Encore une fois, des chefs d'entreprises milanaises viennent en Algérie pour rencontrer leurs homologues algériens. L'objet de ces rencontres est, bien entendu, de faire du business. Après la visite des entreprises spécialisées dans les installations de laboratoires pharmaceutiques, les énergies renouvelables, les composants pneumatiques et la peinture, voici venu le temps des entreprises spécialisées dans le bâtiment, l'agroalimentaire, la sidérurgie, le plastique et la climatisation. Un intérêt soutenu pour l'Algérie depuis la signature du traité d'amitié entre Prodi et Bouteflika en 2003. Il s'agit de la cinquième rencontre organisée par l'institut italien pour le commerce extérieur (ICE) d'Alger. L'intérêt pour l'Algérie est d'autant plus important que la situation en Tunisie ne semble actuellement pas très favorable aux affaires. Un pays auquel les hommes d'affaires italiens ont accordé beaucoup d'intérêt, puisque quelque 3.000 Italiens et plus de 750 entreprises italiennes y sont installés. En Algérie, leur nombre atteint à peine 180 entreprises. Les investissements italiens, déclarés à l'Andi durant la période 2000 à 2007, concernent 31 projets d'une valeur de 10,4 milliards de DA et ont permis la création de 1.417 postes d'emploi. Douze projets sont en investissement direct d'un montant de 5,3 milliards de DA. Dix-neuf autres sont en partenariat pour une valeur de 5,1 milliards de DA. Ces projets sont lancés dans les secteurs de la sidérurgie, la métallurgie, l'agroalimentaire, le bâtiment, les travaux publics et les services aux entreprises. A la fin novembre dernier, dans le cadre du cinquième forum d'affaires algéro-italien, qui avait regroupé, une dizaine d'entreprises italiennes, avait appelé à la mise en place d'un climat propice à l'émergence d'un partenariat «gagnant-gagnant» entre les PME des deux pays. «Huit entreprises sont aujourd'hui à Alger pour étudier les possibilités de partenariat avec leurs homologues algériens», a déclaré Mlle Carati Giorgia, chargée de l'Afrique du Nord à Promos (société dépendant de la Chambre de commerce de Milan). Plus de 70 PME algériennes doivent prendre part à ces rencontres B to B (business to business) programmées sur deux jours et organisées conjointement par Promos et l'ICE d'Alger. L'intérêt italien pour le BTPH et l'industrie alimentaire en Algérie doit être confirmé grâce à deux salons annuels spécialisés : Djazagro (agroalimentaire) et Bâtimatec (bâtiment) qui «verront une importante participation d'entreprises italiennes», a encore avancé Mlle Carati. En décembre dernier, les responsables de sept entreprises italiennes de la région de Padove intéressés par les secteurs de l'industrie, du bâtiment, de la chimie, de l'hôtellerie et de l'hydraulique, s'étaient déplacés en Algérie. Leurs contacts avec les opérateurs locaux ont été qualifiés «d'intéressants» et de «prometteurs». «Nous sommes venus pour avoir des contacts avec nos homologues algériens pour une meilleure connaissance du marché algérien, à la recherche d'opportunités de partenariat et une éventuelle participation aux projets arrêtés dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014", avait alors expliqué le chef de la délégation, M. Marco Toson, vice-président de l'association Confapi-Padova qui regroupe plus de 30.000 entreprises italiennes dans différents secteurs économiques. A Oran, il estimera qu' »aujourd'hui, de grandes perspectives sont offertes aux deux parties. Le moment est venu de passer à la concrétisation». Interrogé sur les nouvelles règles de partenariat cadrées par la LFC 2010 (51% pour la partie algérienne et 49% pour la partie étrangère), ainsi que le dossier de la fiscalité (impôts et douanes), Marco Toson c'est dit rassuré. «Nous avons pris connaissance des avantages fiscaux et douaniers inclus dans la loi de Finances algérienne de 2010. C'est très important». Si les Italiens se disent près à s'investir dans le cadre du partenariat, il n'en est pas de même du coté algérien où les hommes d'affaires sont encore hésitants devant les avancées technologiques, préférant souvent garder leurs vielles machines datant de 20 à 30 ans parce que le personnels n'est pas formé sur les commandes numériques, ou parce que la maintenance ne suit pas. Les problèmes du foncier commencent, certes, à bouger mais restent encore trop éloignés, de ce qui se fait au Maroc et en Tunisie où le problème du foncier est quasiment résolu dans les 24/48 heures. Entre une France encore trop prétentieuse et une Espagne plutôt mesquine, L'Italie apparaît comme un partenaire de premier choix et totalement incontournable pour l'Algérie. Au ministère de la PME on ne cache pas que le tissu des PME italiennes est le modèle dont on rêve pour l'Algérie. Pour l'Institut italien du commerce extérieur, et notamment le bureau de promotion des échanges à l'ambassade d'Italie à Alger, les Italiens qui ont des relations d'affaires remontant à plusieurs années en Algérie avec les PME locales, veulent tout naturellement consolider leur position sur le marché en raison, surtout, de la concurrence internationale. Durant l'année 2008, l'Italie a été le deuxième fournisseur de notre pays avec près de 4 milliards de dollars, soit « une progression spectaculaire de 80% par rapport à 2007 », note l'ICE d'Alger. Cette dynamique n'est pas ralentie semble t-il, puisque pour 2010, l'Italie maintien sa position de deuxième client de l'Algérie (après les USA) avec 6,39 milliards de dollars (mds usd) d'importations, et de troisième fournisseur (après la France et la Chine) avec des exportations de 3,89 mds usd, selon les chiffres des Douanes algériennes. Les échanges commerciaux entre les deux pays, composés essentiellement de gaz et de pétrole algériens ont ainsi dépassé les 10 mds usd l'année dernière. Selon les chiffres de l'ICE, l'Algérie a importé d'Italie, durant les neuf premiers mois de 2010, des moteurs, générateurs, transformateurs et appareils électriques pour 88 millions d'euros (en baisse de 15% par rapport à la même période de 2009), des machines-outils pour 40 millions d'euros (+25%). La technologie italienne reste très prisée auprès des opérateurs algériens. Des meubles et accessoires pour l'ameublement pour 18,7 millions d'euros (+41%). Les quelque 180 compagnies italiennes, opérant dans divers secteurs comme les hydrocarbures, l'industrie manufacturière, le BTP et l'hydraulique, sont actuellement présentes en Algérie. Mais le volume des investissements italiens en Algérie reste toutefois modeste.