Le dernier rapport sur l'Algérie de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) a démontré, une nouvelle fois, que les relations économiques entre l'Algérie et la France demeurent fortement marquées par la prédominance des échanges commerciaux et que les investissements réclamés des entreprises françaises par Alger tardent à venir. Il est en effet paradoxal de voir que, parallèlement au relèvement de la note accordée par la compagnie à l'Algérie durant ces dernières années et qui loue l'amélioration du climat des affaires, le flux attendu de ces investissements des sociétés françaises qui ont l'avantage de bien connaître le marché n'a pas suivi. La baisse du risque Algérie, selon la Coface, n'a apparemment aucun effet sur d'éventuelles perspectives d'investissement des entreprises de l'Hexagone, alors que normalement il était attendu qu'il provoque une accélération de cette présence, au moment où une certaine concurrence commence à s'installer. Le tableau dressé par la Coface, censé être un signal fort pour les opérateurs français, reste ainsi sans aucun impact sur la coopération algéro-française. Hormis des relations commerciales très soutenues, faisant de la France le premier fournisseur de l'Algérie avec une part de marché annuelle moyenne de près de 16% en 2009. Les investissements français en Algérie restent modestes, alors que des intentions d'investissement, manifestées à de multiples occasions, tardent à se concrétiser. Pourtant, dans le registre des échanges commerciaux, la France demeurent le premier bénéficiaire de la hausse fulgurante des importations algériennes comme le démontrent les chiffres relatifs à la dernière décennie. Entre 2002 et 2009, les importations algériennes de France ont augmenté de plus de 238%, passant de 2,6 milliards de dollars (mds usd) à plus de 6 mds usd. Quatrième client de l'Algérie, la France absorbe d'ailleurs le tiers des échanges de l'Algérie avec l'Union européenne. Mais en dehors du commerce, les IDE français hors hydrocarbures restent concentrés dans les services, un secteur à faible risque avec un retour sur investissement relativement rapide. Une telle image nous renseigne de manière indéniable sur la perception qu'ont les opérateurs français du marché algérien, qu'ils ne cessent de concevoir simplement comme un souk pour l'écoulement de leurs produits. A la fin 2009, les IDE français, y compris dans les hydrocarbures, ont atteint 2,7 mds usd tandis que ceux hors hydrocarbures se comptent en quelques centaines de millions d'euros. Ce montant, bien qu'en nette croissance, ne représente qu'un pourcentage minime des investissements industriels déclarés par de grandes entreprises françaises et dont la réalisation en Algérie est toujours en attente. Quelques exemples sont d'ailleurs éloquents de cette conception, comme c'est le cas pour un projet de pétrochimie à Arzew de Total, celui de Cristal-Union, premier producteur de sucre en France, d'une raffinerie de sucre et la compagnie française d'assurance AXA qui avait annoncé son installation en Algérie en 2008, sans aller jusqu'à concrétiser sur le terrain ses « bonnes intentions ». Essayant d'expliquer une des raisons de cette réticence des opérateurs français, la Coface cite « des mesures restrictives visant les importations et les investissements étrangers, introduits par la loi de Finances complémentaire (LFC) de 2009 » même si la LFC de 2010 a, selon cet organisme, « légèrement assoupli certaines de ces mesures, tout en introduisant de nouvelles dispositions contraignantes ». Le forum algéro-français sur l'investissement et le commerce, prévu au cours du 1er trimestre 2011, tentera d'identifier les défaillances cachées ou apparentes, des deux côtés, en attendant qu'un réel partenariat économique entre les opérateurs algériens et français soit concrétisé.