Yasmine Idjer Il ne se passe pas une semaine sans que l'actualité économique ne soit chamboulée en Algérie. Que ce soit en matière d'investissements étrangers, de commerce extérieur ou de financement des entreprises et la gestion des capitaux marchands de l'Etat, les changements ne sont pas perceptibles et les retombées ne seront manifestes qu'à moyen et long termes. L'expression diversification de l'économie nationale revient tel un leitmotiv. L'exercice 2008 qui a révélé encore une fois la vulnérabilité de l'Algérie a été l'année de l'éveil et de prise de conscience du danger qui guette le pays si les pouvoirs publics n'agissaient pas de manière prompte et efficace. Les importations ont atteint un montant astronomique de 40 milliards de dollars dont une facture alimentaire de 8 milliards de dollars. Les transferts en devises des entreprises étrangères notamment celles des services a dépassé les 6 milliards de dollars. L'excédent commercial était certes important mais la volatilité des prix du pétrole a démontré que cette opulence n'est que conjoncturelle. D'ailleurs, en 2009, la disparité entre les importations et les exportations tend à disparaître et les économistes craignent que l'Algérie ne termine l'année sur un déficit. C'est donc pour éviter le pire que le gouvernement a mis en place une batterie de mesures pour freiner et mieux contrôler les importations et, par ricochet, les dépenses de l'Algérie. Dans cette optique, on avait décidé que désormais l'Etat détiendrait 51% dans les investissements étrangers directs où il offre des avantages comparatifs. Des retenues de 15% sur les dividendes seront effectuées sur les nombreuses entreprises étrangères qui ont des marchés en Algérie. Les entreprises étrangères d'importation doivent impérativement s'associer avec un partenaire algérien qui ouvre droit à au moins 30% du capital de l'entreprise. Les entreprises étrangères doivent en outre prouver que le projet n'aura pas de solde négatif dans la balance en devises. Ces mesures ont soulevé un tollé auprès des chancelleries et des opérateurs économiques étrangers qui y voient une entrave à l'exercice de leurs activités mais l'Etat algérien n'a rien voulu entendre et a persisté dans sa nouvelle politique déjà en vigueur. ********* Réformes bancaires ********* Les entreprises publiques, qui étaient sacrifiées sur l'autel de l'économie de marché à laquelle elles étaient appelées à s'adapter ou disparaître, sont aujourd'hui considérées comme étant le fer de lance d'une économie en constante transition. Les banques publiques qui détiennent près de 90% du marché algériennes changent leurs fusils d'épaule en s'ouvrant aux entreprises privées qu'elles ont longtemps boudées. Elles ont trouvées la parade à travers des filiales de leasing, de capital investissements et de factoring qui permettent de mieux gérer le risque qui sera du reste partagé avec d'autres partenaires. Il s'agit là d'un bond qualitatif sur la place bancaire algérienne qui mérite d'être souligné même s'il n'en est encore qu'à ses premiers balbutiements. Il jette cependant les premiers jalons d'un secteur bancaire moderne qui était jusque là complètement déconnecté de la sphère des affaires se contenant de financer le commerce extérieur et de cumuler les surliquidités qui alimentent l'inflation. ********* La PME recentrée **** La place prépondérante de la petite et moyenne entreprise (PME) longtemps laissée pour compte et considérée aujourd'hui comme étant le levier de l'emploi et de la création de richesse est un autre signe de mutation de l'économie nationale. La loi de Finance complémentaire 2009, adopté par le Conseil des ministres, il y a quelques jours, prévoit un plan d'action destiné à soutenir les PME. Le programme porte, entre autres, sur l'augmentation du niveau garanti des crédits aux petites et moyennes entreprises dont le plafond passera à 250 millions de dinars. La caisse de garantie des crédits aux PME prendra en charge des projets d'un montant entre 51 et 250 millions de dinars, tandis que le Fonds de garantie (FGAR) sera consacré aux projets d'un montant allant de 1 à 50 millions de dinars. Reste à savoir si ce réveil tardif permettra enfin à l'économie nationale de prendre son envol pour confirmer le statut de pays émergent que la Banque Mondiale a attribué pour la première fois à l'Algérie à l'instar de l'Afrique du Sud, du Nigeria et de l'Egypte.