Programme national des énergies nouvelles et renouvelables (ENR) : Le programme national des énergies nouvelles et renouvelables (ENR), approuvé il y a trois jours par un Conseil des ministres, est «réaliste et réalisable», ont souligné dimanche des spécialistes, estimant que ce programme ambitieux mérite tout l'intérêt qui lui a été réservé par les pouvoirs publics. «C'est un programme très ambitieux, avec des perspectives lointaines mais réalisables, en allant progressivement et en prévoyant un important financement pour sa phase de démarrage», estime dans ce sens, le directeur du Centre national du développement des énergies renouvelables (CDER), Mayouf Belhamel, qui s'exprimait au forum d'El Moudjahid. «Les prévisions contenues dans ce programme sont réalistes et réalisables au vu de la technologie conçue pour sa réalisation et qui est à la portée de l'Algérie», indique M. Belhamel pour qui l'objectif de produire 22.000 MW d'électricité issue des ENR à l'horizon 2030 pourrait être atteint «à condition d'impliquer tous les acteurs du domaine car il s'agit d'un programme national». A cet effet, le directeur du CDER a préconisé d'accompagner ce programme par un dispositif technique incluant, entre autres, la signature de conventions avec la communauté scientifique nationale en vue de développer le volet recherche et développement. De son côté, le consultant dans les ENR et ancien cadre au ministère de l'Energie et des Mines, M. Khaled Boukhelifa, a estimé que les actions envisagées dans le cadre de ce nouveau programme «traduisent une nouvelle approche» des pouvoirs publics basée sur le développement d'énergies alternatives parallèlement à la maîtrise et l'économie des énergies conventionnelles dans le souci de préserver ces sources pour le générations futures et de réduire les émissions du CO⊃2;. Sur ce point, M. Boukhelifa a, notamment, cité la valorisation de 0,5 à 1% du prélèvement opéré sur les recettes de la fiscalité pétrolière pour alimenter le fonds des ENR et la création d'un Commissariat des énergies nouvelles. Pour ce consultant, la mise en place d'un tel organisme permettra «d'assurer la coordination nécessaire pour la prise en charge de l'exécution du programme avec la contribution de toutes les parties concernées Evoquant le volet partenariat, le même intervenant a insisté pour que toute opération dans ce cadre réponde aux conditions posées par l'Algérie en la matière, à savoir, le transfert de technologie et de savoir-faire, l'intégration nationale avec un taux appréciable, en assurant un débouché commercial à l'électricité produite par les ENR et, surtout, la possibilité de d'exporter l'électricité produite vers des pays tiers. Côté financement, M. Boukhelifa a estimé entre 90 et 120 milliards de dollars les investissements nécessaires pour la mise en oeuvre de ce programme à l'horizon 2030. Cela devrait inclure les financements consentis par les pouvoirs publics en plus de ceux à réaliser dans le cadre de partenariats avec des opérateurs étrangers publics ou privés, a-t-il précisé. Il a ajouté que la mobilisation des investissements ne devrait pas poser de problèmes pour les pouvoirs publics qui ont déjà alloué près d'un milliard de dollars (64 milliards DA) pour les trois prochaines années. Le programme national des ENR prévoit un financement de 14 milliards de dinars pour les trois prochaines années dont 2 milliards de DA pour la réalisation des études et 12 milliards nécessaires à la subvention de l'électricité, qui sera produite par les réalisations expérimentales d'ENR. Le gouvernement est aussi chargé de faciliter la mobilisation de plus de 50 milliards de DA de crédits bancaires à des conditions avantageuses, pour permettre la réalisation des unités expérimentales durant la même période. Pour sa part, le spécialiste en climat et directeur de l'Agence nationale de changements climatiques, M. Mustapha Kamel Kara, a suggéré le développement de projets pilotes par modèle et limités en matière de capacités et de financements en vue de bien mesurer leurs impacts sur les populations et l'environnement. Dans la même optique, M. Kara estime préférable pour l'Algérie de s'orienter davantage vers l'énergie solaire compte tenu de son important potentiel par rapport aux autres sources comme l'éolien et l'hydraulique.