M. Benbada abdique face au diktat des commerçants et des grossistes qu'il "rassure" en "retirant" la loi réglementant le commerce. Il les appelle, d'ailleurs, "à s'approvisionner normalement en huile et en sucre auprès des unités de production et des importateurs et à en doter tous les points de vente selon les prix convenus". Auparavant, il leur imputait "la hausse des prix de ces deux denrées", l'huile et le sucre. Le ministre du Commerce n'avait pas hésité à accuser ces derniers d'user de "pratiques illégales" et d'avoir "vendu les anciens stocks à des prix élevés et injustifiés, notamment après que les producteurs eurent imposé aux grossistes de nouvelles conditions pour les amener à se conformer aux lois en vigueur". M. Benbada et en guise de riposte, "somme", à travers un communiqué, les producteurs et importateurs d'huile et de sucre d' "annuler toutes les conditions imposées aux grossistes et qui sont à l'origine de la hausse, ces derniers jours, des prix de ces deux produits". En somme, il les instruit de mettre de côté les nouveaux textes de loi et retourner à l'illégalité et à l'informel ! Ce "reniement est de mauvais augure et discrédite une institution étatique", pensent les uns et les autres qui déplorent la cherté de la vie. Les mesures réglementaires à l'origine de cette "débâcle" portent "(…) sur la fourniture par les détaillants aux grossistes et aux transformateurs de documents sur leurs activités, notamment le registre du commerce, l'achat par facture, et leur bilan comptable (comptes sociaux), ainsi que l'utilisation du chèque pour les paiements de marchandises". Lesquelles nouvelles mesures seraient à l'origine de la réaction des commerçants qui a suscité les récentes émeutes populaires. Le bras de fer engagé entre pouvoirs publics et commerçants avec comme prise d'otage, le citoyen reflète la mauvaise politique de l'un et le refus d'obtempérer face à la loi, de l'autre puisque rien ne justifie une telle hausse. D'autant que les principaux intervenants dans la chaîne de la transformation et les importateurs sont formels, "les prix pratiqués par Cevital n'ont pas été affectés par la hausse des prix des matières agricoles sur le marché mondial", a affirmé, pour sa part M. Rebrab, dans une interview livrée à notre confrère TSA. Ce dernier opérateur ajoute avoir "(…) dit au ministre que Cevital n'a pas augmenté les prix" et que "nous travaillons sur les anciens stocks de matières premières". Une réponse faite, jeudi, au ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lors de sa rencontre avec les professionnels du secteur, à savoir transformateurs et importateurs de sucre et d'huile. L'annonce, par le ministre du Commerce, de l'installation d'un groupe de travail conjoint afin de permettre aux producteurs de contribuer à la mise en place de mécanismes réglementaires et de textes d'application de la loi sur la concurrence ainsi que des nouvelles pratiques commerciales relatives à la définition de la marge bénéficiaire des produits de large consommation, démontre-t-elle du manque de discernement de la loi en vigueur ? Le département de M. Benbada qui affirme avoir eu recours à ce dispositif "qui fera l'objet d'une étude préliminaire lors d'un conseil interministériel pour examiner les modalités de définition des marges bénéficiaires concernant les produits de large consommation y compris le sucre et l'huile conformément à la volonté politique visant la préservation du pouvoir d'achat des catégories à revenus faibles" compte-t-il rectifier son tir ? Cela attesterait-il que quelque part la loi sur la concurrence provoquant la hausse soudaine des prix de plusieurs produits de large consommation, aurait été faite dans la hâte et promulguée dans la précipitation et n'avait pas pris la maturité suffisante ? La quête de la paix sociale à tout prix pousserait-elle à demeurer dans l'illicite et l'illégalité absolue quitte à faire des lois de la République ?