Plusieurs experts ont affirmé, hier, qu'il existait un “déphasage” entre le système national d'information et de statistique économique et les mutations qu'a connues le pays. Lors du séminaire sur la prévision et la prospective organisé à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), ces experts ont relevé l'importance de l'information et de l'outil statistiques dans la prise de décision. Ils ont constaté que le système national d'informations souffre de lacunes et de manque de fiabilité en la matière, pourtant indispensable dans l'élaboration d'études de prospectives. Selon eux, “l'information économique et sociale constitue un facteur essentiel du développement et elle est, donc, nécessaire dans la conception des scénarios, projections et simulations économiques”. Dans son intervention, un représentant du ministère des Finances a considéré que l'information économique “doit s'adapter aux mutations économiques” du pays, en faisant remarquer que l'Office national des statistiques (ONS) est “confronté à un problème d'adaptation aux mutations depuis le retrait de l'Etat de la sphère économique”. Or, a-t-il souligné, “la mutation économique induite par le passage de système centralisé à une économie ouverte devrait se traduire par la reconfiguration de l'information économique” surtout face à la multiplication des opérateurs économiques. La nouvelle configuration économique, où le secteur privé est de plus en plus présent, “ne s'est pas accompagnée d'une réforme de l'information économique et sociale”, selon le représentant du ministère des Finances qui a jugé qu'il est “moins facile de récolter l'information économique” actuellement. Selon ses dires, cette nouvelle situation rend impossible la conception de simulations, prévisions ou prospectives. “On peut émettre une idée, mais sans pour autant en évaluer l'impact”. À ce propos, il a affirmé que les outils d'analyse constituent “la préoccupation majeure des décideurs” pour pouvoir mesurer l'opportunité d'une décision. Il a ainsi suggéré que le système d'information économique devrait être affiné afin de rendre fiables les prévisions pour le moyen terme. En effet, a-t-il expliqué, en l'absence de statistiques fiables, il ne peut être évalué dans sa globalité toute réforme économique laquelle nécessite “l'adaptation du système d'information pour permettre d'évaluer et de projeter des scénarios afin de savoir si nous allons dans le bon sens et quels sont les secteurs prioritaires par rapport à d'autres”. Intervenant à son tour, M. Karim Medjad, professeur à HEC Paris, a expliqué le concept du scénario qui est “un exercice de croisement des informations économiques et sociales avec des probabilités multiples”. Le scénario possède cette faculté de “baliser tout l'environnement global afin de connaître les collatéraux”, a-t-il précisé. Pour le directeur général de l'ISGP, M'hamed Raked, cette rencontre a offert l'opportunité de restituer le débat autour de la “réhabilitation” de la planification et la prospection en Algérie. Elle constitue également, a-t-il ajouté, une opportunité pour s'informer sur les méthodes et instruments utilisés de par le monde en termes de prévisions, d'analyses et d'études prospectives. R. E.