Il est plutôt impossible pour la ville d'Oran de dissimuler ses carcasses, l'un comme un phare hanté, l'autre telle une ruine frappée par un bombardement ou le troisième qui profita pendant de longues années aux SDF qui le squattèrent en toute quiétude. Au lieu d'être subjugué par la beauté et le charme de ses ouvrages, les visiteurs de notre ville sont agressés par un spectacle sans fan. Jusque là, quand la question était évoquée avec les responsables locaux, on se retrouvait devant un mur de silence. Puis fut l'intervention du premier responsable, en l'occurrence le wali lors de la session de l'APW, pour expliquer que ces supers structures, à savoir l'hôtel Châteauneuf, la mosquée Ibn Badis, ayant engloutis un argent fou sans voir le jour, ne seront plus des points noirs de la ville. Concernant l'hôtel Châteauneuf qui après avoir voté une délibération pour la reprise du projet, l'APC d'Oran devra y élire domicile pour la majorité des directions, division et services. Une enveloppe a même été dégagée, et son financement était assuré depuis 1999, avait rétorqué M. Abdelmalek Boudiaf lors de la dernière session ordinaire de l'APW. Un concours d'idées a été annoncé, pour que l'édifice soit de style arabo-mauresque en harmonie avec l'environnement et le Palais Du Bey. Ceci, bien sûr, dans l'espoir que cela soit l'épilogue. Mais en attendant, le regard du visiteur d'Oran, de passage par la place du 1er Novembre ou par le Front de mer, est attiré par l'image d'une imposante carcasse en béton qui continue d'être balayée par les vents marins. En revanche l'actuel siège de l'hôtel de ville sera transformé en musée, mais cette information attendra une délibération des sages de la ville. La mosquée Ibn Badis quant à elle, a nécessité les efforts des plus hautes autorités pour permettre la réalisation des gros œuvres et donner corps à un projet à la traîne depuis 1972. Cette mosquée qui devait voir le jour sur un terrain situé dans le prolongement du boulevard périphérique, a connu à ce jour mille et une tribulations. Depuis son lancement, le projet est resté au stade de la carcasse, et les fidèles devront encore patienter avant de pouvoir y faire leurs prières. Rappelons que ce projet avait aussi consommé plusieurs milliards de centimes en dons de bienfaiteurs et d'allocations publiques sans connaître de couronnement. Le wali annoncera à son sujet qu'après les études infructueuses, dont des étrangers, un bureau d'étude de Batna se charge désormais de ce projet pour consolider cette structure aux normes parasismique. Le projet du palais des congrès qui a été inscrit en 2001 et qu'on avait présenté comme structurant avait poussé certains à faire la moue durant le choix de l'assiette à Haï Es Sabah, une cité populeuse, qui n'était pas idéale. Dès lors cet édifice, abandonné, est devenu un abri pour les SDF. Les travaux de réalisation confiés à l'entreprise Cosider puis au groupement turc Atlas ont été livrés dans un temps record, puis ce fut le cataclysme. Le visiteur de passage par la cité Haï Es Sabah, à l'est d'Oran, est intrigué par cette imposante carcasse en béton laissée à l'abandon. Il y a quelques temps, la direction du logement et des équipements publics (DLEP), a décidé d'en faire un palais de la culture. Le projet a été relancé grâce à une enveloppe estimée à 36 milliards de centimes qui devra abriter une salle de conférences de 1.200 places, une autre de 700, une bibliothèque, des salles de réunions et plusieurs autres dépendances.