Pourquoi les prix des produits de large consommation ont augmenté d'une façon surprenante, en ce début d'année ? Plusieurs réponses pour une seule question ; les avis des uns et des autres divergent ! Le ministre du commerce, M. Mustapha Benbada, incrimine les grossistes qui justifient, à leur tour, la flambée par les fluctuations des marchés internationaux. Quant aux observateurs, ils incombent la flambée aux réformes étatiques qui veulent réduire le commerce informel et qui tombent, par malchance, dans une conjoncture mondiale difficile. Mais qui peut justifier des augmentations des prix des matières essentielles qui dépassent les 20, 50% voire les 100% ? Le prix du sucre est passé des 90 da à 105 da le kilo en 2010 pour atteindre les 120 da voire les 150 da au début de la nouvelle année. Idem pour l'huile où le bidon de 5 litres flirtait avec les 800 da. D'après la version des cadres du ministère du Commerce, ce sont les grossistes qui sont à l'origine de cette flambée soudaine. En fait, les plus importants d'entre eux auraient décidé de commencer à imposer à leurs clients détaillants le payement des 17% de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et les 2% de la TAP (taxe sur l'activité professionnelle) et ce, conformément aux lois du commerce. En facturant leurs produits vendus, les grossistes abandonnent l'informel et se préparent ainsi au payement par chèque les transactions commerciales supérieures à 500.000 dinars dès le 1er avril prochain. Les commerçants n'ont pas hésité un seul instant à répercuter ces impositions sur les prix et parfois en les doublant voire les triplant. Les responsables du gouvernement ont été pris de court car ils n'avaient pas du tout pensé à une telle riposte. Les émeutes qui ont fait tâche d'huile ont précipité les choses … Benbada cherche des boucs émissaires Pour M. Mustapha Benbada, ministre du commerce, ce sont bel et bien les grossistes qui sont derrière cette flambée des prix, à l'origine des émeutes qui secouent le pays. Au Journal télévisé de 20h, de ce jeudi, le ministre du commerce a réitéré ces accusations et haussé le ton envers les grossistes. «La hausse enregistrée ces derniers jours est inacceptable et ne peut être justifiée par la seule hausse des prix sur le marché international», a-t-il déclaré. «Nous sommes en train d'analyser ce qui se passe au niveau du marché international et voir ce qui se passe localement pour l'huile et le sucre. Nous allons prendre des mesures», a-t-il prévu. En fait, après sa réunion avec les producteurs de sucre et d'huile pour connaître les raisons de la hausse des prix, durant la journée d'avant-hier, il restait qu'un seul bouc émissaire : les grossistes. Après cette réunion, le président de Cevital M. Issad Rebrab a déclaré que son groupe, le numéro un de la production du sucre et d'huile de table, «n'a augmenté ni le prix du sucre ni celui de l'huile ». «Nous n'avons pas augmenté nos prix. Nous travaillons sur les anciens stocks de matières premières », a-t-il assuré. Et d'ajouter que «les prix pratiqués par Cevital n'ont pas été affectés par la hausse des prix des matières agricoles sur le marché mondial». On apprendra que le prix du sucre à la sortie usine est maintenu à 79,5 DA HT (hors taxes), a précisé M. Rebrab. Le président de Cevital a déclaré aussi que les producteurs de boissons gazeuses ont bénéficié d'un prix de sucre stable de juillet à décembre 2010. Le ministre a alors assuré que les prix reviendront à la normale dès la semaine prochaine, à partir de dimanche. Mais comment peut-il arriver à aplanir les prix sans pour autant inciter les grossistes à renouer avec l'informel et délaisser la facturation de la TVA et de la TAP? Selon certaines sources, le ministre a également demandé verbalement aux producteurs de surseoir à l'application de la loi interdisant de traiter avec des grossistes présentant un faux registre de commerce. Une demande qui ne sera certainement pas satisfaite, car la parole d'un ministre ne suffit pas pour annuler une loi ou la geler d'autant que les producteurs risquent de lourdes amendes. L'UGCAA pour la subvention des produits de 1ère nécessité L'Union générale des commerçants et artisans algériens, par le biais de son secrétaire généra, M. Salah Souilah, a préconisé avant-hier de «plafonner les prix des produits de large consommation ». L'UGCAA a aussi reconnu les fortes et intempestives hausses depuis le début de l'année atteignant jusqu'à 30% de certains produits alimentaires. Selon une source du ministère citée par l'APS, le département de M. Benbada veut promulguer en urgence des textes d'application de la loi portant sur la concurrence et les pratiques commerciales à travers «le plafonnement des prix et la limitation des marges de bénéfice des produits de large consommation », note-t-on. Pour rappel, M. Mustapha Benbada avait souligné mercredi dernier la volonté de l'Etat de poursuivre sa politique de subvention des prix des produits de large consommation qui connaissent de fortes hausses inhérentes notamment aux fluctuations de leurs cours sur les marchés mondiaux.