Selon la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, la population âgée entre 15 et 35 ans est celle qui en consomme le plus. La Forem prend ainsi à contre-pied l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, lequel avait avancé le chiffre de 250 000 à 300 000 Algériens qui s'adonnent à la drogue. Alors que l'Office national de lutte contre la drogue et toxicomanie (ONLCDT) estime qu'entre 250 000 et 300 000 jeunes entre 12 ans et 35 ans consomment de la drogue, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), le Pr Mustapha Khiati, avance, quant à lui, le chiffre de un million de consommateurs. Ainsi, il remet en cause les chiffres de l'ONLCDT estimant qu'ils ne reflètent pas la réalité sur le terrain. Selon lui, l'office a dû se baser sur les chiffres internationaux qui disent qu'il y a environ 2 à 3% de consommateurs chroniques (permanents) en Algérie, et donc cela nous donne le chiffre qui a été avancé par l'office. «Cependant, ce chiffre n'a pas de signification parce qu'on peut avancer un million de personnes qui consomment de la drogue», a indiqué ce matin sur les ondes de la chaîne III le Pr Khiati et d'expliquer que la proportion des jeunes âgés entre 15 et 35 ans est celle qui en consomme le plus. Le taux est également élevé dans le milieu féminin, ce que ne précise pas l'étude de l'Office, mais également dans le milieu de chômeurs et même dans les établissements scolaires. «L'enquête, menée par la Forem en juin dernier, montre que les chiffres se situent toujours entre 17 et 30 % en fonction de la frange de la population considérée. Par conséquent, si on projette ces chiffres dans l'absolu, on s'aperçoit que ça peut être un million de consommateurs facilement», a souligné le président de la Forem. Selon lui, l'inaction a un coût aujourd'hui. En effet, les jeunes sont de plus en plus touchés par la consommation de stupéfiants, ce phénomène a gagné nos établissements scolaires. Le problème devient préoccupant. Pour faire face à cette catastrophe, le Pr Khiati appelle à une stratégique globale. Cette dernière ciblerait, selon lui, les familles et les jeunes. «Il faut impliquer les associations, former des éducateurs de quartiers à travers toutes les wilayas du pays et mettre en place des cellules d'écoute pour permettre aux jeunes de s'exprimer et de poser leurs problèmes», a-t-il suggéré. Interrogé sur l'ONLCDT, il a estimé qu'il a perdu beaucoup de ses prérogatives, ainsi il devient nécessaire de revoir cet office dans le cadre d'une stratégie globale. «J'appelle à de véritables assises de tous les intervenants, aussi bien sociaux que publics, pour essayer d'élaborer une stratégie commune et qu'on puisse créer un mécanisme de coordination, qui peut être l'office, mais avec un nouvel habit ou une autre structure qui peut mener cette action à l'échelle nationale», a-t-il conclu. 11 à 17 % des femmes concernées Dans son enquête publiée le 26 juin dernier, la Forem a révélé que les femmes algériennes consomment de la drogue à un niveau inquiétant. Interrogé ce matin sur ce point, le Pr Khiati a indiqué qu'il s'agit notamment d'étudiantes de l'intérieur du pays qui étudient à Alger et dans les grandes villes du pays. Pour ces étudiantes, il y a un changement important et bouleversant sur le plan sociologique. Outre les étudiantes, beaucoup de femmes oisives consomment également la drogue à des taux assez inquiétants. Des chiffres ont été retrouvés dans certains espaces considérés comme des technopoles tels que Ben Aknoun, Dely Ibrahim et même Alger-Est et qui varient entre 11 et 17 %. En ce qui concerne les filles, elles consomment beaucoup plus seules la drogue qu'en groupe comme c'est le cas des garçons. La mal vie, les problèmes que rencontrent ces filles les poussent vers ce dérivatif.