Des experts ont appelé à la mise en place d'une institution nationale, réunissant les meilleures compétences, chargée de la planification à long terme pour concevoir une stratégie de développement économique globale. S'exprimant lors du forum d'El Moudjahid, consacré à «l'apport des acteurs économiques dans le processus des réformes», M. Abdelhak Lamiri, a plaidé pour la conception d'une «politique économique d'ensemble» et une réorganisation des institutions de l'Etat. Cet économiste a mis en exergue la nécessité de se doter d'une institution capable de coordonner et de faire la synthèse des différents plans sectoriels, relevant qu'en Algérie les centres de décisions sont dispersés. Pour M. Lamiri, le facteur de réussite de toute politique économique est «la gestion de l'intelligence humaine», faisant remarquer, à ce titre, que les pays qui ont réussi leur transition économique sont ceux qui se sont dotés d'un «super cerveau» pour élaborer une stratégie économique globale tels que la Chine, l'Inde et la Corée. Il a estimé, en outre, que l'Algérie accuse «un retard considérable» en matière de création de PME. «L'économie algérienne doit avoir au moins 1,5 million d'entreprises (PME), mais elle ne compte, actuellement, que 450.000", a-t-il avancé. Selon ce spécialiste, les pouvoirs publics doivent mettre en place une nouvelle organisation, créer des pépinières d'entreprises et encourager les institutions financières à accompagner les PME. M. Lamiri a plaidé également pour l'importance d'encourager le développement du secteur privé et pour la cessation de la disparité entre entreprise publique et entreprise privée. Il a préconisé, en outre, l'unification des organisations patronales pour en faire une seule force de proposition et pour un rôle plus actif pour les organisations syndicales. Pour l'économiste et universitaire, M. Farid Yaïci, le problème de l'économie algérienne se situe au niveau de l'absence d'une institution qui coordonne les différents programmes sectoriels de développement et au niveau de la création d'entreprises. «Nous devons faire de cette question une priorité nationale. Manque de coordination Il faut aller vers des plans de développement et de prospective sur le long terme, qui serviront de feuille de route. Il faut aussi que le développement de l'entreprise, considérée comme un moteur de croissance, soit au cœur de toute stratégie de développement économique», a-t-il indiqué. M. Yaïci a estimé, par ailleurs, que la règle 49/51 relative à l'investissement étranger en Algérie, est de nature à «empêcher la réalisation d'investissements qui pourraient être importants pour l'économie algérienne». L'expert Abdelmalek Seraï, a suggéré lui aussi l'élaboration d'une stratégie globale de développement de l'économie algérienne sur le long terme pour une «meilleure visibilité». Pour lui, cette démarche, devrait impliquer les bureaux d'études et de réflexion, les institutions de références économiques et les institutions de souveraineté telles que la Banque centrale et l'administration fiscale. Abondant dans le même sens, le consultant en management, M. Réda Amrani, a affirmé que la priorité pour l'économie nationale est de «mettre en oeuvre les plans de développement économique», insistant sur la «coordination sectorielle» pour arriver à une stratégie globale sur le long terme. Ce spécialiste a préconisé, en outre, la création d' «un marché de la compétence» pour une meilleure qualification de la ressource humaine algérienne.