Le programme national de promotion des énergies renouvelables vient d'être présenté au gouvernement avec pour objectif de réaliser des investissements à hauteur de 30 milliards de dollars à moyen terme. Néanmoins, experts et spécialistes réunis hier au cours d'une table ronde organisée par le quotidien national El Moudjahid estiment que les investissements nécessaires pour la mise en place du programme des énergies nouvelles et renouvelables (ENR) sont estimés entre 90 et 120 milliards de dollars à l'horizon 2030. Dans ce contexte, le consultant dans les ENR et ancien cadre au ministère de l'Energie et des Mines, Khaled Boukhelifa a indiqué que cet investissement devrait inclure les financements consentis par les pouvoirs publics en plus de ceux à réaliser dans le cadre de partenariats avec des opérateurs étrangers publics ou privés. De son côté, le directeur du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Mayouf Belhamel, a affirmé que le dispositif financier à mettre en place pour accompagner l'exécution du programme des ENR devrait permettre de "produire de l'électricité à bon marché au profit des régions enclavées dans l'extrême sud du pays" et qui ne sont pas interconnectées au réseau national de distribution d'électricité. Selon une présentation du ministre de l'Energie lors du Conseil des ministres tenu jeudi dernier, le développement de la production d'électricité par le biais des énergies renouvelables sera conduit en trois étapes successives. Ainsi, les années 2011 à 2013 seront consacrées à la consolidation des données, à travers des études et des projets pilotes destinés à tester les différentes technologies à mettre en œuvre. Les années 2014 et 2015 connaîtront, quant à elles, le lancement substantiel des investissements requis qui seront accrus afin d'atteindre, à l'horizon 2030, la production de 22.000 MW d'électricité par la voie d'énergies nouvelles et renouvelables, soit plus du double des capacités actuelles par le recours au gaz naturel. ''Le développement de l'efficacité énergétique nécessitant d'importants investissements permettra d'économiser près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur 25 années'', souligne le Conseil. ''La moitié de ce volume sera ainsi conservée pour les prochaines décennies'', relève encore le Conseil des ministres dans son communiqué, précisant que '' l'autre moitié exportée générera pour le pays des recettes minimales supplémentaires estimées à 200 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années''. En outre, la politique énergétique nouvelle sera accompagnée du développement d'une industrie de sous-traitance locale dans les énergies nouvelles, à même de générer durant la décennie un minimum de 100.000 emplois à haute valeur ajoutée. Le président de la République a aussi ordonné au gouvernement de mobiliser, sur la période triennale, un montant de 2 milliards DA pour la réalisation des études ainsi qu'une enveloppe de 12 milliards DA nécessaire à la subvention de l'électricité qui sera produite par les réalisations expérimentales d'énergies nouvelles et renouvelables. En outre, le gouvernement est chargé de faciliter la mobilisation de plus de 50 milliards DA de crédits bancaires à des conditions avantageuses, pour permettre la réalisation des unités expérimentales durant les trois années. Le chef de l'Etat a, par ailleurs, donné son accord pour la création d'un Commissariat des énergies nouvelles en ordonnant que des dispositions soient prises pour assurer la fédération des compétences et des connaissances nationales disponibles dans les centres de recherche scientifique en rapport avec ce dossier. Le Conseil des ministres a également décidé d'introduire dans le prochain projet de loi de finances l'allocation de 1% de la fiscalité tirée des hydrocarbures au développement de ces énergies et à la promotion d'une utilisation plus efficace des énergies d'origine conventionnelle.