Des économistes et experts en planification ont estimé hier que l'évaluation objective des politiques publiques est devenue «une nécessité pour arriver à une meilleure prévision économique». «L'implication de l'Etat dans le domaine économique et social est importante en Algérie. Toutefois, cette intervention, si elle est nécessaire pour relancer l'appareil économique et consolider la cohésion sociale, pose en même temps le problème de l'évaluation de l'impact, de la pertinence, de l'efficacité et de la durabilité des projets que l'Etat finance». C'est du moins ce que déclare le directeur général des méthodes et de l'organisation des systèmes statistiques au ministère de la Prospective et des statistiques, Mohamed Benaouda. S'exprimant en marge d'un atelier technique sur «les méthodes de prévision économique et d'évaluation des politiques publiques», M. Benaouda a souligné que l'important financement que l'Etat consacre aux politiques publiques économiques et sociales rend l'évaluation de ces dernières «incontournable». Mme Nancy Benjamin, économiste principale à la Banque mondiale (BM), a expliqué, de son côté, que l'évaluation des politiques publiques doit s'appuyer sur cinq grands critères, à savoir la pertinence, l'efficacité, l'efficience, l'impact et la durabilité. Il s'agit, selon elle, de mesurer si les objectifs d'un programme correspondent aux attentes des bénéficiaires, aux besoins du pays, aux priorités globales, aux politiques des partenaires et des bailleurs de fonds, de vérifier si ces objectifs sont atteints ou en voie de l'être et de mesurer à quel degré les ressources d'un programme sont converties en résultat de façon économe. «L'évaluation devrait également apprécier les effets des politiques publiques sur le long terme et la continuation des bénéfices résultants après leur fin», a-t-elle ajouté. Dans ce contexte, Mme Benjamin distingue trois formes majeures d'évaluation dans le cycle d'un programme ou d'une politique: ‘'l'évaluation prospective, l'évaluation formative et une autre ‘'sommative''. La première apprécie les résultats potentiels et objectifs d'un programme avant son démarrage et leur probabilité d'être atteints, la seconde vise à améliorer les performances, alors que la troisième est conduite en fin de programme pour déterminer le niveau d'atteinte des réalisations escomptées. L'organisation de cet atelier intervient dans la cadre du partenariat stratégique entre le gouvernement algérien et la Banque mondiale. Selon les organisateurs, l'objectif escompté est de renforcer les capacités algériennes d'évaluation pour utiliser les méthodes de simulation et de projection afin d'éclairer les décideurs. L'atelier vise également à partager avec les autres acteurs le savoir international et les meilleures pratiques en matière de planification et de prévision économique au profit de la politique des pouvoirs publics.