Le programme des vols d'Air Algérie restait fortement perturbé hier au troisième jour de la grève du personnel navigant commercial. Seuls 35 vols sur les 150 programmés par la compagnie pouvaient décoller ce mercredi, la presse sur les lieux rapportant que «jusqu'à hier vers 16H00, deux vols seulement avaient été effectués». Devant l'ampleur de l'anarchie causée par ce mouvement de grève «inopiné», une cellule de crise a été mise en place afin de procéder en priorité au rapatriement de ressortissants algériens établis à l'étranger, notamment en France, bloqués depuis deux jours dans les aéroports en attente d'embarquement. Les passagers en partance d'Alger souffrent tout autant sinon plus. Ils se disent en tout cas livrés à eux mêmes, sans aucune information crédible, et ont le sentiment que leurs interlocuteurs ne réalisent pas ou très peu le sérieux de leur situation, ce qui est source d'altercations fréquentes. Pendant ce temps, le Secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger, M. Halim Benatallah, a assisté, vers 10 heures ce matin, à une réunion d'urgence aux côtés du directeur général d'Air Algérie, M. Mohamed Salah Boultif, et des membres de la cellule de crise. Intervenant sur les ondes de la radio nationale, en compagnie du directeur général d'Air Algérie, M. Benatallah a assuré que des moyens seront mobilisés pour permettre à l'ensemble des Algériens d'être transportés dans les meilleurs délais. Il a déclaré que le dispositif mis en place permettrait de répondre à cette situation de crise qu'il a regrettée tout en la qualifiant d'»aussi soudaine qu'étrange». Intervenant à son tour sur la même Radio, le PDG de la compagnie a confirmé le licenciement des meneurs du mouvement, tout en appelant le reste des grévistes à reprendre le travail et à l'instauration d'un «dialogue constructif». M. Boultif a affirmé qu'en dépit des difficultés, la compagnie aérienne nationale faisait tout pour exploiter le maximum de vols selon les disponibilités du personnel navigant. Ainsi, 19 vols sont prévus sur la France pour une capacité totale de 4.370 passagers, 14 vols sur le restant du réseau international (3.980 passagers), 34 vols sur le réseau domestique (4.180 passagers, et sur l'Afrique avec des avions de Tassili Airlines, pour 450 passagers. Par ailleurs et selon un représentant du collectif des grévistes approché par l'APS, les protestataires ne réclament pas, à proprement parler, une augmentation salariale mais «une reconnaissance par la direction générale de leur statut avec les avantages y afférents», y compris donc au plan de la rémunération. Le statut actuel relatif au «personnel navigant» est, selon ce représentant du collectif, loin de refléter la réalité dans laquelle ils exercent. Outre le fait qu'ils soient considérés comme personnel au sol par la direction d'Air Algérie (contrairement au personnel navigant technique comme les pilotes), leur rétribution s'appuie de facto sur ce point précis, négligeant par la même les avantages que toutes les compagnies aériennes de par le monde offrent à leur personnel navigant (prime de risque, indemnités...), explique ce gréviste.