Le ministère des travaux publics a alloué plus de 100 milliards de dollars, dans le cadre du plan quinquennal 2010/14, pour financer une soixantaine de projets de réalisation et d'aménagement de plusieurs infrastructures portuaires. Le ministère des travaux publics a alloué plus de 100 milliards de dollars, dans le cadre du plan quinquennal 2010/14, pour financer une soixantaine de projets de réalisation et d'aménagement de plusieurs infrastructures portuaires. Avec la réalisation d'un port en eaux profondes à Cap Djenet, près d'Alger, baptisé «Cap 2015», les infrastructures portuaires algériennes pourront-elles concurrencer le port de Tanger Med II ? Dans le contexte régional, la bagatelle de 100 milliards de dinars reste aux antipodes des espérances des responsables algériens qui craignent de voir les entreprises portuaires devenir des «ports de plaisance» (l'expression est de l'ancien DG du de l'EPOran M. Ouhibi), devant le gigantisme du port Med II de Tanger. En revanche, l'Algérie veut bel et bien mettre en activité des ports en eaux profondes afin de concurrencer le port marocain qui se veut hégémonique, le projet cher au roi Mohammed VI. D'après le P-DG du groupe Cevital, Issaad Rebrab, le protagoniste numéro 1 dans «Cap 2015», ce mégaprojet de 30 milliards de dollars est le plus important Hub portuaire de la Méditerranée et sera parmi les dix premiers ports au monde. Aussi, ce port qui est encore à l'état du projet sera un port de référence pour le trafic international car il sera à la croisée des chemins entre l'Europe, l'Afrique, l'Asie et les Amériques, avait-il déclaré. En effet, ce grand port s'étend sur 20 kilomètres linéaires de quais, six fois plus que Tanger Med, adossé à 5.000 hectares de zones d'activité. Pour le moment, les Marocains ne s'alarment pas de l'arrivée de ce nouveau port et ni de la mise à niveau des autres ports algériens, mais ils expriment néanmoins une certaine crainte. Selon le président du directoire du projet de Tanger Med, «il ne faut pas s'alarmer car le marché du transbordement continuera encore de croître», et «il y aura de la place pour tout le monde». Le même responsable marocain dira aussi que «la deuxième raison est que Tanger Med a l'avantage, assure-t-il, de l'emplacement, juste à l'entrée du détroit, donc plus accessible pour les navires». Aperçu sur les travaux de mise à niveau des ports Le ministère des Travaux Publics va mobiliser près de 100 milliards (mds) de DA pour financer une soixantaine de projets de réalisation et d'aménagement d'infrastructures maritimes sur la période 2010-2014, a indiqué hier Abdelkader Kheta, directeur des infrastructures maritimes au ministère. Le programme de développement prévoit, dans l'ensemble, la réalisation et l'extension de ports et d'abris de pêche, ainsi que le confortement et le rempiétement de plusieurs ports, a-t-il précisé, qui s'attend à la création de quelque 18.000 emplois dont près de 3.000 directs grâce à ces projets. Le même responsable a relevé, par ailleurs, que la réalisation de ces projets avait été accordée en priorité aux entreprises nationales, notamment l'Entreprise nationale des travaux maritimes (Meditram) et la Société nationale des travaux maritimes de l'Est (Sotramest). Le contrôle et le suivi de ces travaux seront aussi assurés par le Laboratoire national des études maritimes (LEM). Outre la réalisation de 4 ports de pêche et de plaisance à Sidna Youcha (Tlemcen), Béni K'sila (Bejaia), Oued Z'hor (Skikda) et Madagh (Aïn Témouchent), ce programme comprend le dragage de certains ports et la protection contre l'ensablement des bassins portuaires et de rivages, a-t-il détaillé. A cela s'ajoute l'extension des ports de pêche de Rais Hamidou (Alger), de Cherchell (Tipasa), de Honaïne (Tlemcen), de l'ancien et du nouveau port d'El Kala, qui sera opérationnel durant le premier semestre 2011, précise encore ce responsable. Les opérations de réhabilitation concerneront aussi le confortement de jetées (principales et secondaires) du terminal à conteneurs du port d'Oran et des ports de commerce de Ténès, de Skikda, de Annaba, de Chtaïbi (Annaba) et d'Arzew (Oran). Il est prévu également le confortement de jetées et le rempiétement des quais des ports de Mostaganem et de Bejaia. En outre, des opérations de protection de rivages seront menées au front de mer du port de Bejaia, à Tichy et Aokas (Bejaia), à la zone littorale d'Azzefoun (Tizi-Ouzou), au site du Lido (Bordj El Kiffan-Alger), à la ville de Larbi Ben M'hidi (Skikda), au port de Sidi Medjdoub à Mostaganem, à la zone d'El Kala et Berrihane (El Tarf) et au front de mer de Bousmaïl (Tipasa). Au titre de ce programme quinquennal, des opérations de dragage seront effectuées au niveau du port pétrolier de Skikda, aux ports de commerce de Annaba et de Ténès (Chlef). Des opérations similaires sont également prévues dans les ports de pêche de Béni Haoua (Chlef), de Bouzedjar et de Béni Saf (Aïn Témouchent), de Sidi Lakhdar (Mostaganem) et de Cap Djenet (Boumerdès). Les ports de pêche de Sidi Lakhdar, de Cap Djenet et de Tighzirt (Tizi-Ouzou) bénéficieront également d'opérations de protection contre l'ensablement. Le ministre des Travaux Publics, Amar Ghoul, avait souligné à plusieurs reprises que l'Etat accorderait la priorité aux entreprises publiques dans la réalisation des projets inscrits au titre du programme quinquennal 2010-2014. Il avait exhorté récemment les entreprises du secteur et les bureaux d'études spécialisés à faire appel aux compétences nationales pour la réalisation des projets et à se doter d'équipements modernes pour mener à bien leurs missions. Résumant les retombées positives de ce programme, le directeur des Infrastructures maritimes a expliqué qu'»il permettra essentiellement la préservation du patrimoine existant, l'extension des capacités d'accueil des ports et l'augmentation de la production halieutique». Près d'une cinquantaine de projets, dans le domaine des infrastructures maritimes, ont été livrés au cours du programme quinquennal 2005-2009, pour un montant avoisinant les 85 milliards de dinars, a-t-il rappelé. L'Algérie dispose d'un littoral long de plus de 1.280 km et compte 45 ports en service dont 11 ports de commerce mixtes (commerce, pêche et hydrocarbures), 2 spécialisés en hydrocarbures à Skikda Est et Bethioua (Oran), 31 ports et abris de pêche et un seul port de plaisance à Sidi Fredj. Les atouts industriels de «Cap 2015» Le projet «Cap 2015» s'adosse à une vraie zone industrielle mitoyenne. En effet, ce projet comprend également un complexe de pétrochimie, un complexe de production d'aluminium (1,5 million de tonnes par an) et un complexe sidérurgique intégré (10 millions de tonnes par an) fabriquant tous types d'aciers, y compris des aciers spéciaux. Il y aura aussi des usines de construction navale, automobile (350.000 unités par an), de fabrication de containers, de production d'électricité (centrales de 3.200 MWA), des unités de dessalement de l'eau de mer avec en prime plus d'un millier de PME/PMI de transformation, de sous-traitance et de services. Rio Tinto Alcan, leader mondial de l'aluminium, serait le partenaire pour l'aluminerie. Avec un investissement de 30 milliards de dollars, le projet aura à créer plus d'un million d'emplois et portera les exportations hors hydrocarbures de l'Algérie à 15 milliards de dollars à l'horizon 2015. L'installation d'une telle infrastructure implique d'importants travaux sur le littoral, note-t-on. L'achèvement de l'autoroute Est-ouest est également un facteur de taille pour l'expansion des ports algériens, notent des experts. Il faut savoir, in fine, que le port espagnol d'Algesiras, qui est considéré comme le principal concurrent du complexe portuaire TangerMed, est en train de perdre d'importantes parts de marché. Si l'on en croit les récentes statistiques publiées par les médias espagnols, le port a connu une chute de près de 9% en matière de trafic de conteneurs avec 3,3 millions seulement au 31 août 2010. Malgré cette contre-performance, il caracole en tête des ports du Détroit en matière de trafic. Les raisons de cette perte sont dues à la mise en service du port de TangerMed.