Un taux de liquidités impressionnant, un matelas financier des plus confortables, des capacités de placement qui culminent à 1.600 Milliards de DA (15 Milliards d'euros), et pourtant rien n'y fait. Les banques rechignent toujours à financer les PME. Sur le terrain, alors que l'Algérie négocie un virage économique important, basé sur un effort de croissance en faveur du secteur hors hydrocarbure, tout le monde se renvoie la balle. Les banques remettant en cause la compétitivité des entreprises qui, elles-mêmes, accusent les institutions financières de lenteurs. Le bât blesse-t-il au niveau des banques, prudentes à l'excès, ou à l'échelle des PME qui manquent de maturité dans un contexte de forte concurrence ? Les deux thèses se valent largement. D'ailleurs, selon M. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des Banques et Etablissements Financiers (ABEF), qui était hier sur les ondes de la chaîne 3, « Il y aura toujours ce dialogue entre la logique d'entreprise et la logique bancaire. Les uns et les autres, allant vers la compétitivité et la rationalité économique ». Ceci dit, « il y a un malentendu entre les demandes exprimées et les réponses bancaires » a-t-il avoué et « il faudra qu'il y ait moins de gens qui soient non satisfaits». En outre, selon l'expert, le développement du tissu de PME-PMI se fera, une fois que la relation banque/entreprise ne sera plus binaire, le face à face entreprise-banque n'étant rentable pour aucune des deux parties. Les programmes de mise à niveau, les effets de leviers par la fiscalité, la bonification et les garanties, viendront conforter le tissu des entreprises algériennes, espère-t-il du moins pour l'avenir. La réticence est elle justifiée ? De plus, en banquier averti, M. Benkhalfa n'a pas manqué pas de relever les lacunes du tissu des PME algériennes qui se rapportent, selon lui, à des problèmes de capacités managériales, d'organisation du marché, de compétitivités des entreprises et d'organisation internes de ces dernières. «Des questions fondamentales qu'il faudra régler» a déclaré le délégué général de l'ABEF. Enfin, « il faudra que le programme de mise à niveau et de réhabilitation des entreprises, produise des effets économiques et pas seulement des effets administratifs». D'après le premier banquier d'Algérie, il doit y avoir pour cela une synergie d'ensemble, sur la place nationale, pour la prise en charge du tissu PME-PMI. Dans le cadre des efforts à faire, dans ce domaine, les banques ne sont pas en reste. Selon M. Benkhalfa les banques sont entrain de moderniser tous les instruments qui permettent de maîtriser le risque et de calculer les coûts. La fonction crédit se doit elle aussi d'évoluer.