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Amazigh Kateb : «Je nous souhaite d'échapper à la stupidité de cette époque… »
Publié dans Le Financier le 27 - 07 - 2009


Entretien réalisé par Fayçal Anseur
Le Financier : Vous avez vécu comme un déracinement votre départ de l'Algérie en 1988. Vingt ans après, l'on remarque que la première préoccupation de la majorité des jeunes algériens aujourd'hui est de quitter le pays et souvent au péril de leur vie. Comment ressentez-vous se basculement ?
Amazigh Kateb : Je suis parti contre mon gré. Je commençais à dévier des études. Ce départ était une punition pour avoir déserté le lycée pendant l'absence de mon père, venu alors, s'installer en France pour s'isoler à la campagne et écrire. J'avais 16 ans en 1988, et je ne voulais suivre personne, même pas au paradis. Je voulais choisir mon enfer.
Les jeunes d'aujourd'hui eux aussi, à leur manière, préfèrent choisir leur enfer (en mer) ou dans la misère de l'exil plutôt que de subir le paradis local de notre beau pays. Cette course à la ‘patera' au risque d'y laisser leur vie est le résultat de l'enfermement de notre jeunesse.
Si on levait tous les visas, les gens voyageraient sereinement, certains s'installeraient peut être ailleurs, mais la grande majorité reviendrait au pays sachant que le voyage et le dépaysement sont possibles. Le voyage est la meilleure façon de se connaître et de connaître son pays. Ibn khaldoun lui même a dû marcher des jours et des jours à travers les contrées d'Afrique du nord et d'orient pour établir l'étude sociologique la plus complète qui existe à ce sujet, el moqaddima, et ce jusqu'à nos jours. C'est vous dire à quel point le voyage ouvre l'esprit et aiguise l'objectivité.
Vous rentrez tout juste de l'Algérie où vous avez participé au Festival Panafricain. Quelle est votre impression sur l'Algérie de 2009. Avez-vous discuté avec les jeunes?
Je n'ai pas vraiment eu le temps de discuter avec les jeunes, pas assez à mon goût. C'est pour moi très frustrant de débarquer à Alger pour trois concerts et repartir. Je sais que cette jeunesse a besoin qu'on l'écoute et qu'on lui parle son langage. L'Algérie dans son ensemble et toutes tendances confondues cherche son interlocuteur. Un jeune m'a dit qu'il n'avait pas de montre par ce que ce n'était pas le moment. Cela résume bien l'intemporalité du tempérament bahdjawi.
Vous refusez le qualificatif de «chanteur engagé». Or, les textes de vos chansons sont souvent porteurs de revendications et de provocations. Pensez-vous que c'est cela qui explique votre succès auprès des jeunes algériens. Par ailleurs, comment définiriez-vous votre musique?
Ce que je refuse ce sont les étiquettes, pas l'engagement ou la revendication. Par ailleurs, je respecte trop le véritable engagement au sens maquisard pour me dire engagé. Je soutiens sans détour certaines causes qui me sont chères et je suis toujours à l'opposé de tous les pouvoirs: religieux, politiques et économiques, qui d'ailleurs se connaissent bien et s'apprécient.
Vous vous êtes séparé de votre ancien groupe Gnawa Diffusion pour vous lancer en solo. Vous préparez actuellement un premier album intimiste, que vous présentez comme un hommage à votre père, Yacine Kateb. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je commencerai par rectifier: cet album est le premier album dans lequel j'aborde l'écriture de mon père, mais ce n'est pas un disque hommage. Un tel disque devrait contenir exclusivement des textes de Yacine, or ce n'est pas le cas. Ce disque contient deux textes de mon père (africain, et bonjour). C'est un ensemble de choses vécues, aimées, subies. C'est un retour à ma liberté et à mon histoire personnelle, à une autre forme d'équilibre entre le texte et le son, mais c'est aussi très proche de ce que j'ai pu faire auparavant. Cela reste la même route avec d'autres compagnons, et pas des moindres, Dj Boulaone, Mehdi Ziouche, Mohamed Abdennour, Amar chaoui, Samuel flament alias Kweezy Doctor, et bien d'autres qui ont apporté de l'oxygène et de l'eau au moulin des sons et des mots.
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Notre aventure est rouge
Comme les lèvres d'une femme en noir
Notre aventure est noire
Comme le sang séché d'une blessure.
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Vous avez travaillé sur un grand projet artistique en France autour de l'une des pièces de théâtre de votre père, Mohamed prend ta valise. Pourquoi le projet n'a-t-il pas abouti ?
J'ai travaillé sur "Mohamed prend ta valise" en 2006 à Roubaix à coté de Lille. C'était une commande de la mairie au départ. Le projet a été présenté en réunions plénières en présence de certains élus qui sont repartis avec le texte de la pièce sous la main. Les fonds ont été débloqués pour le projet. Nous avons travaillé d'arrache-pied avec toute l'équipe (20 personnes) pendant deux mois. Le spectacle était prêt, nous allions convoquer la presse pour la générale, lorsqu'on nous fit savoir que la mairie subissant des pressions de la part d'associations diverses d'anciens d'Algérie, de harkis et autres nébuleuses obscures, préférait ne pas convoquer la presse.
Nous étions en période pré-électorale, la mairie voulait offrir un festival à ses habitants sans prendre le risque de remuer le passé. Par la suite les choses se sont corsées, on nous a signifié que nous devions partir, nos salaires ont été bloqués puis débloqués. Les dates de représentations ont été annulées. Depuis, chacun est reparti dans ses projets. Heureusement, nous avons pu filmer «la générale sans journalistes», nous avons une trace du travail accompli. Peut-être qu'un jour l'occasion se représentera.
La France d'aujourd'hui n'est pas prête à entendre un discours clairement anticolonialiste. C'est aujourd'hui l'ère de la vassalisation des élites. Le pouvoir a plus que jamais un aspect monarchique. Aujourd'hui la France veut choisir son immigration et récupérer les cerveaux, c'est une sorte de nouvelle méthode coloniale à laquelle il va falloir résister.
Les artistes font le dos rond, les intellectuels tournent leurs vestes, il y a de la manipulation à travers la sémantique, qui s'opère de manière insidieuse et implacable. Par exemple, si vous dites que vous n'aimez pas le couscous, vous êtes raciste envers les arabes, si vous n'aimez pas les nems, vous l'êtes également mais à l'égard des chinois, si vous n'aimez pas la percussion c'est que vous n'aimez pas les noirs, si vous critiquez Israël, vous êtes antisémite…si vous ne dites rien vous aimez tout le monde. C'est le terrorisme intellectuel à tous les étages …et l'ascenseur marche bien!
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Ici aussi, la censure existe sous différentes formes et ne dit que très rarement son nom.
Ici aussi, le pouvoir n'est pas objectif, son objectif est le pouvoir.
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Un mot pour conclure ?
Je nous souhaite d'échapper à la stupidité de cette époque et que la route continue sur un chemin qui nous ressemble. Un album est en préparation pour le 17 octobre 2009, et une tournée (les infos seront sur www.amazighk.com)
Une spéciale dédicace à tous les gens qui étaient présents lors des trois concerts de Tizi Ouzou, Tipaza et Alger.
Un dédicace spéciale aux gens qui se sont déplacés de très loin. Ces concerts sont gravés dans ma mémoire, ce sont les premières prestations en Algérie sous mon nom de naissance, c'est une sorte de renaissance.


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