La brusque flambée des prix de certains produits de large consommation, présentée comme une des principales motivations des évènements qui ont secoué le pays ces derniers jours a contraint plusieurs acteurs économiques à sortir de leurs réserves pour donner, chacun en ce qui le concerne, la version sur ce dérèglement du marché. Comme cité plus haut, un des opérateurs directement «impliqué» dans la controverse reste le patron de Cevital, le plus gros producteur national d'huile de table et de sucre, M. Issad Rebrab, a déclaré « j'ai dit au ministre que Cevital n'a pas augmenté les prix ». Rejoignant pour sa part une proposition en examen au ministère du Commerce pour venir à bout de cette crise, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a plaidé jeudi pour le «plafonnement des prix des produits de large consommation». L'UGCAA a reconnu de fortes augmentations depuis le début de l'année atteignant jusqu'à 30% de certains produits alimentaires, notamment l'huile et le sucre. « L'augmentation des prix relevée ces derniers jours est forte, car il s'agit de hausses de 20 voire de 30% », a indiqué l'organisation. Le ministère se penche actuellement sur la promulgation rapide des textes d'application de la loi sur la concurrence et les pratiques commerciales à travers « le plafonnement des prix et la limitation des marges de bénéfice des produits de large consommation », selon une source du ministère. De son côté, le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), M. Nouredine Kehal, a joint sa voix à ce débat, sur les perturbations qu'a connu le marché de certains produits alimentaires de base, en fournissant des éléments d'information sur les approvisionnements des transformateurs en produits céréaliers. Lui aussi assure que les quantités mises à disposition des concernées ne sont pas touchées par de quelconques obstacles. L'office continue donc, selon lui, à fournir les transformateurs le plus normalement du monde. Cette réaction du premier responsable de l'OAIC intervient en effet suite à des perturbations relevées par certains boulangers dans leur approvisionnement en farine. La réponse de l'OAIC est, pour le moins, cinglante. La pénurie de farine sur le marché ne devrait pas exister puisque les enlèvements de blé tendre par les transformateurs auprès de l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC) ont augmenté substantiellement en 2010 par rapport à 2009, se défend M. Kehal. « En 2010, l'OAIC a distribué à tous les moulins environ 40 millions de quintaux de blé tendre contre 37,2 millions de quintaux en 2009 », a-t-il précisé. Ce qui signifie, selon lui, que la pénurie de farine sur le marché « ne devrait pas avoir lieu». « Comment se fait-il qu'en 2009, il n'y a pas eu de pénurie, et cette année si ? » S'est-il d'ailleurs interrogé. Il a ajouté, dans ce sens, que l'attribution des quotas par l'office à ses clients est satisfaite à 98%. Selon le directeur général de l'OAIC, cette pénurie n'est pas due à un manque de matière première, mais elle résulte « des comportements de certain transformateurs ». Comme donc pour les autres produits, il apparaît clairement que le problème se trouve au niveau des intermédiaires (grossistes et transformateurs) qui disposent apparemment des « leviers » pour agir à leur guise sur le marché sans se soucier ni des retombées de leurs actes sur la vie des citoyens, ni sur la stabilité même du pays, comme nous venons de le constater.