A peine quelques jours après que le président Bouteflika, en visite en Allemagne, ait donné sa bénédiction à la coopération dans le projet Desertec, les japonais reviennent à la charge pour présenter leur projet de production des énergies renouvelables à partir du solaire, notamment un ambitieux projet de production d'énergie à partir du silicium. Ce projet a été présenté mercredi à Alger lors d'un séminaire regroupant des cadres et universitaires algériens et une vingtaine de leurs homologues japonais. La bataille s'annonce donc rude dans ce domaine stratégique des énergies renouvelables et l'Algérie, de par son potentiel naturel propice au développement de telles énergies et ses ressources financières, est au centre de tous les intérêts. Le forcing opéré par les entreprises allemandes et espagnoles associées dans le projet Desertec avait d'abord buté aux tergiversations, voire le rejet des officiels algériens, ce qui a laissé une fenêtre ouverte aux japonais pour tenter de placer leur projet «Appolo». Entre-temps, Bouteflika donne son aval au projet Desertec. Cela n'empêche pas le ministre des affaires étrangères nippon à l'occasion de sa visite à Alger, de revenir à la charge. L'effort marketing politique du diplomate est relayé immédiatement par du concret : De hauts responsables de firmes japonaises, leaders mondiales dans le domaine des énergies renouvelables, comme «Mitsubishi Heavy Industries» et «Toshiba Corporation» sont venues présenter leur expérience dans ce secteur et manifesté l'intérêt particulier qu'ils portent au marché algérien. «L'intérêt que nous portons pour le marché algérien a une double motivation: les capacités financières de l'Algérie et son important potentiel en matière de ressources naturelles, notamment le soleil et le gaz naturel», a expliqué à l'APS un haut responsable du «Japan cooperation center for the middle east», M. Takashi Oya. Les membres de la délégation japonaise, qui accompagnaient le ministre des affaires étrangères nippon, ont saisi l'occasion de cette première visite en Algérie pour tenter de nouer des partenariats avec des firmes et universités nationales dans le domaine des ‘'énergies vertes''. Une des technologies phares présentées lors de ce séminaire, qui se veut une introduction du «savoir-faire» japonais en Algérie, la production d'électricité à partir de l'énergie solaire, moyennant du gaz naturel au lieu de l'eau actuellement. Même si le projet Desertec a fait beaucoup de bruit, «Appolo» a l'avantage de répondre aux exigences algériennes en la matière : le transfert de technologie, la fabrication locale d'équipements adéquats et l'exportation du surplus de production, notamment vers l'Europe. Le projet Desertec ne serait intéressé que par les surfaces ensoleillées du Sahara et du nord du pays. L'Algérie ne serait qu'une assiette foncière solaire. Avec les japonais, l'Université des sciences d'Oran (USTO) disposerait d'un centre de recherche sur le développement des technologies solaires qui serait intégré dans ce projet. Les japonais auraient également prévu de produire le silicium avec le sable du désert, silicium qui sert à la fabrication des panneaux photovoltaïques Dans ce contexte, M. Boudghène Stambouli Amine, professeur à l'Université des Sciences et de la Technologie d'Oran (USTO) a rappelé que la coopération algéro-japonaise dans le domaine des énergies renouvelables a déjà débuté par la signature en août dernier d'un accord sur un projet très ambitieux: le «Sahara Solar Breeder Super Apollo Project». Financé à hauteur de 5 millions de dollars par le Japon, les premiers éléments de la réalisation de ce projet débuteront à compter de janvier 2011: ils consistent dans un premier temps à monter une usine pilote en Algérie pour la fabrication du silicium, utilisé dans l'industrie des panneaux solaires. Selon les spécialistes des énergies vertes, il est une des alternatives à d'autres projets présentés dans le domaine des énergies propres. Néanmoins, Desertec, outre l'appui du président de la République, bénéficie du soutien et de l'implication d'une grosse pointure en matière d'investissement à savoir, CEVITAL qui fait partie du consortium d'entreprises qui ont lancé Desertec en 2009 et dont le PDG Issaad Rebrab se dit « très satisfait de l'accord du président Bouteflika au projet Desertec (…) Ce projet est dans l'intérêt de l'Algérie. Les énergies fossiles que nous utilisons aujourd'hui vont s'épuiser alors que le solaire est inépuisable, propre et gratuit. Nous avons un vaste territoire pour étendre les panneaux solaires. Il suffit de 3% de la surface du Sahara pour satisfaire les besoins en électricité du Maghreb et de l'Europe », a expliqué Rebrab qui a également estimé que le solaire est meilleur que le nucléaire pour produire de l'électricité. « Le coût d'une centrale solaire est inférieur à celui d'une centrale nucléaire. Le solaire est écologique et sans risques alors, que le nucléaire consomme de l'uranium, dégage des déchets dangereux et représente un risque pour les populations et l'environnement », a-t-il dit. Le groupe Cevital compte investir plus de 600 millions de dollars dans la réalisation d'une usine de fabrication de panneaux solaires. « Cette usine sera intégrée à 95%. Sa capacité annuelle est l'équivalent d'une centrale solaire de 600 MW par an », a précisé M. Rebrab. Cevital compte aussi investir dans la fabrication de cheminées solaires. L'Algérie n'a pas de problème de technologie pour développer le solaire. « Notre usine sera intégrée à 95%, ce qui répond parfaitement au souci des pouvoirs publics » d'avoir une industrie solaire algérienne.