«À l'instar de la majorité des pays de la planète, le marché immobilier algérien a été frappé de plein fouet par la crise économique mondiale au cours des deux dernières années» estime Oxford Business Group (OBG) dans son dernier briefing consacré à l'Algérie. En effet, relève OBG, de nombreux projets de développement ont été mis en suspens et certains investisseurs clés ont préféré se retirer complètement. « Toutefois, ces revers temporaires ne rendent pas compte de toute la situation, qui demeure positive à bien des égards ». Souligne le document, indiquant que plusieurs projets immobiliers de grande envergure viennent d'être bouclés ou sont en cours. Et le secteur, porté par des plans ambitieux en matière de logement social et des mesures prises par le gouvernement visant à améliorer la réglementation de l'industrie, continue de présenter un fort potentiel de croissance. « Malgré la crise économique, le marché de l'immobilier algérien a dernièrement connu d'importants projets de développement » affirme OBG. Par exemple, l'un de plus importants projets est l'ouverture en août 2010 du centre commercial, de loisirs et d'affaires «Bab Ezzouar », d'une valeur de 70 millions d'euros, dans la banlieue du même nom située à l'est d'Alger. Il s'agit du premier projet de ce type construit en Algérie et ce complexe devrait servir de modèle à de futurs projets. Le projet, dirigé par le Suisse Valartis, s'étend sur 45.000 mètres carrés et se compose, non seulement d'une surface de bureaux mais également d'un cinéma, d'un hypermarché et de deux hôtels du groupe français Accor. Les travaux de construction d'autres projets phares ont connu un ralentissement, sans être rendus nécessairement au point mort. Selon le groupe holding Arcofina et sa filiale Dahli, les promoteurs de l'important centre de tourisme, de loisirs et d'affaires « AlgerMedina » d'une valeur de 2.5 milliards d'euros en cours de construction dans la capitale, la conjoncture économique a certes entraîné des retards, mais les travaux se poursuivront. Bien que la vente d'obligations organisée en 2009 n'ait pas permis au groupe de collecter l'ensemble du montant du capital qu'il souhaitait, afin de financer le projet, il a indiqué qu'il utiliserait les fonds recueillis, ses propres fonds et les revenus générés par des éléments du projet qui sont déjà terminés afin de boucler le projet. Le projet devrait ainsi voir le jour plus tard qu'initialement prévu. Accor n'est pas le seul investisseur étranger à anticiper un potentiel dans le secteur du tourisme algérien. En effet, le premier hôtel Marriott du pays devrait ouvrir ses portes à Tlemcen en mars prochain. Le groupe prévoit de construire deux autres établissements à Alger en 2012. Ces projets sont portés en partie par le gouvernement qui s'est fixé comme objectif de promouvoir la croissance à long terme du secteur du tourisme. Il espère, en effet, attirer 25 millions de visiteurs d'ici 2015. Le logement social poursuivra également son expansion. En effet, le programme du gouvernement visant à construire un million de logements entre 2010 et 2014 est en cours et retient l'attention des investisseurs étrangers. Par exemple, le gouvernement turc souhaiterait que la construction de la moitié de ces logements soit confiée à des entreprises de son pays. La pénurie de logements a déclenché des manifestations et des émeutes dans certaines régions du pays, ce qui a vivement incité le gouvernement à construire de nouveaux logements. Le programme lancé par l'Etat a également ouvert des portes à d'autres secteurs, comme celui de la banque. En effet, la filiale algérienne de la Société générale, un établissement français, qui a octroyé des prêts aux futurs propriétaires immobiliers algériens depuis 2005, a récemment commencé à proposer des prêts pour les logements subventionnés par l'Etat. A la fin 2010, l'établissement s'est engagé à allouer 19.6 millions d'euros de crédit aux futurs propriétaires, et prévoit d'octroyer d'autres prêts dans l'avenir. « Malgré tous ces points positifs, le secteur connaît indéniablement des problèmes » note OBG, précisant que les terrains font défaut, ce qui entraîne une hausse des prix de l'immobilier, et les démarches visant l'obtention de permis de construire ou l'enregistrement de propriété sont lentes. En outre, les délais et les dépassements de coût peuvent soulever des problèmes, tels que des titres fonciers conflictuels et l'apparition de certains promoteurs peu scrupuleux. « Toutefois, le gouvernement s'est employé à résoudre bon nombre de ces problèmes » reconnaît OBG. En décembre 2010, rappelle le cabinet, il a été présenté un nouveau projet de loi sur la promotion immobilière. Cette loi visera à élaborer un registre où seront inscrits les promoteurs agréés dans le but d'exclure du marché les promoteurs non qualifiés. En outre, les promoteurs seront contraints de payer des amendes s'ils terminent un chantier en retard ou s'ils acceptent des paiements ou des dépôts de la part de futurs acquéreurs avant la signature d'un contrat notarié en bonne et due forme. La loi veillera à ce que l'ensemble des ventes sur plan soit enregistré dans le Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière, afin de garantir les apports des futurs acquéreurs. Alors que l'Association générale des entrepreneurs algériens a demandé que la loi soit amendée, afin que les entrepreneurs ne soient pas tenus responsables de problèmes ou retards qui échappent à leur contrôle. Cette loi devrait permettre au secteur de l'immobilier de regagner la confiance des consommateurs algériens et profiter à l'ensemble de l'industrie. De plus, le gouvernement veille à pallier la pénurie de terrains. Au début du mois de janvier, le ministre de l'Industrie, de la petite et moyenne entreprise et de la promotion de l'investissement, M. Mohammed Benmeradi a déclaré que 30% seulement du foncier industriel était utilisé réellement pour l'investissement et que le ministère projetait de remettre sur le marché entre 9.000 et 10.000 hectares de terrains détournés de leur vocation. Il a ajouté, par ailleurs, que de nouveaux terrains appartenant à l'Etat seront dégagés sur le tracé de l'autoroute Est-Ouest.