Une cinquantaine d'apiculteurs, venus de 15 wilayas, se donnent aujourd'hui rendez-vous à la médiathèque d'Oran et ce jusqu'au 1er février dans le cadre du salon national des apicultures. Une cinquantaine d'apiculteurs, venus de 15 wilayas, se donnent aujourd'hui rendez-vous à la médiathèque d'Oran et ce jusqu'au 1er février dans le cadre du salon national des apicultures. Un record de participation, puisque la foire nationale organisée en novembre dernier à Alger n'a regroupé qu'une quarantaine. L'objectif attendu de cette rencontre est, dit-on, de faire connaître les produits de la ruche et les performances de nos apiculteurs. Parallèlement à cette manifestation, seront organisées des rencontres d'initiation au profit des jeunes « agriculteurs » formés dans les centres locaux de la formation professionnelle afin qu'ils s'engagent dans la filière apicole. Une filière qui progresse, au regard des résultats enregistrés les dernières années avec pas moins de 48 millions de kg en 2009 /2010 alors qu'elle n'était que de 33 millions en 2007/2008. L'objectif du plan 2010/2014 est d'atteindre 100 millions de kg. Pour l'instant, les apiculteurs regroupés dans une fédération qui ne fait pas beaucoup de bruit mais reste très efficace puisqu'elle avait fait venir le ministre lors de son regroupement algérois. « L'apiculture algérienne possède suffisamment d'atouts pour s'imposer sur le marché mondial, le problème c'est l'absence d'aide de l'Etat», nous dira l'un d'eux. Le ministre a d'ailleurs était interpellé lors de sa visite à la coopérative du Gué de Constantine à l'occasion de la rencontre nationale de novembre. Les producteurs de miel algérien lui demanderont la création d'un laboratoire répondant aux normes internationales en la matière. Les qualités et la robustesse de l'abeille tellienne, la diversité de la flore algérienne et la douceur relative du climat ménagent, dans certaines régions du littoral, des miellées successives s'étendant sur l'année entière, chaque saison se parant d'une floraison particulière, permettant la production de miels mono floraux particulièrement recherché sur le marché mondial. L'Union Européenne, les USA et le Japon sont les plus grands importateurs de miel. Un marché qui profite particulièrement à la Chine. Le fameux miel « Chiffa » provient de Chine via l'Arabie Saoudite qui le fourgue sur nos marchés. Un miel frelaté avec des sirops de sucre à haute teneur en fructose de maïs. L'analyse d'un miel provenant d'Inde, réalisée par des chercheurs algériens, a démontré qu'il s'agit d'un produit qui se conserve mal, contenant une quantité importante d'acides libres. La totalité des miels importés sont des miels de nectar mélangé à du miellat contenant plus de 18% d'eau. Alors que le produit local est fait uniquement de nectar et pratiquement sec. En fait, un produit qui répond aux normes internationales. En réponse aux sollicitations des apiculteurs, le ministre annoncera quelques mesures telles que la création de centres pédagogiques spécialisés dans l'apiculture au niveau des parcs naturels. L'ouverture d'un centre commercial pour les produits du terroir au niveau de la ville d'Alger. «Des mesures dérisoires et en deçà des attentes des professionnels», nous dira un participant de la région de Béni Snouss dans la wilaya de Tlemcen. Il est certain que le développement de l'apiculture algérienne n'est pas seulement confronté à des problèmes d'ordre organisationnel, technique ou scientifique, mais aussi au lobby des importateurs. Un créneau très «mielleux» puisque pas moins de 150.000 tonnes sont importées chaque année de pays connus pour leur production insignifiante à l'instar de l'Arabie saoudite. De même que certains miels provenant d'Europe sont en fait le produit de champs de colza et de tournesol traités avec des produits phytosanitaires très toxiques, voir cancérigènes et interdites de consommation sous d'autres cieux. « L'importation ne devrait être autorisée par les pouvoirs publics qu'à partir de pays connu pour la qualité de leurs productions» soulignera un spécialiste. « Pourquoi donc fait-on la sourde oreille à la sollicitation des apiculteurs pour la création d'un laboratoire national ?» S'interroge l'un d'eux. D'ailleurs, c'est en 2007 que des chercheurs et des associations de consommateurs réunis à Annaba se sont interrogés sur l'absence d'une réglementation en la matière. Un cadre de la direction du commerce et chercheur à l'université se chargera de rédiger et de proposer un projet d'arrêté, relatif aux spécifications techniques et règles applicables au miel, qui doit toujours traîner au fond d'un tiroir. Sur le marché local, malgré une forte tradition de consommation, le miel est bien peu consommé en Algérie, à peine 80 grammes par habitant et par an. « Avant de penser à exporter, les pouvoirs publics devraient d'abord encourager la consommation locale pour booster la filière», souligne un apiculteur et médecin de formation. La filière apicole, avec un miel de haute qualité labellisé « bio », pourrait bien être une grande pourvoyeuse de devises. Pour certains, le désintéressement de l'Etat ne s'explique que par « la puissance des lobbys importateurs de produits en tous genres, et ce, au détriment de la santé des citoyens», dira notre médecin. D'ailleurs, quelques producteurs locaux envisagent de faire analyser quelques échantillons de miel importé, par des laboratoires à l'étranger. Une manière comme une autre de mettre la pression sur des pouvoirs publics qui fuient leurs responsabilités.