 millions de litres pour doubler (300 millions de litres en 2010. Le même responsable a également déclaré que le marché international de la poudre de lait est estimé à près de 40 millions de tonnes. Et d'ajouter qu' «en 2010, ce marché a enregistré une hausse de 40 % des prix par rapport à 2009. Nous ne sommes pas dans la même situation de 2007. Toutefois, on peut s'attendre à ce que ce marché se contracte davantage avec la demande forte de certains pays, comme la Chine, l'Egypte... Il est clair qu'à moyen terme, la solution importante est de compter sur nous-mêmes. Nous devons développer notre production nationale de lait cru. C'est la stratégie de fond que nous voulons mettre en place avec les professionnels», a-t-il conclu. In fine, le nouveau dispositif pour réguler la filière lait constitue la preuve ad hominem de la faiblesse de l'encadrement des chaînons du secteur, même s'il faut au préalable inciter la politique actuelle qui vise à accroître l'offre en lait au détriment du tout import.